On passe notre temps à rassurer les hommes sur la taille de leur engin. Notre chroniqueuse lève le voile sur le fantasme « origine du monde »…
En 2011, une amie se confie sur la malformation de son vagin. J’ai le privilège d’être sa première interlocutrice. Elle me fait part de ses observations depuis qu’elle a perdu sa chaste intégrité. Ça fait plus d’un an et celui qui occupe aujourd’hui la place de résident permanent n’arrive pas à tenir plus de cinq minutes. Naïve, je conclue qu’il doit faire partie de ces éjecteurs hâtifs que je consacre ma vie à fuir. Mais elle rétorque. « Je ne l’ai jamais dit à personne alors tu le gardes pour toi… (Oups) j’ai un problème : mon vagin est super ultra hyper serré ». Je réclame des détails ! Impatiente et affamée comme un chien devant un os à moelle. D’après elle, son conduit est tellement étroit qu’elle a systématiquement mal à chaque pénétration et que les heureux conquérants de sa chatte sont condamnés à se faire la plus grande violence pour ne pas jouir immédiatement. Je l’écoute en lissant la fine moustache dont je suis parfaitement dépourvue et, méfiante, je tranche en décidant de ne plus être amie avec elle. Je déteste les infos invérifiables.
ANOMALIE PRODIGIEUSE
Un an plus tard, je rencontre et conquiers Bruce (appelons-le Bruce). Je viens d’avoir dix-huit ans et c’est le plus bel argument de ma victoire. Bien que je sois déjà passée à la casserole une dizaine de fois, j’ai presque l’air immaculé. Comparée à lui qui m’apprendra avoir cumulé plus de 500 filles… Et pour cause, Bruce a 37 ans. Il est beau, brillant, drôle, réussit dans la vie et, conscient de ses atouts, maîtrise le badinage en virtuose. On ne sort pas ensemble tout de suite parce que je suis une enfant, que ça se voit, et que ça le gêne. Parfois, il craque et m’appelle à quatre heures du matin pour que je le retrouve dans un bar obscur mais autrement, j’appartiens strictement à l’intimité de la chambre. C’est là que je note le culte que Bruce voue à mon sexe, qu’il passe son temps à examiner, à lécher, à toucher,à complimenter. Bruce aime me décrire, quand on le fait, ce que mon étroitesse lui fait ressentir. Je pense à la malformation de mon amie et suppose que peut-être, peut-être, suis-je atteinte de la même anomalie prodigieuse.
FINS DE SOIRÉES
Avoir été au contact des amies de Bruce et de leur dédain à mon égard m’a contraint de faire un lien, rapide certes, mais valable, selon lequel elles enviaient ma peau neuve, mes seins qui tenaient et ma chatte minuscule. Mais si pour Bruce je représentais une aubaine, pour les garçons de mon âge, j’étais une vieille peau en devenir. Et c’est accompagné d’une effroyable paranoïa que j’ai traversé, avec d’autres, la période épidémique des « je rêve de t’enculer » qui ponctuaient mes fins de soirées. J’ai fini par devenir obsessionnelle. « Et si un jour, on ne sentait plus rien ? », avais-je paniqué auprès de mon amie Tara avec qui je partageais mes affaires. Tara a eu l’air surpris et pensait que, comme elle, c’était moi qui devais avoir peur de ne rien sentir. « Les mecs trouveront toujours des moyens d’avoir du plaisir » disait-elle.
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Son argument a été confirmé par Nathalie, une autre amie, plus âgée cette fois, deux enfants et vingt ans de vie sexuelle derrière elle. « Le plus chiant, c’est plutôt la dégradation de l’aspect physique. Mais quand tu as des enfants, au-delà de faire plaisir à ton mec, tu es confrontée à d’autres problèmes, les chutes d’organes ou les fuites urinaires par exemple. Contre ça, ton gynéco te prescrit des exercices pour muscler ton périnée ». Nathalie me confie en outre que finalement, avec l’âge, tout le monde s’en fout, qu’on se préoccupe de choses plus intéressantes et que le fantasme de la petite chatte ne concerne en réalité que les gamines et celles qui pensent que le monde tourne autour de leur sexualité. Je coche les deux cases.
VIOLENTE SEGAL