L’heureuse surprise des séries Papillons noirs et De Grâce, Alyzée Costes réussit son passage du théâtre au petit écran. Interview masterclass.
Vos débuts ?
Alyzée Costes : J’ai commencé au théâtre, à dix-neuf ans, dans Dernier coups de ciseaux, une pièce interactive. À partir de la moitié de la pièce, les gens participaient. Il y avait donc une très grande part d’improvisation. Un vrai challenge.
Vous êtes la grande révélation de la série rétro et noire Les Papillons noirs.
Merci. Cette série m’a fait comprendre plein de choses sur la comédienne que je suis aujourd’hui : ça m’a fait travailler toute la palette de jeu, autant les sentiments légers que durs.
Vous y incarnez Solange, qui a une histoire lourde.
Oui, c’est un personnage qui m’a touchée dès la lecture du scénario. Avoir des infos sur son enfance permet d’aborder le personnage de façon plus simple. J’ai regardé beaucoup de films avec Bardot, pour analyser le côté naïf qu’elle pouvait avoir, ainsi que L’Été meurtrier avec Adjani et son équilibre entre danger et séduction. J’avais envie de défendre ce personnage de Solange, de montrer toutes ses failles.
Vous avez enchaîné Les Papillons noirs avec une autre série d’Arte tout aussi sombre, De Grâce.
C’est un autre univers : un milieu catholique, une vie bien rangée, même si, évidemment, il va se passer des choses qui vont déranger tout ça, mais c’est un schéma de vie très classique, très construit. Donc c’était complètement autre chose à travailler, avec l’univers de Vincent Cardona qui est hyper fort, dans un Havre populaire.
Vos idoles ?
Isabelle Adjani, Brigitte Bardot, Karine Viard. Trois femmes libres : c’est pour sentir cette liberté qu’on fait ce métier.
Des rituels avant d’interpréter un personnage ?
Je vais regarder beaucoup de films ; écouter des musiques sans parole, des sons pour voir ce que ça réveille en moi. C’est important pour moi de travailler avec le texte et de rester ouverte au changement, à ce qui va se passer sur le moment, pendant le tournage.
Un conseil qui vous a marquée ?
C’était mon prof de théâtre, qui m’avait dit : « C’est bien d’avoir de la présence, mais si elle est plus forte que le jeu, c’est foutu ». Voilà !
Vous avez une routine particulière ?
Pas du tout, je suis anti-routine. Quand je tourne, je suis dans ma bulle. Je vais être dans la musique et les textes.
Le futur ?
J’écris un petit peu des chansons, j’assume enfin. J’ai toujours eu envie de faire ça, mais je n’avais jamais osé – encore cette peur. J’avais enregistré une reprise de Marie Laforêt, « Mon amour, mon ami », l’année dernière. Maintenant, j’ai envie de mettre en musique mes propres textes.
Vos références ?
Gainsbourg. Coldplay. Mickey 3D.
Aïe aïe aïe, ce n’est vraiment pas Technikart.
Ah bon ? Dire Straits, sinon.
Un peu mieux. Et dans cinq, dix ans, où vous voyez-vous ?
Je ne sais déjà pas ce que je vais faire dans une semaine, alors cinq ans ! Je préfère ne pas me dire grand-chose, et me laisser surprendre.
Les Papillons noirs : en replay sur Arte.
Par Rania Harrath & Alexis Lacourte
Photo Julien Grignon