Pour son premier grand rôle au cinéma, Marie Papillon incarne le personnage de Lucie, une journaliste affirmant ses idées et prête à tout par amour. Interview « graine de star » engagée, entre légèreté et féminisme.
Alors, La Graine, comédie romantique ou histoire homosexuelle ?
Marie Papillon : Les deux, c’est une histoire d’amour entre deux femmes, sur fond de comédie. Pour la première fois, on donne de la visibilité à un couple homosexuel sans que cela soit un sujet.
Ton personnage t’a charmée ?
Oui immédiatement. Dès que j’ai lu le scénario, j’ai eu envie d’incarner Lucie, cette journaliste d’investigation, qui renonce petit à petit à ses ambitions professionnelles. Elle est combattive, déterminée, et en même temps touchante, car prête à tout pour fonder une famille avec Inès. J’espère qu’elle pourra donner de la force à toutes ces femmes, seules ou en couple, qui ont un désir d’enfant et souhaitent recourir à la PMA. C’est un sujet qui me tient à cœur depuis toujours, de pouvoir représenter ces femmes à travers un personnage de fiction.
C’est ton premier rôle principal au cinéma…
Je suis très heureuse qu’Éloïse Lang m’ait fait confiance pour son troisième long métrage. Lucie traverse différentes phases émotionnelles tout au long de l’histoire : l’humour, le désarroi, l’excitation, la joie et la colère.Le défi pour moi était de réussir à tout interpréter le plus justement possible.
Comment t’es-tu approprié ce personnage ?
Lucie n’est pas si éloignée de moi car ces questions de minorité lesbienne sont présentes dans mon quotidien, j’ai des proches qui font ce processus, ou même qui veulent des enfants seuls donc j’évolue dans cette sphère-là, ça me rapprochait de mon personnage.
Comment voit-on le désir d’enfant aujourd’hui ?
Je pense que l’on se pose davantage la question (en France) de l’envie d’avoir un enfant, et non plus en fonction d’un schéma sociétal établi. Cela devient une envie, et non un devoir ! Aujourd’hui, les femmes peuvent avoir un enfant seule, congeler leurs ovocytes, fonder une famille comme elles l’entendent, se laisser un peu de temps, avoir recours à la procréation médicalement assistée ou au contraire décider de ne pas en avoir. C’est déjà une évolution, même si il y a encore du travail et trop peu de visibilité sur le sujet.
Quel était ton regard sur la maternité lorsque tu étais enfant ?
Je me disais : « Oh la flemme ! » (rires). Honnêtement, je ne me projetais pas dans la maternité car je n’avais pas de modèle. Puisque, apparemment, c’était un papa et une maman, alors je n’aurai pas d’enfant. Inconsciemment en grandissant je me suis peut-être interdit de me projeter.
Terminé, l’invisibilité ?
J’espère ! Il y a de plus en plus de personnes LGBTQIA+ dans les fictions, qu’il s’agisse de films ou de séries. Cette représentation est nécessaire pour faire à avancer les choses, et permettre à tout le monde de s’identifier et de se construire sereinement. On évolue dans un monde patriarcal, avec beaucoup de sexisme et d’homophobie. En participant à ce type de projets, on contribue au changement des mentalités.
Quelle est la suite pour toi ?
J’ai envie de continuer à incarner des rôles au cinéma, sans m’enfermer dans un genre particulier, que ce soit un film d’action, une comédie ou un film d’auteur. C’est un métier passionnant, j’ai encore beaucoup à apprendre, j’ai très hâte de la suite.
La Graine de Eloïse Lang
Entretien Mathilde Delli
Photos Davide Carson