ABIDJAN, AFRICA : BONS BAISERS DE BABI

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Ces dernières années, la métropole ivoirienne attire l’œil de ses voisins : hôtels haut standing, buildings ultra-luxes, plages à faire pâlir d’envie les Dubaïotes, et surtout, promotion de la culture et des traditions abidjanaises.
Notre reporter est allé y faire un tour.

23 heures. Abidjan. Je foule le tarmac de l’aéroport Felix Houphouët. Après un rapide contrôle de mon vaccin contre la fièvre jaune, j’attrape mon balluchon et je rencontre mon guide pour les prochains jours. Direction le centre-ville.

La réputation méritée de Babi (surnom d’Abidjan), vient d’une effervescence indéniable. Avec ses 6 millions et demi d’habitants et une moyenne d’âge de 20 ans, la ville est une des métropoles les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest. Entre sièges sociaux et hôtels premiums, elle se développe à vue d’œil et ça s’accélère encore depuis la coupe d’Afrique de football 2024, la ligne 1 du métro abidjanais devrait même rouler d’ici 2028. Si c’est le cœur économique du pays, c’est également le noyau d’une culture éclectique, bercée par son héritage et son authenticité. À la manière de Miami, vous y retrouverez une baie à couper le souffle, une ambiance un brin jet set et des festivités à n’en plus finir… Néanmoins, son homologue africaine, elle, se targue de son supplément d’âme. C’est simple, prenez un sens du partage sans limite, une fierté XXL, un humour mordant et un style travaillé malgré la chaleur, mélangez le tout et vous obtiendrez un citoyen d’Abidjan.

CAPITALE CRÉATIVE

Très loin de se résumer à ses nuits coupé-décalé et ses brochettes d’alloco, Abidjan s’impose aujourd’hui comme le spot le plus artsy d’Afrique de l’Ouest. La fresque murale côtoie le brunch chic, et la broderie contemporaine s’admire avec un verre de bissap à la main. Que ce soit au sein des lobbys de différents hôtels, en galerie ou dans la rue, la ville pétille de références artistiques.

Parmi les portes étendard de cette culture, on retrouve Joana Choumali, la photographe, artiste visuelle et lauréate du prix Pictet 2019. L’artiste explore et dévoile sa ville natale avec un regard tendre, dans des compositions mêlant broderies, photographies et peintures. Après avoir exposé dans le monde entier, et notamment à la Paris photo 2024, on nous souffle à l’oreille qu’une expo serait à retrouver courant mai 2025, dans le cœur d’Abidjan, au sein de la galerie Farah Fakhri. De quoi découvrir l’artiste à domicile. Il y a aussi Aboudia, l’excellent peintre dont le style oscille entre un Basquiat 2.0 et celui d’un gamin hyperactif. Il a grandi à Yopougon, le quartier le plus vibrant d’Abidjan, avant de beaucoup s’en inspirer, puis d’être propulsé à la une de toutes les Biennales. Et comment ne pas parler de Tamsir Dia, le plasticien à l’allure de vieux sage qui retranscrit mieux que personne le capharnaüm sensorielle que représente la ville. 

Les initiatives artistiques sont partout, comme avec l’arrivée récente du premier festival itinérant de street art, Graff Ivoire : Une quinzaine d’artiste de toute l’Afrique de l’Ouest qui, à bord d’un van aux allures de la Mystery machine de Scooby doo, réalisent des fresques qui partent de l’hôtel Pullman pour parcourir toute la côte jusqu’à la fameuse station balnéaire d’Assinie. Autant vous dire que les traces laissées sur leur passage sont explosives de couleurs.

SAUCE BISSAP

Dans le cœur abidjanais, chaque adresse est une secousse. D’abord, l’Allocodrome, le temple du braisé. Ici, l’alloco (banane plantain frite) est une religion, l’attiéké (semoule de manioc) son évangile, et la sauce graine une délicieuse punition divine. Après ça, direction le Marché de la Cava, le panthéon de l’artisanat ivoirien : pagnes colorés, sculptures, bijoux, masques traditionnels… Besoin de se tailler des épaules façon Sebastien Chabal ? L’Adamantium Boxing Club est sur le chemin. Ricardo Bhaly, champion d’Afrique, vous fera vite comprendre qu’avoir un cardio d’un DJ, c’est bien, mais maîtriser la droite d’un garçon de Babi, c’est mieux. L’objectif ? Tenir deux rounds sur un ring, et surtout, sur le dancefloor de l’Eden Skybar. Là-bas, tout le monde danse en chemise blanche, cocktail en main, persuadé d’être le futur manager de Burna Boy. Pourquoi pas vous. 

Après le tumulte, direction l’Île Boulay, chez Valdez, où la lagune rend le lac de Côme has been. Coucher de soleil, rosé et poissons grillés : vous risquez de vouloir y rester cloîtré deux semaines. À quelques kilomètres, Assinie est son alter ego balnéaire : Entre plages sauvages et resort de luxe, c’est la station balnéaire des habitués de Babi. À l’embouchure de la lagune, on croise des bateaux privés, des barbecues XXL et des parties de beach volley qui finissent en dancefloor. Et pour ceux qui ont peur de passer pour un gaou, ce naïf qui ne capte rien au nouchi (argot local), procurez-vous Le BAAB, le magazine le plus branché d’Abidjan, créé par Alice et Sylvain, à la pointe de toutes les actus et bons plans locaux. Rendez-vous en avril sur la plage ?

 

Par Max Malnuit