L’éclectique Léonard Lasry, compositeur, interprète, producteur, clip maker, boss de label, est un artiste accompli. Il s’est séparé de quelques unes de ses casquettes le temps d’une interview.
Votre label indé, 29 Music, vient de signer le crooner suédois Jay Jay Johanson. Une façon de faire la nique aux majors ?
Léonard Lasry : C’est lui qui est venu ! Je pense qu’il n’aurait pas de mal à signer dans un major mais c’était une volonté de sa part de ne pas renouveler son contrat et revenir dans un label artisanal. Je pense qu’il est venu chercher son indépendance en quelque sorte.
Comment vous a-t-il connu ?
Il m’avait donné les droits pour faire une cover d’une chanson à lui dans mon deuxième album. Il savait donc que j’existais et d’ailleurs, il m’avait dit que ce que je faisais était bien. On a finit par se rencontrer au moment où il voulait changer d’équipe. Bon je l’ai quand même prévenu qu’on était un petit label indé parisien sans gros moyen marketing, ce à quoi il m’a répondu que c’était « very smart ».
Comment devient-on un entrepreneur de musique ?
J’ai toujours aimé entreprendre et été fasciné par le monde de la production. Je me voyais bien à la tête d’une maison de couture ou d’une boîte de production de séries télé. Bon, finalement, j’ai créé un label !
Comment choisissez-vous les artistes ?
Jusqu’à présent, je me rattache à des personnalités, soit des artistes qui ont déjà quelque chose, soit des artistes qui sont déjà quelqu’un. Que ce soit Jay Jay, Elisa Point ou Marie-France, ils étaient tous dans ma pile de CD quand j’étais au lycée fin des années 90, début 2000.
Vos clips, votre scénographie et l’écriture de vos textes par des paroliers, font écho à une sorte de pop passée. Pourrait-on dire que vous représentez 40 ans de pop française ?
Non, pas du tout. Je n’ai pas cette prétention. Mais oui, j’aime bien les années 80 et 90 et j’ai quelques figures de ces années avec moi. Et les années 70 aussi pour l’inspiration mélodique et orchestrale. J’aime bien cette espèce de French pop excentrique d’un autre temps !
Votre univers est à la fois pop, intemporel, sensuel et cinématographique. Vous aimez le cinéma ?
J’aime bien l’esthétique du cinéma des années 60, français et italien. Antonioni m’inspire beaucoup pour mes clips. C’est pour moi une patte intemporelle qui me plaît énormément et qui est très moderne en fait. On le voit avec les pubs par exemple, elles reprennent beaucoup les lumières de l’enfer de Clouzot et le traitement du noir et blanc.
Vous avez composé – et composez toujours – pour la mode, notamment avec la styliste Maripol, figure des années 80. Les fashions week vous manquent ?
J’ai aimé travailler avec Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique de Valentino puis de Dior, pour traduire ses collections en musique. Elle nous donnait un mood, Maripol écrivait les paroles et je composais la musique. La chance est qu’elle aimait toujours ! Moi j’essaie de rendre tout glam de toute façon. Si on me demande de composer pour du dentifrice, je trouverai quelque chose de glam aussi !
Avec quels artistes voudriez-vous travailler ?
Je ne vais pas tout révéler mais je travaillerais bien avec Lana Del Rey et Ophélie Winter. Je pourrais relancer Ophélie Winter ! J’ai son 06 mais je ne l’ai jamais utilisé !
Par Anaïs Delatour
Photo Robyn Tenniel