Nées du désir de faire le portrait de la communauté queer, les œuvres de Clément Louis sont des actes d’amour autant que des actes de combats. Son regard se tient face à nous, dans les teintes crépusculaires du soleil de Marseille.
« C’était certain que j’allais parler d’amour et célébrer le corps queer pour ma première exposition. » Ayant commencé la peinture lors du confinement, luttant contre ce virus nous séparant tous, Clément Louis dévoile le corps queer dans cette première exposition solo à la Double V Gallery à Marseille. « J’avais envie de parler de nos combats politiques, car même s’ il y a de plus en plus de représentations, cela ne veut pas dire qu’il y a plus d’acceptation. » Sa peinture est comme une manière de rassembler hommes, femmes, LGBTQIA+, luttant pour les mêmes droits, ceux de la liberté d’aimer et de s’aimer. « J’aimerais que le spectateur se connecte aux sujets, qu’il se demande d’où ils viennent, qu’il comprenne que notre combat est de montrer une visibilité.»
PAYSAGE DE CORPS
Les personnages lascifs ou fierce de Clément Louis sont des amis qu’il a rencontrés un soir à Marseille ou croisés sur les réseaux sociaux, comme Nathan Gombert du ballet National de Marseille et de La Horde. « C’est sur les réseaux que les identités de nos corps et notre communauté s’expriment avec authenticité, car nous n’avons pas beaucoup de place dans les médias traditionnels. » Photographe avant de devenir peintre, l’artiste capture avant tout ses modèles dans leur intimité. « Le sujet est notre corps, il n’y a rien de plus intime et identitaire que de montrer sa chair. C’est une porte d’entrée perturbante pour certains et pour d’autres cela évoque le désir. » Pour voir l’identité dans la chair, Clément Louis dépouille ses modèles « Dans notre société où règne une culture de la sexualisation, on considère parfois les gens comme des objets, j’essaie par mon art de les considérer comme des sujets, tout se joue dans le regard ». Sur certaines des dix toiles exposées au-dessus d’un sol rose fushia, les personnages sont léchés par une lumière crépusculaire, inspirée par les couleurs du coucher de soleil de cette ville du Sud dans laquelle il est en résidence depuis deux mois. Créées entre Paris et Marseille, ses œuvres représentent une communauté qui évolue, grandit et se façonne, dans les teintes nuancées de l’amour. « Mon envie de représentation vient de mon amour du portrait, on en manque toujours, on ne peut pas quantifier, c’est un thème auquel je suis très attaché et que j’ai envie de défendre dans cette exposition.»
ROUGE SANG
La toile principale de l’exposition, portant son nom, diffère des autres œuvres, elle est sans visage, n’est que deux corps. « Je n’étais pas dans le même état d’esprit que mes portraits classiques, l’idée était que je sois au-dessus d’eux dans un lit. Ils font peut être l’amour, s’unissent ou se déchirent». Clément Louis souhaitait une liberté du geste et de la couleur plus brutale et radicale, un portrait abstrait très rouge, très intense, concrétisant toutes ses envies. « Dans cette couleur il y a l’idée de l’amour, du sang, de la chair. Notre communauté, c’est beaucoup de combats. » Par cette couleur politique, l’artiste revendique, l’amour contre la haine. « Acts et Love s’opposent, comme dans les combats que l’on mène ».
Du 6 mai au 24 juin à la Double V Gallery, 28 Rue Saint-Jacques, 13006 Marseille. (Curateur : David Pons.)
ACTS OF LOVE
CLÉMENT LOUIS
Double V Gallery, Marseille.
Par Mathilde Delli