« Tu tiens le coup jusqu’à la réouverture des salles ? » Cette question, anodine lorsqu’elle est posée entre des cinéphiles se plaignant de la taille de l’écran sur lequel ils ont pu visionner Mank, devient problématique dès qu’elle vise des professionnels du secteur. Il y a le cashflow à prendre en compte, les traites qui n’attendent pas, les intérêts qui montent… Et cette impression d’être coincé au milieu d’une énorme partie de « je te tire, tu me tires, par la barbichette ». Le premier qui craque ? C’est celui qui vend à Netflix, récupérant sa mise au passage. (C’est toujours mieux que de prendre le risque de tout perdre plus tard, sachant que seulement 25 % des sorties au moment de la réouverture seront rentables.)
C’est dans cette ambiance de fin de banquet que les producteurs du Madame Claude de Sylvie Verheyde viennent de refiler leur film à Netflix, préférant une présence sur la chaîne aux 200 millions d’abonnés à une réouverture, encore incertaine, des salles. Dans ce cas de figure, Netflix débourse un chouïa plus que le budget initial du film, permettant à la prod’ de rentrer dans ses frais et de passer à autre chose sans plus attendre (et en espérant ne pas s’être débarrassée du nouveau Bienvenue chez les Ch’tis). Et ce n’est qu’un début : parmi les 200 (!) films qui attendent la réouverture, d’autres vont sûrement craquer d’ici la fin du lockdown.
Moralités :
– La plateforme, qui compte investir 20 milliards de dollars dans ses propres prods cette année, est désormais le premier studio hollywoodien.
– Pas grave si les jurés des Oscars découvrent d’abord notre coverstar Tahar Rahim dans Le Serpent, sa série Netflix. Tant que vous vous rattrapez en votant pour son film The Mauritanian juste après.
– Et surtout : qu’il figure également en bonne place au Festival de Cannes 2021 (prévu pour la mi-juillet). On a déjà prévu d’y être avec le TechniBoat, alors…
Bonne lecture, on se retrouve dans un mois,
Laurence Rémila
Rédacteur en chef