Fondé en 2016 par la tatoueuse japonaise Yoshika Akazaki et Caroline Lourme, Yōso réunit les univers de l’art contemporain et du tatouage dans un corner follement créatif. Rencontre avec ses cofondateurs.
Technikart : vous avez crée le salon à deux (Yoshika Akazaki et Caroline Lourme). Quels sont vos parcours respectifs ? Comment vous étes vous rencontrées ?
Yoshika : Après mon apprentissage au japon, je suis arrivée à Paris en 1993. J’ai travaillé dans plusieurs shop où j’ai appris à perfectionner mon style de tatouage. Après vingt ans de pratique dans le métier, j’ai ressenti le besoin d’avoir un shop ou un atelier qui me serait plus personnel.
Caro : J’ai eu plusieurs formation dans différent domaine comme le commerce, les langues puis dans le make up artistique et la coiffure studio. En parallèle j’ai côtoyé assez vite le monde du tatouage en étant à l’accueil, manager et tatoueuse.
Yoshika : avec Caro on s’est rencontré pour la première fois au salon du tatouage à Paris en 1999. Et puis au fil des années dans des shops ou des soirées, on s’est souvent croisées et on a toujours eu un bon feeling ensemble.
Caro : un jour on s’est retrouvé à boire un café et on s’est vite rendu compte que l’on en été toutes les deux au mêmes point avec les même envies, qu’on avaient en commun des expériences peu fructueuses, Qu’être maman Demander du temps que l’on avait plus envie de donner à d’autres, et que c’était peut-être le bon moment pour d’ouvrir un shop de tatouage/galerie d’art, avec des conditions de travail que l’on ne retrouverait pas ailleurs.
Yoshika : On a formé une équipe de tatoueurs rêvant d’indépendance professionnelle et de liberté artistique, de quatre personnes on est passé à huit quand on a ouvert Yoso en 2016. Avec le deuxième shop shimai en 2019 : on est une quinzaine entre les tatoueurs résidents ou locataires. »
Yoshika : le tatouage, c’est un service, où les artiste mettent leur âmes dans ce qu’ils réalisent et le client est un acteur à part entière dans cette démarche. Même si certain tatoueur font plus du tatouage un commerce, le tatouage est un art mais tous les tatoueurs ne sont pas des artistes.
Quelques exemples : elles ont exposé le photographe Julien Lachausée, Julie Sarloutte qui est « peintre » à l’aiguille, la Crocheteuse du métro qui fait des sculptures en crochet, Nonotak studio et
leurs installations de son et lumière, ou encore Rockin’Jelly Bean illustrateur japonais dont la première édition « Tokyo noir » a été un franc succès et dont la deuxième édition a lieu cette année.
Technikart : Vous écrivez que votre salon évolue loin des stéréotypes. Quels sont ces stéréotypes ?
Caro : Le principal stéréotype des salons de tatouages s’est souvent une identité visuelle très forte au
détriment des artistes qui y travaillent. C’est souvent le cas des « streets shop » où on vient choisir
un tattoo déjà existant ou dessiner à la minute et où on se le fait tatouer dans la foulé par le premier
résident de libre, je n’ai absolument rien contre ce type de shop où l’on peut y croiser de très bon
artistes mais du coup l’univers artistique du tatoueur n’est pas forcément ce qui est mis en avant.
À Yoso, on ne fonctionne pas du tout comme ça. Il y a d’abord un rendez-vous d’entretien puisque
c’est essentiellement de la création avec l’artiste que le client a choisi. Et après validation du projet
vient un second rendez-vous pour la réalisation du tatouage. Ça se fait par étape avec de l’échange
et du partage. Yoso en lui-même n’a pas une identité qui lui est propre ou alors se serait la somme
des différents talents qui le compose et le shop en leur vitrine.
Yoshika : Un autre stéréotype c’est que beaucoup de shop sont très territoriaux avec une vision de la
concurrence très belliqueuse. Nous on est vraiment pour l’échange et le partage, faire des
partenariats, recevoir des Guest ou en envoyer. Le monde du tatouage est en pleine mutation et on
préfère l’ouverture aux replis sur soi.
Quels artistes vous inspirent ?
Caro : Beaucoup trop d’artistes, d’œuvres ou de lecture nous inspirent pour pouvoir en cité un plus
qu’un autre, d’autant plus qu’ils n’ont pas « influencé » Yoso. C’est surtout un mélange de nos deux
personnalités, le coté épuré et japonais de Yoshika et moi qui voulais un endroit lumineux et végétal.
Yoshika : On voulait de la clarté, sortir de cette image du tatouage un peu trop chargé, bordélique et
un peu masculine aussi. En ce sens Yoso et Shimai sont un peu plus féminin…
Caro : ..ça permet au shop de pouvoir avoir plusieurs visages : de passer de soirées ou d’événements
« rock’n roll » à un visage plus zen dès le lendemain. Comme Yoshika et moi nous ne nous limitons
pas à une seule facette dans nos vies, Yoso fait de même.
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