Craquante Craco

BALLADE à CRACOVIE

Cracovie va échapper à la folie de l’Euro 2012 qui devrait s’abattre un peu partout sur la Pologne. L’occasion inespérée d’y traîner ses chaussures.

Cela faisait un moment que l’on entendait parler de Cracovie, depuis que nous n’avions recroisé ces amis d’amis ayant fait leur Erasmus là-bas et ne cessant, au moindre shot de vodka, d’en parler avec nostalgie ou ce patron de bar tombé amoureux de la ville et songeant à y délocaliser son troquet. Etant particulièrement réceptif au charme de la mittleeuropa, il nous tardait de découvrir la belle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous ne fûmes pas déçu. Quelle ville… Au premier abord, on la trouve mignonne, élégante, sans forcément manger sa claque tout de suite. Puis, de jour en jour, de ruelles mystérieuses en chapelle bariolées, la voilà qui tisse sa toile, vous envoûte pour de bon, jusqu’à devenir inoubliable.

Rencontrer Cracovie, c’est avant tout faire connaissance avec la Rynek Glowny, centre névralgique de la ville et plus grande place médiévale d’Europe, avec ses deux cents mètres de côté. Bordée de jolies terrasses de cafés, constamment animée, dominée par la superbe église Mariacki, la Rynek est un choc esthétique : on y passe, on y repasse, au coucher de soleil ou au petit matin, sans jamais se lasser de la contempler. Cracovie étant l’une des rares villes majeures d’Europe de l’Est à n’avoir subi aucune destruction, le reste du centre historique, presque intégralement piéton, constellé d’églises et ceint par une bucolique promenade parsemée d’arbres, s’avère à la hauteur de la fameuse esplanade : romantique et ensorcelant.

Un tour en calèche, volontiers

À dix minutes à pied au sud de la vieille ville s’étend le Kazimierz, le quartier juif, qui n’en compte plus guère, la plupart ayant été massacré (Auschwitz n’est qu’à 65 kilomètres) ou ayant fui durant la Seconde Guerre Mondiale. Un site de mémoire bien sûr, qui a d’ailleurs servi de lieu de tournage pour la Liste de
Schindler, mais aussi l’un des quartiers les plus branchés de Cracovie. On y écoute du klezmer en terrasse en s’enfilant une carpe farcie avant de continuer la soirée à l’Alchemia (le bar mythique de Craco,
datant de la période coco, qui donne l’impression de retourner vingt ans en arrière) ou au Tawaa (le meilleur club du quartier) la nuit tombée.

À ce propos, la nuit cracovienne en a bougrement sous la pédale. Enorme ville étudiante, attirant également des hordes d’Anglo-Saxons venus fêter leur « stag week end » (enterrement de vie de garçon), elle possède une concentration de bars et de boîtes affolante, la plupart en sous-sol, dans des sortes de caves en enfilade proposant plusieurs ambiances musicales. Atmosphère bon enfant, même dans les lieux les plus classes, et consos à des prix favorisant la cirrhose. Le top ? Le Frantic, le Cien et le Base. Le grand jeu ? Passer de l’un à l’autre de cette armada de lieux de débauche réunis dans un mouchoir de poche.

La ville en plus : VARSOVIE

 Août 1944: Hitler ordonne de raser Varsovie après son soulèvement. Finie Varsovie ? Non, dans les décennies qui ont suivi, la ville a su renaître de ses ruines. Le travail époustouflant de reconstruction de la vieille ville (Stare Miasto) lui a ainsi valu d’être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1980. S’y promener fait ressentir une drôle d’impression. C’est beau, certes, mais ça n’a évidemment pas le cachet de bâtiments d’époque. En découle une sensation d’un quartier en trompe-l’œil mais aussi une fascination pour cette volonté de fer d’avoir voulu faire resurgir le passé du chaos le plus total. Si Varsovie n’égale pas en beauté l’envoûtante Craco, c’est une ville aérée, agréable, où il fait bon flâner, et qui dégage une énergie palpable. Attirant des étudiants venus de toute l’Europe, la vie nocturne y est déchaînée : faire un tour sur une Nowy Swiat, l’avenue la plus fêtarde, ou passer la nuit dans un des clubs branchés (Enklawe, Opera, Platinium) permet rapidement de s’en convaincre.

Ballade bucolique dans une des rares villes épargnées par les destructions de la Seconde Guerre Mondiale

 LA CHECK LIST 

🎬 Les films
Le cinéma polonais fût longtemps un des plus inspirés du monde. Polanski, grand pote de Wajda et de Skolimowski (dont il faut absolument redécouvrir le sublissime «Deep End») a grandi dans le ghetto de Cracovie, tandis que l’histoire du « Pianiste » se déroule dans celui de Varsovie.

📚 Le livre
Dans Trans-Atlantique, Witold Gombrowicz narre son exil en Argentine à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ecrit dans une prose burlesque, surannée et surréaliste, cette plongée dans l’âme de la nation polonaise est une pièce maîtresse de la littérature mondiale.

🎶 Le groupe
Définissant son style comme de la « hardcore folk », voire de la « bio-techno » (sic), Warsaw Village Band, groupe de Varsovie, a fait connaître la musique traditionnelle polonaise au reste du monde. Ambiance violoncelle, guimbarde et vielle à roue pour une gigue d’enfer.

Hotel Pod Roza (Cracovie)
Plus vieil hôtel de Cracovie, fréquenté jadis par Balzac, Alexandre II ou Liszt, le Pod Roza est le spot idéal pour découvrir la ville. Idéalement situé sur l’élégante Florianska et à quelques pas de la place du marché, cœur de Craco, il dispose de deux chic restos (italien et polonais), d’un sauna et d’une salle de sport. Chambres à la déco traditionnelle sobre et élégante. Personnel très attentionné. Chambre double à partir de 162 €.  
www.hotelpodroza.com

Y aller 🛫🛫
www.lot.com : Plusieurs vols par jour, aller-retour à partir de 187 €.

Préparer le voyage 
👉 www.pologne.travel (site de l’Office National Polonais de Tourisme à Paris).
👉 www.infokrakow.pl

TEXTES ET PHOTOS SÉBASTIEN BARDOS