MELISSA BON : « DONNER CONFIANCE »

Melissa Bon technikart

Chanteuse-compositrice devenue star des fashionistas, Melissa Bon se lance dans la création de mode. Toujours avec cette même envie « d’explorer et de transmettre ». Interview crossover.

Après avoir fait tes premiers pas professionnels dans la musique, tu te lances pleinement dans la mode. Pourquoi ce changement de cap ?
Melissa Bon : Certains trouvent un équilibre entre passion et carrière, mais pour moi, avec la musique, ce n’était plus une évidence. Aujourd’hui, je veux juste me reconnecter à la musique sans pression, en allant à des concerts, en jouant avec d’autres musiciens, et en retrouvant le plaisir pur de créer… Pour moi, la musique est devenue trop sacrée pour être une activité professionnelle. Peut-être qu’un jour, j’aurai envie de partager à nouveau, mais ce n’est pas une priorité.

En parlant de ta musique, tu disais, « la création ne traite que du secret »…
J’ai toujours eu cette capacité à exprimer mes émotions, mais certaines étaient trop intimes pour être racontées littéralement. La musique m’a permis d’extérioriser ces sentiments tout en gardant une certaine distance.

Et vers quoi te tournes-tu aujourd’hui pour exprimer tes émotions ?
Honnêtement, rien ne remplace la musique ! C’est un vortex unique qui nous permet de vraiment communiquer nos émotions.

Et la mode ?
C’est différent. J’ai trouvé une autre forme de satisfaction dans la création de vêtements et le stylisme. C’est plus immédiat : je crée quelque chose et je vois le résultat rapidement. J’aime aussi l’idée d’aider les autres à s’exprimer à travers leur style. Un vêtement peut être une seconde peau, une manière d’affirmer qui l’on est. Il y a quelque chose de profond et d’intime là-dedans.

Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Sur un vêtement qui me tient à cœur avec Dieylane Cissé, un designer talentueux. On avait initialement collaboré sur un pantalon qui me correspondait totalement. Il a reçu un super accueil.

Tu t’apprêtes à le commercialiser d’ailleurs…
Oui, cette pièce, c’est mon rêve de pantalon parfait ! Très long, idéal pour les grandes silhouettes, avec une coupe « barrel » (forme ballon, ndlr) qui crée un bel équilibre. Ma silhouette phare est souvent en 8, et ce design s’inscrit dans cette continuité. Ce n’est pas forcément une marque, mais plutôt un projet créatif où je proposerai des pièces qui me ressemblent…

Le stylisme semble être une passion ancrée chez toi…
Oui, mon enfance a joué un rôle énorme. Ma mère avait deux boutiques de vêtements à Genève, j’ai grandi là-dedans… Petite, j’étais souvent à derrière et j’observais les clients. C’étaient des boutiques intimistes où les gens venaient prendre le temps, j’adorais voir les relations qu’elle construisait avec eux. J’ai commencé à m’intéresser aux vêtements en essayant des pièces et en rêvant de ce que je porterais plus tard. Mon rapport au style a vraiment commencé là, vers 5-6 ans.

Tu considères Paris comme ta maison, ou c’est encore la Suisse ?
Ce sont mes deux maisons. Née à Genève d’une mère éthiopienne et d’un père franco-suisse, j’ai mis beaucoup de temps à me sentir chez moi à Paris, mais ce n’est pas tant une question de ville, c’est plutôt « Home is where the heart is ».

Ton approche de la mode ?
Comme pour l’influence, tout se fait de manière organique : j’explore, je crée ce que j’aime et ça fonctionne parce que c’est sincère.

Et ce que tu veux transmettre à travers tes créations ?
J’aime l’idée de pouvoir donner un élan de sécurité, de confiance en soi, que la personne a déjà, et qui va être amplifié via le vêtement.

@melissabon

 

Par Adèle Thiéry
Photos Basile Bertrand
DA Hugo Jean
Stylisme Anaïs Dubois
MUA Marie-Line Laguerre