À 27 ans, tout semble sourire à Clément « Hatik » Penhoat. La série Validé (il y tient le premier rôle) cartonne. Et son second album, Chaise Pliante II, impose son rap tranquillou. Mais est-il prêt pour l’interview Technikart ?
Bravo pour Validé : plus de 10 millions de vues en streaming. Vous allez relancer Canal ?
Hatik : Ah ah ! Très drôle. Mais honnêtement, je pense que les séries Canal + n’ont pas eu à attendre Brahim, Saïdou et Clément (les personnages de la série, ndlr) pour être qualitatives.
Je parle du succès populaire de la série. Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de buzz – et de spectateurs, surtout – pour un show français.
Je sais pas. Il y a Le Bureau des Légendes, que j’ai beaucoup regardé d’ailleurs. Après, il y a quoi… euh il y a celles qui sont Canal sans être vraiment Canal parce que ce sont des séries étrangères comme Gomorra, c’est très costaud. Tant mieux si les gens ont aimé notre trio mais Canal n’a jamais eu besoin de nous.
Le succès de la série – du jamais vu en France – tient à quoi d’après toi ?
Je pense que les gens sont curieux de pouvoir enfin voir une bonne série sur le rap.
C’est vrai que Validé est la première série sur le rap français. Ton rôle de jeune gars en pleine ascendance est inspiré de qui ?
De plein d’histoires différentes. Ce n’est pas moi qui l’ai écrit (elle a été créée par Franck Gastambide et son trio de scénaristes protégés, Van Tieghem, Lacaille et Callegari, ndlr), mais il représente plein de parcours.
Vous trouvez votre personnage « Apash » réaliste ?
Ah oui, quand même ! C’est un jeune de quartier qui deale et rappe à côté et qui va essayer de s’en sortir parce qu’il est motivé. Ça me paraît être assez représentatif de beaucoup de gens aujourd’hui qui sont dans le rap sans vraiment être « entendu ».
C’était ton premier rôle. Comment tu t’es préparé ?
Déjà, j’ai appris tout le métier d’acteur et après, il a fallu que je travaille mon interprétation. Là-dessus, Franck m’a conseillé de regarder Gomorra, en particulier le personnage de Gennaro Savastano. Je connaissais déjà le personnage, je l’avais regardé maintes et maintes fois mais là, j’ai eu un déclic. Je n’avais jamais fait attention comme ça à un jeu d’acteur. Et là, j’ai compris.
Au regard du succès de la série, Canal t’a proposé un projet en solo ?
Pas du tout ! C’est quoi ces questions ?!
Tu sors des mixtapes de tes morceaux depuis 2014 et là tu viens de sortir ton deuxième vrai album, Chaise Pliante II. Tu penses monter un clash avec un autre rappeur pour le buzz ?
Alors, je ne clashe personne, c’est pas mon truc. Mais il y a des rappeurs qui aiment ça, j’en connais. Et c’est souvent pour faire du buzz, c’est rarement dû à une haine profonde de l’autre. Après, il y a des rappeurs qui s’aiment et d’autres qui ne s’aiment pas. Comme dans la vie de tous les jours. C’est exactement la même chose qu’au bureau, sauf que c’est le rap game !
Tu te fais chambrer différemment, depuis le succès de Validé, quand tu retournes chez tes parents à Guyancourt dans le 78 ?
Pas du tout ! Je ne me fais pas beaucoup chambrer, d’ailleurs. Mon rapport avec mes amis d’enfance et mon quartier n’a jamais changé. Succès ou pas, je ne pense pas qu’ils prennent des pincettes quand ils veulent me dire un truc.
Le réal et showrunner de Validé, Franck Gastambide (réal’ des Kaïra, de Pattaya, et d’un Taxi 5 qui serait sorti en 2018 et aurait fait 3 millions d’entrées, ndlr) est connu pour être un gros bosseur. Pas trop dur de tourner avec lui ?
Non, c’était easy ! Les choses sont simples quand on a envie de travailler et de tout arracher, de faire une putain de série et tout. Si on avance dans le même sens, il n’y a pas de soucis hein ! Après, j’imagine que si Franck tombe sur un acteur qui traîne un peu de la patte, ça peut être un peu compliqué – mais ce n’était le cas de personne sur le plateau. Franchement, ce n’était pas compliqué, ce n’était pas une épreuve si t’avais envie de travailler. C’est juste que tu as en face de toi quelqu’un d’ultra-bosseur. Faut se mettre à son niveau.
Ça t’a donné envie de continuer dans le cinéma ?
Ben, un peu… Non, beaucoup même !
Tu as déjà des pistes ?
Oui – mais pour l’instant je prends mon temps pour bien choisir.
C’est quoi le concept derrière la chaise pliante que l’on voit sur ton album ?
C’est s’approprier le milieu dans lequel on évolue. A un moment donné, plutôt que de rester posé sur des murets, j’ai dit « les mecs, moi perso je vais m’acheter une chaise ! ». On est trop confortable dessus ! Voilà, c’est comme ça que c’est parti…
Tu as repris le « Angela » de Saïan Supa Crew. Tu aurais des influences hors de Paris ?
Ah quand même, ça va loin ! Disiz, Soprano, Diam’s, Booba, Mc Tyer, Salif, Erykah Badu, Busta Rhymes, Whitney Houston, Mariah Carey, Bob Marley, Jamiroquai…
La série cartonne, l’album est bien lancé… Tu vas te reposer ?
Du tout ! Pendant le confinement, j’étais tous les jours en train d’enregistrer, je préparais la suite et elle est déjà bien prête puisqu’on sort une réédition de Chaise Pliante II là, et le reste arrive prochainement aussi…
Chaise Pliante II (Low Wood), Validé (DVD Studiocanal)
Par Anaïs Delatour
Photo : Fifou