La comédienne Anaïde Rozam incarne Isabelle de Rochechouart, inspirée de la productrice Alexia Laroche-Joubert. Interview speed.
Tu joues un rôle d’Isabelle de Rochechouart (alias Alexia Laroche-Joubert dans la vraie vie ndlr), à l’origine de la création de « Loft Story ». Que connaissais-tu de l’émission ?
Anaide Rozam : Pas grand chose, je connaissais l’existence de Loana. Mais à l’époque du Loft j’avais quatre ans, donc j’ai tout découvert sur le tournage.
Comment t’es-tu documentée pour le rôle ?
Très simplement en regardant des épisodes du Loft. Et puis, j’ai visionné un nombre incalculable d’interviews d’Alexia Laroche-Joubert pendant plusieurs mois. Je me levais avec sa voix, je me couchais avec sa voix !
Ton personnage défend l’idée que la série va inventer la télé de demain.
Je suis d’accord, et si on va plus loin, je trouve que ça n’invente pas que la télé de demain, c’est aussi précurseur de l’arrivée des réseaux sociaux et du basculement vers une nouvelle ère. Mais oui, à l’époque du Loft, on ne donne plus seulement la parole aux élites et aux intellectuels, mais on ouvre la porte à une nouvelle génération plus impertinente, moderne et qui représente beaucoup plus la France.
Ton personnage est déterminé, sans scrupules et un peu revêche.
Sans scrupules, je trouve ça un peu fort. Chaque acteur doit être touché par le personnage qu’il incarne, même les plus grands méchants ont une vulnérabilité. Donc j’ajouterais, visionnaire et concentrée. Je ne sais pas si on aurait eu les mêmes adjectifs si c’était un homme. Une femme des années 2000 évoluait dans un environnement très patriarcal. Dans la série, on lui fait comprendre qu’elle est facilement remplaçable. Peut être qu’il faut, de ce fait, donner plus pour arriver à ses fins quand on est une femme d’une petite trentaine dans les années 2000. Et encore aujourd’hui…
Après avoir tourné Culte, t’es-tu posé la question de ton image publique ?
Quand on voit de quelle façon une célébrité « trop rapide » peut abîmer quelqu’un, on se dit qu’on n’est pas fait pour être mis sur un piédestal, être adulé ou détesté. Il faut savoir se protéger, s’entourer et se rappeler que le métier d’acteur n’est qu’un métier.
Si tu avais participé à l’émission à cette époque là, tu aurais préféré être côté producteur ou côté candidat ?
Aucun des deux. Le producteur est soumis à un stress permanent et moi, au contraire, j’ai besoin de calme. Ce rôle m’a fait réaliser à quel point la santé mentale en prend vraiment un coup et je ne pense pas que j’aurais eu les épaules pour subir une telle pression.
Quelle était la part de réalité et de fiction dans le domaine de la production ?
On tournait une fiction, donc je n’ai pas essayé de comprendre le fonctionnement dans la réalité plus que ça. Ce qui se passait réellement au moment du Loft ne m’intéresse pas. Le scénario est inspiré d’une histoire vraie, mais cette série est une fiction.
Ta vision de la télé-réalité a-t-elle changé ?
Je ne n’avais pas réalisé l’énorme différence entre la période du Loft et la télé-réalité d’aujourd’hui. Dans « Loft Story », il y avait une authenticité que je trouvais vraiment touchante avec même des scènes intelligentes. On voyait des jeunes gens très différents qui parlaient de philo, qui s’inquiétaient pour leur avenir, etc. Aujourd’hui c’est beaucoup plus stéréotypé.
Tes futurs projets ?
Une série Canal+, Iris, réalisée par et avec Doria Tillier et bien d’autres et ensuite le second long-métrage de Martin Jauvat, avec Emmanuel Bercot et William Lebghil !
Par Alexis Lacourte, Léa Guillonnet et Laurence Rémila
Photo : Jeanne Pieprzownik