STELLA LI : « LA VOITURE, UN LIEU RÉJOUISSANT »

BYD stella li technikart

La marque automobile chinoise Build Your Dreams (BYD), premier fabricant de batteries électriques, séduit de plus en plus d’Européens avec ses SUV hybrides. Interview de sa Vice-Présidente, Stella Li, élue personnalité automobile mondiale de l’année, à l’occasion du lancement français du SUV Atto 2.

Vous supervisez 110 000 ingénieurs qui travaillent sur plusieurs innovations. Comment centralisez-vous toutes les idées qui naissent au sein de ces travaux ?
Stella Li : On nous demande souvent ce qu’est BYD ? C’est une entreprise d’ingénieurs – plus de 10 % de nos employés le sont. Nous travaillons avec plusieurs pôles de Recherche et Développement (R&D), et tout fonctionne car tout est segmenté. Nous avons 1000 ingénieurs R&D dédiés uniquement à la sécurité de la batterie par exemple. Et parmi eux, 300 ont un doctorat, et travaillent à un niveau très profond de la science matérielle. Le même système s’applique à l’auto-drive qui sera disponible sur tous nos véhicules, y compris les modèles plus abordables. Nous avons 5000 ingénieurs R&D dédiés au software de cette fonction, qui ont travaillé pendant plusieurs années, main dans la main avec un autre groupe d’ingénieurs R&D pour le hardware. On essaye de tout penser par nous même. On développe également un Lidar, un radar hyper avancé.

Certaines de vos recherches n’ont pas d’applications directes à vos technologies ?
C’est ce qui fait notre force. Beaucoup de nos projets ne sont pas liés à l’industrie BYD. Ils étudient les matériaux rares, la céramique… C’est juste pour qu’on comprenne cette technologie. De même, pour nos batteries, une de nos équipes a cherché une structure fondamentale pendant plusieurs années, qui n’a jamais été industrialisée. En fin de compte, ça nous a permis de comprendre le principe, d’augmenter la sécurité de nos produits.

Aujourd’hui, les voitures chinoises comptent pour 3 % des immatriculations en Europe. Sur quel modèle comptez-vous pour pénétrer ce marché ?
Notre objectif, c’est d’utiliser toutes nos technologies, pour couvrir le marché de l’accessible au premium. En novembre, nous avons lancé notre Sealion 7, c’est une premium dans le segment D. Elle est luxueuse et possède toutes nos fonctionnalités high-tech. Et la semaine prochaine, nous lancerons le nouveau modèle l’Atto 2, qui est un SUV citadin accessible, mais avec toutes les technologies high-tech de BYD. Notre meilleur modèle en Europe, c’est le Seal U DM-i, une hybride qui a une autonomie de 1100 kilomètres…

D’ailleurs vous vendez aussi des batteries à des marques comme Tesla ou Mercedes…
Oui, mais pas que. Un tiers des smartphones mondiaux ont un composant BYD. Ce que les gens aiment chez BYD, c’est l’esprit d’innovation. Nous avons plus de technologie et de matériel que Tesla parce que nous avons une capacité industrielle très forte. La plupart de nos composants sortent de nos usines. Et nous avons aussi une technologie DMI, un modèle super-hybride avec des technologies que nos concurrents n’ont pas.

En parlant d’innovation, BYD travaille à des bus électriques, des camions électriques. Dans le futur, on pourrait envisager de passer au tout électrique ?
Tout à fait. À terme, tout ce qui fonctionne par énergie peut être remplacé par un moteur et une batterie électrique. C’est pourquoi le modèle SEAL U-DMI est devenu si populaire en Italie, en Espagne ou en France, les gens veulent tester les nouveaux moteurs électriques, mais se préoccupent de la vitesse de l’infrastructure changée. Donc notre technologie hybride résout toutes les questions dans le voyage et le quotidien. On peut l’utiliser comme une voiture électrique dans la vie de tous les jours, puis passer en essence pour les vacances.

« QUE LA VOITURE S’OCCUPE DE NOS BESOINS ÉMOTIONNELS. »

 

Vous travaillez avec DeepSeek. l’IA, aujourd’hui, est devenue le point d’orgue de toute voiture autonome ?
Oui, on utilise DeepSeek pour notre système d’IA dans nos modèles vendus en Chine. En ce qui concerne la conduite autonome, on a construit un modèle parce qu’on avait besoin de récolter des données, qui entraînent notre voiture pour qu’elle soit plus agile. Mais DeepSeek nous aide surtout pour l’expérience du conducteur. Dans nos voitures chinoises, on peut s’asseoir et demander « qu’est-ce qu’il s’est passé aujourd’hui ? » et la voiture vous répond. Mon rêve c’est que la voiture devienne une amie. Qu’on puisse entrer dedans et se confier, lui demander de nous réconforter, de nous raconter une blague. Qu’elle s’occupe de nous, de nos besoins émotionnels, même mieux que n’importe quel membre de notre famille. Ce genre de technologie peut nous rendre heureux.

La voiture du futur est une sorte de lieu de vie ?
C’est surtout un lieu divertissant. Un lieu pour avoir des échanges, prendre soin de soi. C’est ce qui rend nos voitures vraiment utiles. Il y a des karaokés, les fonctions V2G et le V2L. Si un jour on est de mauvaise humeur, on peut conduire à la plage, s’y faire un bon café grâce au V2L. De même, pour les enfants ! Ils font beaucoup de bruit, c’est terrible, surtout en voiture… Celle-ci pourrait dire : « Les enfants, jouez au jeu, regardez ce film ». J’ai vécu une expérience amusante. On conduisait notre voiture à la plage, avec nos enfants. On est resté dedans pendant 20 minutes parce que ma fille s’amusait avec le karaoké, et voulait finir de chanter. C’est ce genre d’expérience qu’on veut apporter en Europe.

Par Adèle Thiery