Son compte X est une mine d’infos et de commentaires incisifs sur le monde de la mode. Entre deux scoops, le journaliste-influenceur Louis Pisano est venu nous refiler quelques conseils lecture.
Aussi maniéré que friendly, l’Américain Louis Pisano incarne un nouveau genre de chroniqueur fashion : indépendant, irrévérencieux et ultra-online. Fraîchement débarqué à Paris après une enfance entre les US et Okinawa, bercée par Details Magazine et les chaînes météo, et après avoir travaillé pour Harper’s US ou Vogue France, Louis Pisano est désormais surtout actif sur X, Insta et Substack (Discoursted) où il balance des scoops, bavarde et bitche (un peu). Interview sharp.
Tu as grandi entre les États-Unis et le Japon, dans une famille de militaires catholique. Quelles lectures t’ont fait basculer dans le monde très précieux et extravagant de la mode ?
Louis Pisano : J’ai consommé beaucoup de news – je regardais religieusement la chaîne météo – et puis je me suis mis à acheter Details Magazine, qui n’existe plus. C’était une sorte de GQ traitant de voitures, lifestyle, fashion… Ça m’a ouvert un nouveau monde, dans lequel s’intéresser à sa toilette n’était pas forcément un « truc de gay ». J’avais l’habitude de cacher les magazines derrière mon lit…
Avec quel média as-tu développé l’envie d’écrire ?
Vogue, définitivement. J’ai grandi avec Sex and the city, je voulais être Carrie [Bradshaw], travailler pour Vogue. Et j’y suis arrivé.
Ton écriture est sharp et bitchy. De qui t’inspires-tu ?
J’ai passé une grande partie du début de ma carrière à vouloir imiter Derek Blasberg, il était déjà un journaliste influenceur et il travaillait avec les marques et les magazines. Bref, il avait compris le système.
Ton média du matin ?
J’ai des notifications grâce à des mots-clés, « fashion », « mode », tout simplement. Je les vérifie toutes les heures. Sinon, je lis Glitz (un ami me prête son abonnement, c’est cher !). Et j’aime beaucoup Puck News – même si une personne chez eux, que je ne citerai pas, récupère pas mal de scoops sur mon compte X (rires).
Toi, tu les trouves où tes exclus ?
Dans mes DM (messages privés, ndlr), le plus souvent.
Tu travailles pour des publications anglaises comme françaises. Quelles sont les différences majeures dans le traitement de la mode ?
J’ai remarqué que mes textes étaient plus nettoyés, corrigés dans les éditions françaises. Elles n’aiment pas entendre la voix de l’auteur derrière le texte. En France, le journalisme est traité comme un art sacré, destiné à une sorte de classe supérieure. Alors que de mon côté, je préfère vulgariser et simplifier les sujets, pour ceux qui n’y connaissent rien. C’est mon américanisme qui revient au galop.
Le magazine à emporter en vacances ?
Un tabloïd, comme Us Weekly. Simple et trash.
Quel magazine offrir à un ami ?
Another Magazine. Un peu fashion, très intello.
Tu écris presque davantage sur les réseaux que dans les mags. On a un mot pour ça, les J-Influenceurs (journalistes influenceurs, ndlr).
Oui j’ai été appelé comme ça, de nombreuses fois, de façon positive comme négative. Et d’ailleurs, à terme, je ne veux plus travailler pour les magazines.
Pourquoi ?
Parce que je veux écrire mes chroniques au moment où les choses ont lieu. Je n’ai pas envie d’attendre une semaine. Je me sens plus libre sur Substack, par exemple, je n’ai pas à m’inquiéter de tel annonceur dont je ne peux pas parler.
Quel compte faut-il suivre sur Substack ?
Feed me, par Emily Sundberg, un incontournable. Et le mien (Discoursted) !
Par Violaine Epitalon
Photo Axel Vanhessche