DAVID DESRIMAIS : « MON RÊVE ? RÉUSSIR UNE TOURTE ! »

David Desrimais technikart

Cofondateur de la maison d’édition la plus pop et la plus élégante de la place parisienne, JBE Books (les best-sellers Suce-moi et Pas de publicité merci), David Desrimais nous partage ses inspirations.

Le plus grand livre du monde ? C’était eux (tous les mangas One Piece rassemblés dans un livre de 21 540 pages, collaboration entre JBE Books et l’artiste  Ilan Manouach, ndlr). L’anthologie Google ? Pareil. Et si vous croisez un bouquin titré Suce-moi , Une fabuleuse histoire des bonbons de France dans la boutique de votre musée préféré, c’est aussi grâce à eux. En 2011, lorsqu’ils fondent JBE Books (Jean Boîte Éditions), David Desrimais et Mathieu Cénac veulent secouer le monde du beau livre et du livre d’artiste : ils choisissent des sujets niches, travaillent en étroite collaboration avec les auteurs, DA et surtout avec les distributeurs pour s’imposer à l’international et multiplier les points de vente (les États-Unis sont leur premier marché). David Desrimais est venu nous présenter ses références préférées.

Parmi les premières publications de JBE Books, on retrouve The Nine Eyes of Google Street View, ou encore  Kim Jong-il Looking at Things, des livres d’images tirées des Tumblr les plus suivis à l’époque. C’était quoi l’idée exactement ?
David Desrimais : On était en 2010 et on passait beaucoup de temps derrière nos écrans avec Mathieu Cénac (cofondateur de JBE Books, ndlr). C’était l’époque de Tumblr, et on se retrouvait face à une collection d’images avec une vraie qualité d’émotions, de la même dimension que celles procurées par une grande lecture, une bonne expo… On a alors constaté que ce qui se passait à l’écran n’a aucune translation dans les bibliothèques, qui sont pourtant une espèce de paysage mental. 

Lorsque tu sors un livre, il y a au moins un an de boulot derrière et j’ai par ailleurs l’impression que vous êtes très bien connectés aux DA parisiens. Comment conçois-tu ton rôle d’éditeur ?
Notre savoir-faire consiste à agréger les pièces d’un puzzle. L’éditeur, c’est un peu celui qui ne fait rien et celui qui fait tout. Je prends vraiment acte du fait que je ne veux rien écrire, je ne veux produire aucune image. En revanche, on peut être bon pour imaginer cet assemblage et le mener à bien, aller chez le bon imprimeur, chez le bon distributeur et chez le bon libraire pour faire le travail. Et finalement cet écosystème de DA et de graphisme procède de ça.

Ta première lecture de la journée ?
Le Parisien. De bout en bout, avec une pause marquée systématique sur l’horoscope qui est vraiment une référence. Et puis, ça bascule vite sur Libé, La Croix, Le Figaro, Le Monde, Le Canard Enchaîné, j’ai tous les abonnements.

Et en international ? 
Le New York Times, la version digitale, et le Time Magazine, de A à Z. Tout m’intéresse sur la marche du monde et la presse quotidienne, hebdo ou magazine, reste une référence.

Côté revues ?
Le TLMag, un annuel belge en anglais. Le dernier rédac chef invité était Chris Dercon, sur le thème de la maison (« The Ideal Home »). C’est parfaitement réalisé, graphiquement irréprochable.

En médias qui parlent d’art contemporain ?
Là, pour le coup, je ne trouve rien. Ce n’est pas pour faire offense à nos copains de Beaux-Arts Magazine, je le lis, il y a eu six pages sur le livre de Babinet (Rémi Babinet, Pas de publicité merci, JBE Books, ndlr)… Et puis le Quotidien de l’art, évidemment. Mais c’est de l’actu. Pour le reste, ce sont les expos et Instagram si on veut rester alerte. En médias classiques, il n’y a plus personne.

Le mag que tu emportes en vacances ?
Les vacances, ça veut dire cuisine. Donc je dirais Elle à table, parce que je ne veux pas de mags avec des photos de food design et des recettes infaisables. Ils ont par exemple sorti un truc sur les pâtes François, tu peux les acheter en ligne sur leur site et te les faire livrer avec Chronofresh, j’ai jamais vu ça, il y a de quoi devenir accro. Voilà, mon nouveau rêve, c’est de réussir une tourte !

Food et beaux livres, c’est donc un match. 
Bien sûr. Mon prochain projet, c’est un cookbook autour d’un cuisinier qu’on imagine comme une espèce de banquet où on invite des botanistes, des scientifiques, des artistes, etc. Et le livre fonctionnerait comme une espèce de travelling où tu passes d’un invité à l’autre, et tu chopes des bribes de conversation…

 

Par Violaine Epitalon & Laurence Rémila
Photo Axel Vanhessche