Aux côtés de Robert Pattinson, la Française Anamaria Vartolomei, révélée par L’Événement, se métamorphose en guerrière badass dans Mickey 17.
Depuis 2022 et votre César du meilleur espoir féminin pour L’Événement, votre parcours est un sans-faute : L’Empire de Bruno Dumont, suivi de Maria et du Comte de Monte-Cristo. Et vous avez seulement 25 ans.
Anamaria Vartolomei : Oui, mais de mon côté, je me dis seulement « il faut que je travaille plus ! » (rires)
L’avant-première mondiale de Mickey 17 a eu lieu à Londres le 13 février. Comment cela s’est-il passé ?
C’était dingue ! C’est la première fois que l’on présentait le film au public, nous sommes donc tous restés dans la salle pour écouter les réactions des spectateurs. On voulait prendre la température… Ça a bien réagi et les gens étaient excités, très réceptifs. C’est un film avec beaucoup d’humour noir, du pur Bong Joon-ho, qui mixe les thèmes et les genres, avec de l’action, de la SF, de la politique évidemment…
Vous avez un pied dans le cinéma d’auteur, l’autre dans le cinéma commercial.
C’est vraiment ce que je veux réussir sur le long terme. Mon modèle, ce sont des actrices américaines comme Scarlett Johansson qui font des blockbusters qualitatifs et de petits films indés.
Avez-vous tourné Mickey 17 avant Monte-Cristo ?
Absolument.
Comment avez-vous été engagée ? Bong Joon-ho vous avait vue dans un film ?
Bong était président du festival de Venise quand nous avons présenté L’Événement (film d’Audrey Diwan, d’après Annie Ernaux, ndlr), un film très fort, qui reste, et dont on me parle très souvent. Quand le film a obtenu le Lion d’or, je suis montée sur scène, Bong m’a pris les mains et il m’a dit « You’re the best » (elle explose de rire). J’avais 20 ans et j’ai cru m’évanouir. Des mois plus tard, j’ai reçu un message de la Warner me demandant de faire une tape pour lui. J’étais supposée me présenter mais je lui ai envoyé un message du style « comment ça va depuis Venise ? À bientôt. » Tout s’est passé par mail, via la Warner, ce qui était plutôt bizarre, jamais un coup de fil… J’ai reçu un mail comme quoi j’étais validée par Bong, mais pas encore par la production. Puis un jour, j’ai fait un Zoom avec lui. On m’avait envoyé le scénario et Bong me parlait du personnage, de ce qu’il aimerait et je lance : « Je fais donc le film ? » Et lui de répondre : « Je t’ai fait passer le script, on discute depuis une heure, qu’est-ce que tu crois ? » (rires). Le reste a été assez irréel, une aventure dingue, les essais costumes, les allers-retours en Angleterre, dans ces studios immenses…
Vous connaissiez les précédents films de Bong Joon-ho ?
Bien sûr, j’ai vu Memories of Murder, Mother, Okja, Snowpiercer, Parasite, évidemment… J’ai envie de travailler avec plein de réalisateurs étrangers, mais Bong, qui bosse le plus souvent avec des acteurs coréens, cela me semblait impossible, intouchable.
Un petit mot sur votre personnage, Kai Katz ?
Elle est très pragmatique, elle fonce, c’est une guerrière, un soldat badass, cool et motivé. J’avais une scène d’entretien d’embauche et elle était too much. Un des producteurs m’a expliqué qu’ils l’ont coupée, car Kai Katz devenait imbuvable pour les spectateurs. Maintenant, le public l’adore. Avec une seule scène, la perception d’un personnage peut complètement changer !
Le tournage à Londres a duré combien de temps ?
J’avais une grosse vingtaine de jours, étalés sur deux mois. Je suis restée à Londres, aux studios Leavesden. Je suis plus habituée aux petites productions et je voulais profiter du spectacle. Mais sur un tel blockbuster, les acteurs sont très isolés, tu peux passer tes journées dans ta loge. J’ai dit que j’aimerais bien être sur le plateau afin de voir Bong et mes partenaires travailler, pour profiter à fond de l’expérience. Il faut demander des autorisations, mais à la fin, c’est possible, bien sûr. Et c’était formidable, car ils sont tous créatifs, ce sont des virtuoses.
Et Bong Joon-ho ?
Il est génial. Tellement gentil, créatif, complètement passionné par le cinéma et ce qu’il fait. Il va très vite et c’est un génie de la direction d’acteurs.
Sur une grosse production comme celle-ci, il avait du temps pour ses acteurs ?
Il prend le temps ! Il ne s’arrête pas tant qu’il n’a pas ce qu’il veut, il est vraiment maître de son vaisseau.
Vous aviez peur sur cet immense projet ?
Oui, car je me sentais un peu illégitime, je n’avais pas auditionné. Bong m’avait vue dans L’Événement, où je jouais un personnage très déterminé, mais Kai Katz est différente. J’avais un peu peur que l’image qu’il avait de moi se révèle fausse, que je n’arrive pas à combler ses désirs.
C’est compliqué de jouer en anglais ?
Je pensais répéter en français, puis reprendre en anglais, mais ça ne marche pas comme cela. J’ai bossé avec un coach et j’ai dû faire une « rééducation » en anglais. Ça a été un travail passionnant autour de la langue et cela a façonné mon jeu.
Et l’expérience de bosser avec des stars ? Vous avez pu côtoyer Mark Ruffalo ou la mégastar Robert Pattinson ?
Ce sont des gens passionnés. J’adore Mark Ruffalo et il est vraiment avenant, sympathique, encourageant. Quand on a fini de tourner, il m’a dit « You nailed it, kid ». Je me sentais petite à côté d’eux, j’avais envie de bien faire. Ils sont tous bienveillants et ne lâchent rien.
Votre rôle est très physique, vous avez même un flingue.
J’ai vraiment kiffé cela, j’ai même bossé avec les cascadeurs…
Mickey 17 de Bong Joon-ho
Sortie en salles le 5 mars
Entretien Marc Godin