Superstar en devenir, candidat de la France à l’Eurovision, égérie LGBT des millennials et grand défenseur de la moumoute flashy, Bilal Hassani rêve de faire danser les haters.
Tu t’attendais à une telle médiatisation ?
Bilal Hassani : Bien-sûr ! C’est pour ça que ça m’a pris du temps de le faire. Au début de l’année 2018, j’avais un blues pas possible. J’allais voir les maisons de disques, les managers… mais on m’avait ouvert des portes pour les refermer juste derrière, en me disant que j’étais arabe et gay et que ça ne marcherai pas. Il y avait beaucoup de frustration en moi. On me disait : « Jolie voix, les compositions sont géniales mais sur scène on peut pas vendre ça ».
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Et aujourd’hui ?
Certains me disent que je suis un énorme produit marketing et que ce n’est pas mon talent qui a fait que j’en suis là. Je trouve ça assez drôle parce que personne n’a essayé de me vendre… avant moi-même ! C’est à ce moment-là que je me suis dit que personne ne pourrait le faire à part moi, et c’est là que les perruques sont venues. C’était libérateur et thérapeutique.
Il est tellement brave Kiddy Smile. Je l’adore, il est visionnaire, et j’adore son côté « Fuck You »
Que revendiques-tu en portant ces perruques ?
Les gens oublient la douleur que je ressens quand je me fais critiquer pour mes perruques. J’ai une obsession pour les cheveux depuis tout petit, c’est tout ! Alors, oui, je savais que certains allaient me tomber dessus, je m’en doutais. C’est arrivé et, au fond, je suis un peu content… c’est un honneur qu’on te dise que tu es une icône LGBT, c’est génial. Mais c’est difficile à encaisser, parce que j’ai pas forcément les épaules pour. Parfois ça me contrarie que les gens ne s’arrêtent qu’au fait que je m’appelle Bilal et que je porte une perruque. Même si ce n’est pas volontaire, c’est un acte politique. Comme quand Kiddy Smile va à l’Elysée avec un teeshirt « fils d’immigré, noir et pédé »… Il est tellement brave Kiddy Smile. Je l’adore, il est visionnaire, et j’adore son côté « Fuck You ». Mais moi je n’ai pas ce côté là, je n’ai pas cette force de frappe et cette intelligence. Je ne peux pas dégager un message politique, je me suis très vite dit que les gens allaient le faire pour moi, mais ce n’est pas mon intention et je ferais toujours tout ce que je peux pour m’en écarter.