À 32 ans, le très charismatique Adam Bessa tourne aussi bien dans des grosses machines hollywoodiennes avec Chris Hemsworth, que dans de petits films d’auteur.
Légende photo : TAILLÉ COMME UN ROC_ Avocat reconverti dans le grand banditisme dans la série, Driss Jebli est incarné par Adam Bessa, 32 ans, et déjà dix films à son actif.
Dans Technikart, nous avions écrit que vous aviez le charisme de Marlon Brando et dans Ourika, vous incarnez une nouvelle version d’Al Pacino dans Le Parrain.
Adam Bessa : (Rires) Ce sont de grands acteurs, des inspirations. En tout cas, merci pour le compliment.
Quel est votre parcours ?
J’ai grandi du côté de Nice. Enfant, j’adorais le foot et j’ai fait le centre de formation de l’AS Monaco. Je n’avais pas la détermination ou le mental d’acier nécessaires pour passer pro et j’ai lâché l’affaire à 17 ans. Et vers 19-20 ans, j’ai plongé dans le cinéma. Quand je regardais un film, je consultais les filmographies sur IMDB et je visionnais tous les films de tel chef opérateur ou de tel metteur en scène.
Quand arrivez-vous à Paris ?
Vers 22 ans. Je ne connaissais personne. J’ai fait une licence de droit à La Sorbonne et j’ai essayé des cours d’art dramatique, mais cela ne m’a pas plu. J’ai donc acheté des livres – Stella Adler, Louis Jouvet… – et j’ai lu tout ce que je pouvais trouver. J’allais tous les jours à la filmothèque du quartier latin, et j’ai tout regardé depuis les années 1950. J’étais très impressionné par Meryl Streep, Marlon Brando, qui change tout dans le métier, James Dean, Benicio del Toro, Joaquin Phoenix, Heath Ledger, Cate Blanchett…
Votre filmographie est plutôt étonnante et vous alternez des petits films d’auteur, comme l’extraordinaire Harka, avec des grosses machines US comme Tyler Rake, aux côtés de Chris Hemsworth.
J’aime beaucoup Harka, c’est un très beau film tourné par 50° en Tunisie. Mais j’ai toujours adoré les grosses machines comme Jurassic Park, Les Dents de la mer ; j’ai grandi avec Steven Spielberg.
Comment ça se passe pour vous, quand vous êtes sur Tyler Rake 2, une kalachnikov à la main ?
Cela demande une concentration, une précision énormes. Une prise avec une voiture qui explose, on ne peut pas la refaire, il donc assurer tout de suite, tout le temps. De plus, Chris Hemsworth est un mec très cool, très sympa, un surfeur australien qui marche sur les traces de Brad Pitt.
Et Ourika ?
Ils avaient vu beaucoup d’acteurs, car il fallait que ça matche entre les deux frères Jebli. J’ai rencontré Clément Godart, co-créateur de la série avec Booba, et on s’est très vite compris. J’aime bien essayer de déconstruire l’image que l’on a des arabes. Quand on parle des mecs de banlieue, c’est rarement pour mettre en avant des gens qui ont fait des études, ou qui travaillent à des postes importants. Vous savez, j’ai eu un prix à Cannes pour Harka (prix d’interprétation dans la sélection Un certain regard, en 2022, ndlr) et les journalistes n’en ont quasiment pas parlé. Certains directeurs de casting demandent même à mon agent si je parle français parce que je tourne des films en langue arabe…
Vous n’aviez pas peur des stéréotypes en acceptant Ourika ?
Non, car Clément connaissait très bien le milieu et il m’a présenté certaines personnalités. Le vrai Driss ressemble à un ingénieur de la Silicon Valley, alors que c’est un des plus grands trafiquants français de cannabis. Et c’est inimaginable pour la plupart des gens. Ces trafiquants sont très intelligents, ils font preuve d’une grande adaptabilité, fréquentent les plus hauts milieux. J’avais vraiment envie d’incarner un tel personnage, avec sur les épaules le poids du destin, tel Michael Corleone, qui essaie de s’émanciper de sa famille. Si je joue un voyou, il faut que cela soit intéressant…
Par Marc Godin
Photos Axel Vanhessche