Annoncée pour devenir la nouvelle boss du GQ France, Claire Hazan (aujourd’hui Head of Podcast chez Spotify) est venue nous parler de hip-hop, de Léna Situations et de soft power américain.
Lookée, vive et déterminée, Claire Hazan sera, à partir de décembre 2024, la nouvelle Head of Editorial Content (directrice éditoriale, en termes moins corpos) du magazine GQ France (groupe Condé Nast). Déjà rodée à l’exercice de la hiérarchie mille-feuille (elle est, depuis bientôt cinq ans, Head of Podcast chez Spotify) et à la recherche de nouveaux vecteurs médiatiques (elle a accompagné la transition numérique des médias du groupe Lagardère au début de sa carrière), elle a réussi à nous convaincre qu’il n’était pas nécessaire (voire déconseillé) de faire une école de journalisme pour avoir une connaissance millimétrée des médias. Entretien d’embauche.
Tu es née dans les années 1980, en région parisienne. Quel est le premier magazine qui t’es passé entre les mains ?
Claire Hazan : Télérama. Pas très original. Mais je suis encore abonnée aujourd’hui.
Quels sont les titres que tu achetais étudiante ?
WAD, un magazine de mode précurseur à l’époque, Vibrations qui parlait de hip-hop, soul et funk comme personne. Et sûrement quelques classiques de la presse féminine… je serais curieuse de rouvrir les numéros pour voir ce qu’on servait aux jeunes filles à cette époque.
Tu as fait HEC, mais tu étais passionnée par la presse. Tu t’es fait ta propre culture média ?
J’étais une journaliste contrariée. Après HEC, j’ai pris l’initiative de me former seule : je décortiquais tous les journaux, je regardais les ours, qui écrivait quoi…
Ton premier papier ?
Mes premières piges ? C’était… chez GQ ! Il y a donc 15 ans.
Comment le titre a-t-il évolué ?
La masculinité et le paysage médiatique ont été chamboulés. GQ a su s’adapter en conservant ce qui fait son identité cool, stylée, exigeante et accessible à la fois. On veut raconter la transformation de la société à travers le sport, la mode, la culture et GQ se doit plus que jamais d’être un vecteur de conversation en prise avec les sujets de son époque.
Qui sont ?
C’est passionnant de réfléchir à ce que doit raconter un média masculin en 2025. Cette question est en perpétuel mouvement et c’est ce qui m’intéresse. D’ailleurs, si on pense un jour avoir la réponse définitive, c’est qu’on est dans la mauvaise direction.
Tu es à l’origine du podcast Canapé Six Places de Léna Situations. Qu’est-ce que le podcast a à offrir au paysage médiatique ?
Une révolution créative et narrative, l’émergence de nouvelles voix et de nouveaux auditeurs, sans compter la connexion plus intime créée avec son audience.
Les podcasts à écouter ?
Une enquête géniale, Wind of change, du nom d’une chanson des Scorpions, dans les années 1990. Il se disait qu’elle aurait été écrite par le renseignement américain pour faire du soft power de l’autre côté du mur pendant la guerre froide. Un journaliste du New Yorker est parti enquêter et en a profité pour explorer tous liens entre culture pop et renseignement. Et Frootch, une auto-fiction singulière et délirante.
Le média que tu conseilles à un ami ?
The Cut, la déclinaison en ligne tournée vers la Gen Z du New York magazine. Et la newsletter Culture Study de Anne Helen Petersen.
Par Violaine Epitalon
Photo Axel Vanhessche