Manque de place dans une revue, manque de temps pour écrire une chronique, le pigiste musical a souvent des contraintes que le monde extérieur ignore.
Un monde qui se fout d’ailleurs des dites contraintes. A raison. Mais revenons à notre oubliée du jour : Maud Lübeck. Elle fut ma victime de l’été. En août dernier, je recevais en effet très très en avance (un des rares privilège de ce métier qui n’en est pas un) son nouvel album « Toi non plus », objet de cette bafouille du jour. Sur la plage, en voiture, dans mon casque. Les instants barbecue mis à part, je crois pouvoir dire que cet album m’a accompagné pendant toute la fin de l’été. Autant dire que j’étais bien décidé à écrire quelques mots largement positifs à sa sortie. D’autant que « La fabrique », premier album sorti en 2012, m’avait complètement embarqué. A ma grande surprise, d’ailleurs, tant le profil « boboïsant » de cette chanteuse dont je ne connaissais rien m’avait contraint à poser son album sur ma platine avec des gants Mappa. Je craignais à l’époque un disque inoffensif, sans âme. J’avais tort. C’est dire si je fus ravi de recevoir ce nouvel LP, « Toi non plus ». Avec une crainte tout de même. Que le charme initial de la rencontre soit évaporé. La peur d’un disque Tinder, en somme. Au final, rien de tout ça. Rien d’étonnant puisque ce disque teinté d’électronique raconte les chroniques d’une séparation et a été écrit et composé, ô surprise, lors d’une rupture. Loin des mirages pailletés et des bads trip matinaux qui accompagnent trop souvent les coups d’un soir, cet album possède tous les atouts pour faire l’amour longtemps à votre platine. Et me faire oublier le trop simple plaisir solitaire.
Maud Lübeck, LP Toi non plus
ALBERT POTIRON