Depuis le 3 mars, les albums de De La Soul sont – enfin ! – disponibles en streaming. Afin de nous replonger dans 3 Feet High and Rising, De La Soul is Dead ou encore Buhloone Mindstate, nous avons interviewé le trio long-distance. C’était quelques jours avant la mort tragique, à 54 ans, de « Plug 2 »…
Hiver 1990, au 1133 Broadway, New York. Kelvin « Posdnuos » Mercer (21 ans), David « Dave » Jude Jolicoeur (22 ans) et Vincent « Maseo » Mason (20 ans), se rendent chez Rush Management, structure dirigée par Russell Simmons – également cofondateur de Def Jam Records –, pour un rendez-vous avec leur manager, Lyor Cohen. Direction le bureau 404 de ce building posé en plein Midtown, quartier sans charme qui ne connaît pas encore la gentrification. Le trio, ayant vécu un succès colossal avec 3 Feet High and Rising, premier album paru deux ans plus tôt alors qu’ils sortent à peine du lycée, met alors la touche finale à son prochain disque. Accrochée au mur, ils tombent sur le grand board dédié aux artistes managés par le duo Simmons-Cohen avec leur planning ainsi que ceux des camarades A Tribe Called Quest et Leaders of the New School. Sous le nom de De La Soul, une flopée de dates de concert, d’émissions de radio et de promo en tout genre… Dave prend alors un feutre et y inscrit « De La Soul is Dead ». Le trio part en fou rire : ils ont trouvé le nom parfait pour ce singulier second album qu’attend avec impatience leur label Tommy Boy. « Je pense qu’à ce moment-là, il y avait chez nous la volonté de tuer l’image que le label avait essayé de construire autour de nous, nous dira Maseo en début d’année, alors que De La Soul prépare le lancement de sa discographie – après des années d’absence sur les plateformes de streaming. Le “D.A.I.S.Y Age” avec lequel nous nous sommes fait connaître était un acronyme, une signature, qui voulait affirmer notre style de production. Les gens ont appelé ça “hippie” uniquement pour trouver une image qui fasse vendre des disques, mais elle aurait pu être plus dommageable qu’utile. Une image peut détruire le message que vous essayez de délivrer par la musique ».
Résultat ? Un pot de fleurs cassé, de la terre éparpillée et trois marguerites fanées : le 14 mai 1991, De La Soul sort son second album, De La Soul Is Dead. Cette cover au fond blanc morose déconstruit l’image so fresh, so clean et néo-hippie, du trio originaire de Long Island – Pos (plug one), Dave (plug two) et Maseo (plug three). Les trois marguerites réaffirment l’essence de leur premier album 3 Feet High and Rising : le D.A.I.S.Y Age de De La Soul n’est pas qu’une imagerie colorful, c’est une certaine idée de la musique…
En 1987, le trio s’associe au producteur Prince Paul, qu’ils rencontrent au lycée, à Amityville. Ensemble, ils créent le son de « De La » : des dizaines de samples issus tant de Sly and the Family Stone que de Kraftwerk et des Rascals, des textes aussi légers et second degré, que surréalistes et anti-conformistes, des interludes en forme de théâtre sonore – une avant-garde du rap qui n’inquiète pas, qui fait rêver. Il se classe en 24ème place du Billboard 100 et fait du trio les coqueluches de la presse anglaise, alors à l’apogée de son influence. En traversant l’Atlantique, l’album s’installe dans les intérieurs brumeux des chambres d’ados, fans, jusque-là, des Smiths.
Depuis, ils ont sorti huit albums, dont le dernier en 2016 ; tournent dans le monde entier ; sont invités à poser sur le tube planétaire de Gorillaz « Feel Good Inc. » ; 3 Feet High… est conservé à la bibliothèque du Congrès Américain pour son importance culturelle – et leurs albums trônent en bonne place dans les classements établis arbitrairement par des critiques qui ne savent plus quoi faire pour se rendre pertinents. Mais, jusqu’au 3 mars 2023, leurs chefs-d’œuvre ne sont pas disponibles sur les plateformes de streaming pour d’obscures histoires de labels et de samples…
Lors de sa création, 3 Feet High… est produit pour un budget de 13 000 dollars. Quelques mois après, ils doivent verser près de 2 millions de dollars à Mark Volman et Howard Kaylan des Turles pour un sample de douze secondes issu du titre « You Showed Me », dans leur morceau « Transmitting Live from Mars ». De La Soul devient rapidement l’exemple à ne pas suivre. « Si les poursuites judiciaires sont, au départ, assez rares, les maisons de disques vont chercher à faire prévaloir leur droit dès que le succès du hip-hop va prendre des proportions considérables, pointe le chercheur Albéric Tellier, professeur à l’Université Paris-Dauphine et auteur de Bonnes vibrations. Quand les disques mythiques nous éclairent sur les défis de l’innovation, EMS, 2017. Au moment où De La Soul livre son premier album, l’ère de la “tolérance de fait” a pris fin. Or, 3 Feet High and Rising se caractérise par une utilisation intensive du sampling. Le seul morceau “Cool Breeze On The Rocks”, qui ne dure que 48 secondes, contient 24 samples ! »
Pour que De La Soul puisse ajouter ses albums aux catalogues de Spotify, Deezer ou Apple Music, il fallait « clearer » – c’est-à-dire déclarer et indemniser si nécessaire les ayants droits – l’ensemble des samples utilisés sur ses productions. Sa maison de disques (Tommy Boy Records) se soustrait de cette charge de travail ; De La Soul réplique en 2014 en mettant en ligne ses six premiers albums, en téléchargement gratuit durant 25 heures, dont le catalogue ne leur appartient légalement pas ; et c’est tout. Quelques versions de 3 Feet High sont restées disponibles sur Youtube, sur quelques obscurs comptes d’aficionados désespérés, mais en qualité médiocre, qui donnait alors la trompeuse impression d’un disque inécoutable. Nouvelle mort.
Juin 2021, Tommy Boy Records est racheté par Reservoir Media (une firme spécialisée dans la gestion de droits musicaux), pour 100 millions de dollars, et fait de la disponibilité des albums de De La Soul sa priorité. Pendant plus d’un an, les samples vont être l’un après l’un l’autre déclarés, pour ceux dont un accord est possible, ou rejoués (en raison d’une somme trop importante de dédommagements) comme quelques lignes de batterie, de cor ou des scratch – utilisant alors les mêmes équipements analogiques à l’origine des enregistrements originaux des morceaux. Quelques jours avant la mise en ligne de leurs six premiers albums (les deux derniers étaient déjà disponibles en streaming), nous appelons Pos et Maseo pour une interview, entre Paris et New York. Le 12 février 2023, soit deux semaines après notre appel et trois avant la date clé du 3 mars, David Jude Jolicoeur, aka Trugoy the Dove, Plug 2 et Dave, est décédé. De La Soul lives on…
« LE LABEL A UTILISÉ L’IMAGERIE HIPPIE POUR VENDRE DES DISQUES » – MASEO
Après des années de batailles juridiques, l’ensemble de vos albums est disponible en streaming. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Vincent Maseo (aka Maseo) : Enfin !
Kelvin Mercer (aka Pos) : C’est tout pour nous ! Lorsque des gens découvraient un morceau de De La Soul, qu’ils l’aimaient, et qu’ils nous demandaient ensuite : « Où est le reste de votre musique ? » (The Grind Date, 2004, et and the Anonymous Nobody…, 2016, étaient déjà sur les plateformes, ndlr), c’était très frustrant…
Le hip-hop est devenu une culture massive, le rap est écouté par presque tout le monde. En revanche, peu de jeunes connaissent De La Soul : est-il encore possible d’exister en musique sans le streaming ?
Maseo : Vous devez être disponible partout pour que les gens sachent qui vous êtes et ce que vous faites ! Si vous n’êtes pas sur les plateformes traditionnelles, alors vous êtes hors du champ de vision des auditeurs, puisque l’actuelle génération ne connaît rien aux CD, aux cassettes et aux vinyles.
À quel moment avez-vous réalisé que votre premier album, 3 Feet High and Rising, paru le 3 mars 1989, serait un succès planétaire ?
Pos : Tout de suite ! C’était anormalement immédiat ! Marley Marl, un DJ qu’on adore et qui travaillait alors à la radio (sur la station new-yorkaise WBLS, ndlr), passe la moitié de notre album en direct ; la maison de disques nous dit « 3 Feet High… est diffusé au Texas, aussi à L.A. Une minute ? Il se joue à Londres et en Italie ! » Wow… C’était comme un feu de brousse. Incroyable !
Maseo : Notre disque était joué par tous ceux de New York qui sont devenus majeurs dans la construction du hip-hop : Marley Marl, Kool DJ Red Alert, Chuck Chillout… Le succès pour nous tous était d’être diffusé à la radio, mais ensuite les choses ont commencé à devenir peu orthodoxe (rires), comme s’absenter du lycée pour faire des émissions de radio ; d’avoir Russell Simmons et Lyor Cohen (de Rush Management, ndlr) réfléchissant à un stratagème pour me faire quitter l’école afin d’aller à Londres pendant plus de trois semaines. Tout cela était excitant. Et je recevais un traitement spécial pour finalement partir sur la route avec mes potes (rires).
Pouvez-vous définir l’expression « D.A.I.S.Y Age », qui était le titre du dernier morceau du premier album, mais aussi le nom d’un mouvement dont vous étiez censés être les fers de lance ?
Maseo : D.A.I.S.Y est un acronyme : DA pour « the », S pour « sound », I pour « inner », Y pour « y’all »… Le son qui parle à tout le monde !
Quel genre de hippie êtes-vous ?
Pos : Hippies ? (Rires) Nous ne l’avons jamais vraiment été… On nous a dit que notre musique était une réminiscence de la culture sixties, de ces personnes qui militaient pour la paix : « Ok, c’est cool ! » Mais, c’était surtout du marketing et c’est devenu too much.
Maseo : Trop d’imagerie…
Pos : Cela a en quelque sorte commencé avec Dave et moi marchant dans un centre commercial, et voyant une image sur un pyjama, de Minnie Mouse tenant une marguerite (« daisy » en anglais, ndlr). Nous avons pensé «Wow ! Cela pourrait être un super surnom pour une société de production ». C’est à ce moment-là que l’acronyme « D.A.I.S.Y Age » a été créé. Chez Tommy Boy, ils l’ont transformé en marketing pensant que cela pourrait nous aider. Et quand vous voyez un album comme 3 Feet High and Rising, avec des couleurs vraiment brillantes, en comparaison à d’autres albums très gris et avec des codes street, je comprends que les gens nous aient perçus comme des hippies ! Mais ce n’était pas vraiment quelque chose que nous, en tant que De La Soul, avions créé.
Maseo : Je peux dire honnêtement qu’au début, l’image hippie, je l’ai détestée. Comme Pos l’a dit, ça a commencé à être la signature de notre style, de notre production, et ça s’est transformé en la façon dont les gens nous voyaient. Je l’ai aimée seulement plus tard dans ma vie, lorsque j’ai compris que c’était la réminiscence de la musique qu’on samplait, et que cela rappelait aux gens une certaine époque, comme Woodstock – surtout quand nous utilisions des boucles issues des Turtles, de Steely Dan ou de Hall & Oates. Nous étions uniques avec les différents éléments de musique que nous samplions. Je suis un grand fan de Parliament-Funkadelic. J’ai compris, grâce à la bande de George Clinton, que les gens meurent mais que leurs personnages vivent pour toujours. Tous ces noms différents que nous avons trouvés tout au long de notre voyage, m’ont permis de me sentir comme ces personnages que nous avons joués dans notre musique. Et je pense que cela mène à avoir une sorte de vie après la mort. Si vous disparaissez prématurément, la musique continuera d’exister en se basant uniquement sur les personnages et les visuels créés à l’occasion de vos enregistrements.
Comment avez-vous rencontré Prince Paul, le producteur des trois premiers De La Soul ?
Pos : Au lycée (Amityville Memorial High School, Long Island, ndlr), il était DJ, tout comme Maseo. C’était également le cousin d’une de mes amies. Au départ, je ne le connaissais que comme Paul, le mec qui pouvait être DJ à une fête et qui était vraiment bon ! C’était le DJ qui avait produit Stetsasonic (l’album On Fire, paru en 1986 chez Tommy Boy, ndlr), il venait de Brooklyn ! Il était très connu dans le quartier. Maseo a pris le parti de lui présenter notre première démo (Plug Tunin’ en 1988, ndlr).
Maseo : Je rêvais de faire un disque depuis la sortie du It’s Yours de T La Rock & Jazzy Jay (Def Jam, 1984, ndlr), mais ça ne marchait pas. En 1984, ma mère a décidé qu’on allait vivre à Long Island. Avec mon frère, on avait le cœur brisé parce qu’on quittait notre « borough » (quartier, ndlr). Le premier week-end d’école, je suis allé à une fête à Amityville. J’y ai vu Prince Paul et un autre groupe appelé B.O.B. En fait, direct, j’ai découvert le hip-hop de Long Island ! Et, je n’arrivais pas à y croire. C’était une battle de DJ, et Paul était très fort ! Il a battu Jazzy Jeff, ou encore Easy G, de Original Concept. Je n’ai réalisé à quel point il était un grand producteur qu’après, avec Stetsasonic.
Votre premier enregistrement avec Prince Paul ?
Maseo : Je travaillais déjà avec Pos et Dave et j’étais un peu enfermé dans ce que nous faisions, mais j’ai eu l’opportunité de bouger grâce à un gars avec qui je faisais des combines (rires). Il voulait enregistrer un disque, alors je me suis impliqué dans ce projet, et Paul en faisait également partie, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Mais les chansons sur lesquelles nous travaillions étaient nulles. Et moi qui connais Paul aujourd’hui, avec le recul, je sais qu’il essayait de mettre au point sa stratégie pour quitter le projet. Il m’a dit : « Que penses-tu de cet album ? » J’ai répondu : « Je le trouve horrible. » J’étais là pour essayer d’apprendre et je me retrouvais avec une bande de mecs venus du R’n’B qui essayaient de se mettre au hip-hop. Ils ne voyaient pas le processus créatif ou ce à quoi ce truc devrait ressembler, ils ne m’apprennaient rien. Et mon pote, c’était juste un hustler. C’est à partir de là que Prince Paul et moi sommes devenus plus proches. Il est venu me chercher au lycée un jour, j’étais entre deux cours, et j’ai passé le reste de la journée avec lui. Alors, tout a commencé. Il me faisait écouter ses enregistrements pour In Full Gear (le second album de Stetsasonic, qui sortira en 1988, ndlr), y compris ce qui n’avait pas été retenu. J’apprenais très vite et quand il me faisait écouter tout ça, je lui disais qu’il fallait vraiment qu’il écoute ce que j’avais enregistré avec mes potes. Nous sommes finalement allés chez moi et j’ai sorti la cassette démo sur laquelle figurait Plug tuning, une démo de D.A.I.S.Y Age et un morceau instru qui allait devenir 3 is the Magic Number. Paul était enthousiaste et voulait rencontrer les autres. Nous sommes allés chez lui, il nous a dit : « Je ne peux rien promettre, mais je peux amener ces morceaux au studio et les arranger ». C’est parti de là.
Écriviez-vous vos textes ensemble ?
Pos : Parfois oui, mais généralement non. Si je savais que j’allais être en studio, j’écrivais mes rimes avant de venir. Je sais déjà comment le rythme va sonner, je le joue mentalement en écrivant. Dave, en revanche, écoute ce que je dis et s’inspire de ce qu’il y a sur le morceau. Son style, c’était d’être sous la pression de ce qui se passait dans le studio, c’est comme ça qu’il trouvait son inspiration.
Maseo : J’aimais bien ça parce que ça permettait de garder de la diversité tout en partageant un même concept. Chacun allait dans son coin et prenait des directions différentes.
A-t-il été difficile d’être à la hauteur du succès monstre de 3 Feet High… ?
Pos : Je ne pense pas que nous ayons vécu le succès. Nous n’étions pas au courant de ce que la musique allait nous apporter et nous avançions à la fois accomplis et introvertis.
Maseo : Oui, je ne pense pas que cela ait été un problème pour nous. Tu sais, on nous a dit que ce disque allait se vendre à environ 50 000 exemplaires…
Pos : Personne en face de nous n’avait créé un album comme 3 Feet High and Rising. Ils ne savaient pas qu’il allait devenir disque d’or (puis de platine, avril 2000, ndlr), ils pensaient juste que nous sortirions un single à New York et qu’il allait se vendre à quelques dizaines de milliers d’exemplaires. Ils aimaient les samples et se disaient tous : « Ça vient de notre enfance ça ! ».
Maseo : On ne s’attendait à rien de tel. Mais finalement, le succès a été comme un poids sur notre dos qui nous poussait à continuer, à faire la musique que nous sentions alors, en toute liberté.
Votre second album commence par le sketch suivant : un enfant retrouve la cassette du premier album dans une poubelle. Avec De La Soul is dead (Tommy Boy, 1991), vouliez-vous faire mourir la première incarnation du groupe ?
Maseo : Je pense que c’était le désir de tuer une image à laquelle le label essayait de s’accrocher, et qui était surjouée. D.A.I.S.Y. Age était notre style de production. Ils ont utilisé l’image hippie pour vendre des disques, et cela aurait pu être plus nuisible qu’utile.
Pos : Au-delà du premier sketch, on s’est dit qu’on était en train de tuer toute l’imagerie qui avait fini par nous desservir.Nous ne sommes pas une tendance, De La Soul est là pour rester. Mais j’aimerais préciser que nous nous sommes beaucoup amusés à faire cet album. Beaucoup de gens ont dit qu’il était beaucoup plus sombre, mais je pense que l’humour était toujours là. Nous ne voulions simplement pas nous focaliser sur le « flower power », c’est tout.
Vous êtes vus comme l’incarnation d’un rap plus chill. Que vous pensez du gangsta rap ?
Maseo : Ce n’est pas du gangsta rap, c’est du rap. C’est l’industrie qui l’a appelé ainsi. C’est la façon dont ces rappeurs ont grandi, leur style de vie, mais si vous me demandez, c’est tout aussi « conscious » que celui des rappeurs plus engagés.
Pos : Notre première tournée était avec LL Cool J, Slick Rick, Too $hort, NWA, The D.O.C… Supposément à l’autre bout de notre spectre musical, nous avons très souvent traîné avec eux et ils aimaient notre musique. On traînait et on faisait des rimes avec Ice Cube ; Dr. Dre aimait ce qu’on avait fait avec le morceau « Ghetto Thang »… Nous étions tous liés en tant qu’artistes qui aimions parler de ce qui nous entoure, de ce que nous vivions.
Cette année, vous fêtez les 30 ans de votre troisième album, Buhloone Mindstate, le dernier album produit par Prince Paul. Ce que vous en retenez ?
Pos : Certainement les sessions avec Maceo Parker, Fred Wesley et Pee Wee Ellis (les trois membres des JB’s, le groupe de James Brown, présents sur l’album, ndlr), au Sorcerer Studio. Il y avait ces animaux morts partout sur les murs (rires), l’ambiance était étrange, mais très cool et drôle ! Et surtout, c’était très instructif. Toute la musique que nous avons fini par utiliser, ils l’ont faite sur-le-champ ! Nous avons entendu leurs histoires à propos de James Brown, leurs moments sur la route, en tournée. Ils me rappellent qui nous sommes aujourd’hui, à notre âge. La musique vous permet de rester jeune : je voyais en eux l’énergie et le plaisir qu’ils avaient toujours à jouer.
Maseo : Je n’oublierai jamais ces trois-là en train de débattre pour savoir qui allait diriger la session. Je crois qu’ils tiraient à la courte paille, parce qu’aucun d’entre eux ne voulait le faire, alors qu’ils étaient tous excellents dans ce domaine (rires) ! C’est finalement Maceo qui s’y est mis le premier.
Pos : C’est un album dont on me parle aujourd’hui encore, comme ayant un son plus mature, que beaucoup de nos fans ont redécouvert en vieillissant. C’est le propre de la bonne musique que de se prendre une claque à retardement !
Les vinyles et cd de De La Soul sont réédités via leur label AOI et sont distribués par Chrysalis Records.
Entretien Alexis Lacourte