Le soleil d’Arabie Saoudite a éclairé ce février pluvieux à l’occasion du vernissage de l’exposition « Al Ula Studio », réunissant le fruit du partenariat entre la Villa Hegra, les Écoles Nationales Supérieures d’architecture Paris-Malaquais – PSL et Val de Seine ainsi que le Collège d’architecture et de design de l’Université Prince Sultan à Riyad.
C’est au sein de la nouvelle galerie d’architecture de Paris-Malaquais que les travaux des étudiants ont été exposés, sous le regard d’Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, architectes du projet de la Villa Hegra et prestigieux jury à l’occasion de cette fin de studio. Le commissariat de cette exposition est assuré par Meriem Chabani, architecte, urbaniste et maîtresse de conférence associée à l’École d’architecture Paris-Malaquais – PSL.
Après le discours de Jean-Baptiste de Froment (directeur de l’ENSA Paris-Malaquais), c’est Fériel Fodil, la directrice de la Villa Hegra, qui a introduit le vernissage en rappelant l’importance et la qualité des échanges culturels franco-saoudiens, applaudit par l’ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabre présent à l’occasion. Étienne Tricaud, directeur de l’architecture et de l’urbanisme de l’Agence française pour le développement d’Alula (AFALULA) ainsi que Sara Ghani, directrice de l’espace AlUla Design de la Commission royale pour AlUla, ont également salué cette réussite, ainsi que la qualité des travaux des étudiants.
Le thème qui a guidé ces derniers dans la réalisation de leurs projets est simple : « Al Ula, l’impossibilité d’un désert ». Rien que ça. Cinq équipes franco-saoudiennes d’étudiants, armés de leurs carnets de croquis et appareils photo, ont donc exploré in situ ce lieu magique, désert dans lequel l’humain dessine depuis la préhistoire une architecture oasienne au carrefour de la route de la soie. Lieu de halte pour les marchands, la vieille ville prospère d’Al Ula est finalement abandonnée dans les années 80. Il faudra attendre 2016 pour que le prince héritier de l’Arabie Saoudite, Mohammad Ben Salman, lance un programme patrimonial et culturel pour faire d’Al Ula la « new place to be ». Quel meilleur endroit donc, pour de jeunes architectes en devenir, de faire projet. Ce lieu, qui réunit histoire et tradition, se tourne vers le futur – et le bon ! Celui dans lequel on compose la ville au regard des enjeux climatiques notamment, ou l’économie de l’eau et des ressources conjugue l’architecture au futur pour de nouvelles formes d’habiter.
C’est une des raisons pour laquelle la villa Hegra, accompagnée par l’association Patrimed (dédiée à la sauvegarde du patrimoine méditerranéen), l’Agence française pour le développement d’AlUla (AFALULA), et la Commission royale pour AlUla (RCU), se tourne vers Paris pour lier les savoir-faire urbains hérités d’une longue tradition de bâtisseurs à la vision moderne. Notre Paris Haussmannien, construit sur un socle gothique dont Notre-Dame est l’effigie, reste un des plus beaux exemples au monde d’une ville qui intègre et réinvente nos manières d’habiter à travers les siècles. Transports, infrastructure, tourisme, patrimoine… Autant de questions qui se posent aujourd’hui à Al Ula. Les projets des étudiants illustrent ces thématiques, proposant logements sociaux, équipements publics, aménagements urbains ou encore mise en valeur du parcours archéologique de la vieille ville. Maquettes, dessins, peintures et collages ont été élaborés pour exprimer leurs projets dans le contexte, pour en sublimer les particularités. Ces associations d’idées liées à leurs enseignements respectifs et la culture architecturale dont ils sont issus, dessineront la future ville d’Al Ula. Trois équipes lauréates représentant les trois écoles auront l’occasion de mettre à profit leur production dans le cadre d’une résidence au sein de la villa Hegra prévue en 2026.
De cette amitié franco-saoudienne et ce travail collaboratif, on peut dire que le titre du manifeste de Lacaton et Vassal résonne plus que jamais : « Il fera beau demain ». Oui, la nouvelle génération d’architectes travaille déjà à l’internationale à la réussite de ce projet : faire de demain une ville plus belle, dans laquelle l’histoire et le présent se mêlent en cœur, du désert à la Seine.
Par Anna Amoretti
Photo Christophe Pelletier / Make it Live