Chemsex : le grand retour des partouzes sous psychotropes

chem-sexe-porno-drogue

Comment le gamma-butyrolactone (ou GBL), à l’origine un détergent pour jantes de voiture, est-il devenu la drogue de choix des millennials ? Notre reportage en direct des teufs « chemsex » de la capitale.

Loin d’être la dernière trouvaille des amoureux de paradis artificiels, le GBL était déjà une drogue répandue dans les communautés gay des années 90. Aujourd’hui, la molécule s’invite en soirées
privées où les fluides corporels se mélangent sous ses effets euphorisants.

Touz

Adam*, 31 ans et styliste, est un pratiquant assumé : « Le GBL est de plus en plus présent, surtout dans les touz ou les soirées chems car il permet d’allonger la durée du produit que tu as pris en parallèle, c’est
comme l’effet du poppers en prolongé, une belle bouffée de chaleur qui stimule les autres drogues genre la « 3MMC », ou la « Tina ( autres produits fréquemment utilisés) ». Mais que fait-on dans une soirée chemsex ? La prise de psychotropes y accompagne des sessions de sexe généralement sur plusieurs jours « avec un nombre variable de partenaires, en couple ou à plusieurs, et des prises nombreuses de stupéfiants, tout cela pour maintenir et garantir des parties de jambes en l’air beaucoup plus intenses que la normale ».

Si le GBL dans les teufs touche plus les millenials, « dans les soirées chemsex c’est généralement plus la trentaine, voir cinquantaine. Généralement ce sont des gens assez aisés car les produits et surtout la quantité revient chère ». Adam a commencé les partouzes il y a presque 5 ans. Le souvenir de sa première fois est intact : Réaumur Sébastopol, 6h du mat’, sorti de travail, l’envie de ne pas finir seul.

3MMC

Un petit tour sur GrindR et une proposition d’after plus tard, le voilà chez Rb/Bm, autrement dit « Reubeu/Bien monté » ils sont d’abord deux puis un troisième jeune homme les rejoint : « il avait l’air complètement défoncé, plein de TOC, j’ai demandé ce qu’il avait pris et on m’a répondu qu’il était « perché ». J’ai compris plus tard que c’était à cause du 3MMC – une autre drogue de synthèse très prisée dans les soirées chems. Le soir même, je n’avais jamais testé. J’ai pris une trace, puis deux. Je n’ai pas trop senti la différence mais c’est en voyant l’heure, 14 heures, que je me suis dit que j’avais été endurant ». D’abord pas forcément plus charmé que cela, Adam rencontre vite Br_Ttbm, adepte de ces soirées, l’initie et devient très vite dépendant. « Quand tu as connu du sexe aussi hallucinant, c’est très très dur de repasser
à la normale. C’est fade, presque chiant. Tu as envie de sensations fortes, de consommer quoi ».

Lire aussi : Yann Moix : « D’Ormesson a dû prendre beaucoup de sérotonine ! »

Selon aides.org, « le GBL, gammabutyrolactone, est un liquide visqueux incolore. C’est un produit chimique fortement acide, très utilisé dans l’industrie, notamment comme solvant/décapant pour peintures. Il se transforme dans le corps, après absorption, principalement en GHB, un peu en GBL et en acide succinique. C’est pourquoi les effets de ces deux produits sont identiques.”

Lire aussi : La schnouf est-elle soluble dans le coït ?

À l’instar du GHB (ou acide 4-hydroxybutanoïque, un psychotrope dépresseur, le produit est considéré comme moins toxique que le GBL mais avec des effets équivalents, ndlr), le GBL s’acquiert avec une facilité déconcertante sur le web. N’étant pas considéré comme une drogue dure, il est possible d’en acheter via des sites spécialisés, bien qu’il soit « interdit à la vente et à la cession au public depuis 2011 ». En réalité, rien de très difficile sur le web. Sous quelle forme ? Un flacon. 100 doses pour 20€. 120€ le litre. Rentable.

Camille Laurens