Comme Dorian Gray, le héros d’Oscar Wilde, les excès ont fini par péter au visage de Nicolas Rey. Désormais quadra, détruit, il ne peut plus se cacher derrière son ancienne belle gueule de jeune premier. L’éternel auteur prometteur a-t-il seulement profité de sa transformation physique pour se muer en grand écrivain ?
La scène se déroule en novembre 1998, au Flore. Le prix littéraire créé par Frédéric Beigbeder en est déjà à sa cinquième édition. À une voix près, Les Jolies Choses de Virginie Despentes, 29 ans, l’ont emporté contre Treize minutes de Nicolas Rey, 25 ans. Despentes, qui a aimé le bouquin de Rey, le cherche partout pour le consoler. Elle finit par le trouver à l’étage, en train d’enchaîner les clopes et les verres de whisky-coca. Nicolas : « Virginie avait été adorable, peace and love, elle est toujours comme ça d’ailleurs, d’une douceur et d’une tendresse infinies, l’inverse de l’image qu’on peut se faire d’elle. Elle m’avait pris dans ses bras : Mais qu’est-ce que t’es mignon, qu’est-ce que t’es jeune, qu’est-ce que t’es beau ! Ça va venir vite pour toi, ne t’inquiète pas… »
Automne 2000, match retour : cette fois-ci, Rey décroche la timbale avec Mémoire courte. Le lauréat 1999, Guillaume Dustan, n’est pas content du tout et le fait savoir au micro : « Nicolas Rey, lumineux mais trop ? pour le Flore ! Le Flore, dans deux ou trois ans pour Nicolas. Cette année, Angot il aurait fallu, Angot pour Quitter la ville ! » Le même Dustan écrit alors, avec la surabondance de virgules qui le caractérise : « Ce petit Nico, là, qui a l’air si vieux, déjà, plus vieux que moi, tellement plus vieux que moi, ça cache quelque chose, quoi ?, la pitié, peut-être, plus forte que la compassion. Bien sûr qu’il est bon, ton livre, si on sait lire derrière les formules, la pitié, dangereuse, on le sait, ça, arrive, Nicolas, attention, ressuscite-toi, jette-toi dans l’exta, fais quelque chose, ne te laisse pas crever, étouffer par la pitié, pour les autres. »
Mickey Rourke des lettres
Dix-huit ans après, on retrouve Nicolas Rey à la terrasse du Dupont Versailles, troquet sis en face du Salon du Livre où il doit aller signer deux heures plus tard son nouveau roman, Dos au mur. Apprécie-t-il l’exercice des dédicaces ? « Il faut faire semblant d’écouter les gens qui te parlent de tes livres sans tirer à balles réelles sur qui que ce soit », glissait-il dans Courir à trente ans en 2004. Est-il aussi enthousiaste de nous rencontrer ? Gros, bossu, tremblant, le souffle court et le visage boursouflé, le Mickey Rourke des lettres n’a pas l’air dans son assiette. Son assiette, parlons-en : il est 16h, mais je le verrai s’enfiler des œufs mayonnaise et un tartare de saumon dont il salera les frites comme s’il s’agissait de déneiger un boulevard. Avant ça, il avait bu un café avec quatre sucres. Et le cholestérol, bordel ?
Malgré une hygiène de vie et une tenue à table à faire hurler diététiciens et maîtres d’hôtel, Nicolas s’avère très affable, vous appelle « mon chéri » au bout de cinq secondes, vous raconte des choses intimes, vous prend par l’épaule et les sentiments. On sent bien comment, à sa grande époque, ce séducteur virtuose pouvait vous embobiner – tous ceux qui l’ont fréquenté dans les années 2000 se souviennent d’un as de la drague, d’un manipulateur parfois retors, d’un des drogués les plus pittoresques de Paris, du cinglé le plus attachant du monde…
Au cours de notre rendez-vous, il se lancera dans des digressions sur la naissance de son fils Simon, ses prothèses en céramique, sa méthode pour tricher au bac et au permis de conduire, Cocteau et son fameux « mensonge qui dit toujours la vérité », la vie qui lui « est passée dessus comme un semi-remorque », sa nouvelle compagne, la designer textile Perrine Rousseau, « et son sourire à réconforter la Terre entière, même les plus mal nourris ». Des improvisations inédites ? Non, il ressortira les mêmes phrases sur Europe 1, chez Laurent Ruquier et Anne-Élisabeth Lemoine. En promo, il est devenu comme le Gainsbourg dernière période, quand cet autre grand comédien défoncé recevait les journalistes chez lui rue de Verneuil et leur sortait des bons mots, amusants sur le moment, jusqu’à ce qu’on se rende compte que tout le monde avait eu droit aux mêmes.
« Un arc-en-ciel »
Rey a-t-il toujours été cet emberlificoteur maître de l’écran de fumée et du chat tiré du chapeau ? Une chose est sûre : personne n’a jamais su lui résister, les vieux malins pas plus que les jeunes filles. En 1998, Franz-Olivier Giesbert passe au Furet du Nord de Lille. Il demande un conseil de lecture au libraire Laurent Bonelli. Celui-ci lui conseille Treize minutes, publié chez le mini éditeur Valat et même pas référencé à la Fnac. FOG le lit d’une traite dans le train du retour, craque pour « ce prince de la déglingue et de l’auto-dérision, un enfant de Francis Scott Fitzgerald et de Frédéric Beigbeder ». Après avoir rencontré le gandin, il l’engage illico au Figaro étudiant pour écrire des billets d’humeur, avant de le faire passer au service culture du Figaro.
Outre son charme, Rey se distingue vite par son aquoibonisme : on l’a longtemps pris pour Rastignac, il est surtout fort pour se flinguer, rebondir, se tirer une balle dans le pied et retomber sur ses pattes, sans calcul. Un jour, un papier qu’il a pondu sur Bernard Rapp paraît amputé de moitié, parce qu’il a fallu dégager de la place pour caser une pub. Nicolas va voir sa supérieure hiérarchique, Armelle Héliot, et, suite à « une engueulade énorme », part « sur-le-champ, comme dans les films, avec un tiroir ou presque ». Dans la rue, il croise Bertrand de Saint-Vincent, alors rédacteur en chef au Figaro Magazine : « Bertrand, élégant, m’a rattrapé : « Bah Nicolas, qu’est-ce que vous faites ? Ne vous en allez pas, enfin… Venez chez moi, on va s’amuser ! » » Témoignage de Saint-Vincent : « Pourquoi je l’avais engagé ? Le feeling. Il venait de se faire virer, n’avait plus rien. Un (drôle) d’oiseau tombé du nid. On en a ri ensemble. J »avais lu certains de ses papiers ; je l’ai pris sous mon aile. C’était un geste de gentleman. Je ne me suis pas trompé : c’en est un. J’aime les gens désolés qui gardent le sourire. Il m’appelle mon lieutenant. On n’a jamais su pourquoi. On se vouvoie. Je serais plutôt du genre Blueberry. Adepte de la désinvolture. Au Figaro Magazine, il passait comme un ange. Incertain, personnel, fragile. Ses papiers avaient du style. Parfois décousus. Ça suffit pour exister. C’est un arc-en-ciel, quand il marche sous la pluie, il éclaire le paysage. »
« Allard à midi »
De 2000 à 2006, bien qu’il dise ne ressentir aucune nostalgie pour cette période durant laquelle il n’était « pas heureux du tout », Rey vit son âge d’or. Ses articles et ses livres, souvent flemmards, ont des fulgurances qui n’appartiennent qu’à lui. Il a beau n’en foutre pas une, il a la grâce. Il faut revoir les vidéos de ses passages chez Ardisson : fringant, charismatique et brillant, il crève l’écran. Le pauvre Baffie n’en mène pas large face à ce bellâtre qui, pas comique de profession, est mille fois plus fendard que lui. Quant à l’homme en noir, il a les yeux de Chimène pour ce petit frère qui brûle la chandelle par les deux bouts.
À l’époque, il passe ses nuits avec Édouard Baer et Beigbeder. Quand Beigbeder sera un temps éditeur chez Flammarion, il essaiera de le débaucher en lui payant deux pépées lors d’une soirée bien arrosée : « Il avait le contrat sur le cul d’une des nanas, et me disait : Vas-y, signe !!! Mais j’ai tenu bon. » On doute que Julien Gracq ait connu ce genre de scène avec José Corti. Rey : « Avec Frédéric, on a fait des fêtes dingues, mais aussi des déjeuners incroyables. Il adorait les vieux restos à la commissaire Maigret, avec une grosse bonne femme qui te file du Chasse-Spleen. On allait chez Allard à midi. En entrée, t’avais des cuisses de grenouille énormes, puis un boeuf bourguignon tout aussi énorme, des digestifs On sortait de là au milieu de l’après-midi, on était en face du lycée Fénelon, on y entrait, on discutait ivre mort avec les élèves, on allait au CDI, en cours de maths » Frédéric : « Ah la visite à Fénelon aujourdíhui on tomberait sous les balles des vigiles ou on serait hashtagués #balancetonporc ! Nicolas était un jeune homme fougueux, insolent, énervant, « pourri de talent » comme on disait dans ma jeunesse. honnêtement, je n’imaginais pas qu’il vieillirait un jour. La dernière fois que je l’ai vu, nous avons bu des menthes à l’eau à La Palette en nous lamentant. Je nous vois bien continuer à nous plaindre durant encore quelques décennies en fantasmant sur les restos d’antan. »
En 2006, Rey sort un roman chez Grasset, Vallauris plage. Il en vend 40 000 exemplaires. Il aurait pu, dû, s’imposer. Pourquoi ne pas plutôt se crasher en beauté ? « J’avais tout pour devenir un notable des lettres, sauf que je ne suis pas assez bien élève, pas assez poli. Je n’appelle jamais les gens pour les remercier après un bon papier, je ne renvoie jamais l’ascenseur. Ce n’est pas de la franchise, c’est de la paresse, de la nonchalance. Je m’en fous, en fait. Mon éditeur chez Grasset, Manuel Carcassonne, avait été formidable. Il avait mis toutes les chances de mon côté, j’avais eu une presse dithyrambique, et tout. Mais j’ai cassé le jouet. J’ai une grosse tendance à l’autodestruction, que ce soit avec ma carrière, ma santé, mes relations amoureuses ».
C’est ce qui est touchant chez lui : il aurait pu jouer le jeu, construire sur son succès, comme d’autres gens de sa génération qui ont tant réussi, Florian Zeller au théâtre, Charles Pépin dans la philo, Christophe Ono-dit-Biot dans les médias. Sauf que contrairement à Ono-dit-Biot, Rey ne rêve pas d’entrer à l’Académie française. Cirer les souliers, et puis quoi encore ? Dans ces milieux dits artistiques, poseurs et ennuyeux, où tant de gens tentent de se faire passer pour des types destroy alors qu’ils vivent en petits ou grands bourgeois, son côté punk fait du bien – ce n’est pas un Samuel Benchetrit, un Yannick Haenel ou un Bertrand Bonello, le Nicolas Rey. Saint-Vincent : « Je l’ai vu évoluer. Timide, gentil, crédule. Il pensait que les autres étaient aussi sincères que lui. Il n’a pas compris qu’ils jouaient la comédie. Il est tombé dans le piège de la notoriété facile : alcool, drogue, filles. Il n’a pas su s’arrêter. C’est sa manière de vivre : il ne triche pas, il a besoin d’aller jusqu’au bout. J’ai essayé de le mettre en garde. En vain. Il aime trop les vagues ; y compris à l’âme. Il s’est laissé emporter. Il a une nature de fusillé : pour le panache. C’est un héros de roman. Fanfan la Tulipe. »
Plus une goutte d’alcool
La vérité est sans doute plus sombre, moins à son honneur. Et s’enfoncer dans ses addictions, la bibine, la coke, les médocs, et un nombre de conquêtes à faire passer Casanova pour un cistercien, n’a jamais donné de génie à personne. À défaut de le faire entrer dans la Pléiade, son Diable au corps finit par envoyer Rey en cure en janvier 2008, date depuis laquelle il n’a plus bu une goutte d’alcool – dix ans, déjà. À sa sortie, c’est un autre homme, empâté, voûté, blanchi, vieilli. Pascale Clark le fait bosser comme chroniqueur dans Un café, l’addition.
Nicolas, sur le fil, n’a pas fini sa désintoxication, il quitte la clinique pour enregistrer l’émission, y retourne à la fin. Puisque sa vie ne ressemble décidément à celle d’aucun autre auteur germanopratin, il a une liaison médiatisée avec Emma Luchini, la fille unique de l’ancien coiffeur pour dames. Que pensait-il de son beau-père ? « On s’entendait bien. Il est très drôle, Fabrice, il n’arrête jamais, c’est le spectacle permanent, souvent génialissime, grandiose. Il est très inquiet et déprimé en même temps, comme tous les gens intéressants. Les gens qui vont bien, qui ont des projets plein la tête et des patins dans leur baraque, ça ne m’emballe pas. » Cette histoire d’amour une fois encore rocambolesque permettra à Rey de tâter du cinéma. La fille Luchini adapte son roman Un début prometteur, avec Manu Payet en Nicolas Rey – Payet, la vache, ce n’est pas Maurice Ronet. Surtout, ils écrivent et réalisent ensemble La Femme de Rio, court-métrage très réussi dont Rey partage l’affiche avec Céline Sallette, et qui obtient un César en 2015.
On se dit alors que le petit Nicolas est tiré d’affaire, qu’il va passer ses vacances à l’île de Ré et se reconvertir en acteur de ciné, comme tout le monde dans le showbiz. Rey restant Rey, il préfère quitter à la fois sa compagne et cette carrière qui s’offre à lui : « Le cinéma, ce n’est pas ce qui m’intéresse, quoi «a m’avait amusé de faire La Femme de Rio parce que c’était Emma, qu’on était en famille, que c’était du bricolage. Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre de jouer le rôle de Vincent Macaigne dans un film de Nakache et Toledano, hein, franchement ? On m’a proposé plein de trucs après le César, d’avoir un bon agent et tout ça, non. Ah, et au passage, il n’y a rien de plus chiant que d’écrire un scénario. Si on te propose ça un jour, n’accepte jamais ! »
Méprisé par les philistins
Ces derniers temps, plutôt que des scénarios, Nicolas a donc pondu des livres, quand il n’est pas parti en tournée avec Les Garçons Manqués, le duo qu’il a formé avec Mathieu Saïkaly, et qui donne des représentations alternant lectures de textes et intermèdes musicaux. Après son flirt avec Grasset, il est retourné au Diable Vauvert, son éditeur de tous temps, maison fondée et tenue d’une main de fer par la vaillante Marion Mazauric : « Cíest la femme ‡ qui jíaurai ÈtÈ le plus fidËle. Dix-huit ans quíelle me publie ! Je níai jamais fait dix-huit ans avec une autre femme. » Rappelons pour l’anecdote que jusqu’à un accident, Mazauric a pratiqué la corrida. Il faut au moins venir de la tauromachie pour tenir tête à ce fou furieux de Rey.
La littérature, dans tout ça ? À part Despentes et Beigbeder, qui aime-t-il de la scène historique du prix de Flore ? « J’adore Jaenada humainement, et je trouve jouissif ce qu’il écrit. L’un de mes livres préférés, encore aujourd’hui, c’est Néfertiti dans un champ de canne à sucre. Il est complètement ouf, mais j’adore ce bouquin ! Comment tu veux vendre un exemplaire díun livre avec un titre comme Néfertiti dans un champ de canne à sucre ? Faut vraiment être timbré comme Jaenada. Je n’ai pas encore lu ses derniers pavés, par contre. J’ai un peu peur des pavés. Philippe devrait avoir un éditeur qui sévisse davantage. Et il boit trop de whisky, il m’inquiète, il doit avoir un foie dans un état. » Des pavés, en ce qui le concerne, il est à l’abri. L’amour est déclaré et Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis étaient des petits récits enlevés et charmants, mais quand même trop légers. C’est un peu l’éternelle rengaine avec Rey, sa touche Goodis ou Blondin : on regrette qu’il n’ait pas plus bossé tout en lui sachant gré d’être resté marrant et en dehors de tout, des institutions comme des clous du culturellement correct. Les philistins le méprisent depuis ses débuts ? Tant pis, on le placera toujours au-dessus des laborieux normaliens auxquels les sots tressent des lauriers. Giesbert résumait ainsi la situation il y a quelques années : « Nicolas Rey est son pire ennemi et se prend si peu au sérieux que la bonne critique passe volontiers à côté. »
À fond les manettes
Dos au mur est-il, comme certains le proclament, le roman de son grand retour ? On aimerait se joindre au concert de louanges, sincèrement, hélas ce serait mentir. Pourquoi continuer à maquiller, à truquer, à bidonner ? Pourquoi ne pas vraiment vider son sac pour de bon ? Pourquoi s’être détruit à ce point, s’être tant cramé, si ce n’est pour s’atteler enfin à son chef-d’œuvre ? Tout ça pour quoi, Nicolas ?
Lire aussi : Yann Moix l’interview « D’Ormesson a dû prendre beaucoup de sérotonine ! »
L’autre jour, chez Ruquier, Yann Moix s’est lancé dans un éloge de Rey : « Il y a quelque chose chez Nicolas Rey qui me fait penser à Oscar Wilde. Quand Wilde a commencé, c’était un prodige, un génie de la jeunesse. Et puis il s’est aperçu qu’il avait un corps, et que ce corps payait les excès des années, des folies. Quand j’ai connu Nicolas, c’était quasiment mon petit frère ; et quand je le vois aujourd’hui, il ressemble à mon arrière-grand-père. Je pense que c’est un grand écrivain. Et l’histoire de son corps est phénoménale, c’est l’histoire d’une métamorphose. Avoir été le plus jeune, le plus beau, le plus doué de sa génération, et être aujourd’hui la proie du corps de ses excès, c’est très émouvant, c’est très fort, et c’est le sujet de Dos au mur. Je trouve que Nicolas, avec les années, arrive à une densité, une profondeur et une émotion qui lui ressemblent beaucoup plus que ses premiers livres. S’il était mort à 27 ans, et heureusement que ça n’est pas arrivé, il serait aujourd’hui considéré comme un écrivain totalement culte, un peu comme l’ont été Boris Vian ou Radiguet. La chance fait qu’il est là, pour nous et avec nous, et je pense qu’à partir de ce livre, va commencer une autre forme de littérature chez lui. »
Lire aussi : Houellebecq, l’entretien X : « YouPorn m’a apporté quelque chose, vraiment ! »
Il n’a pas tort, Moix, il a même raison, mais il est trop indulgent. Quand Wilde disait qu’il avait mis son génie dans sa vie et son talent dans ses œuvres, il péchait par fausse modestie – Le Portrait de Dorian Gray, c’est quand même pas mal ! Dorian Rey, lui, a trop pris le maître au pied de la lettre, se bâtissant une légende plutôt qu’une bibliographie. Il ne tient qu’à lui de rééquilibrer la balance. Après Dos au mur, pourquoi ne pas écrire Droit dans le mur, y aller à fond les manettes, tant que le cœur ne lâche pas ? Ce cher vieux Dustan était rigolo de lui conseiller de se jeter dans l’exta pour ressusciter. Ça n’est pas le bon traitement pour Nicolas. Un clavier suffira. Avec du temps et de l’énergie, tous les espoirs sont permis. Il est encore temps pour le soldat Rey de se sauver par l’écriture.
Louis-Henri de La Rochefoucauld, photo Jean-Philippe Baltel