Classé dans la catégorie des stupéfiants et interdit à la vente jusqu’en juin 2013, le poppers a fait son grand retour dans les bar-tabacs en 2015. Souvenirs d’une époque bénie ?
« Jusqu’à présent, notre circuit de distribution était restreint : le poppers tournait dans les clubs gay, échangistes et les sex-shop de la capital, nous explique Daniel, gérant de la marque Urban Fever. Nous sommes les premiers à utiliser ce nouveau circuit, il nous permet de cibler les femmes et les hétéros et faire renaître un produit affaibli par les interdictions successives. Pour y être présent, il a fallu se conformer au cahier de charges : mettre un triangle tactile pour les aveugles et déposer la composition à un centre antipoison. Tous les nitrites sont à nouveaux autorisés : PINTYLE, PROPYLE, AMYLE, DUTYLE. »
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La fameuse fiole aurait-elle enfin échappé à la chasse aux sorcières des ministères successifs et à l’estampille toxicohomo ? Son odeur forte, couplée à sa fonction première (dilater les orifices en vue d’une pénétration) ne semble plus effrayer ni déranger les nouveaux consommateurs, avides de décontraction et d’euphorie express. Sniffé, le poppers procure une sensation de flottement et de chaleur qui s’évanouie au bout de trente secondes. Au début des années 90, un décret prohibe toute utilisation et commercialisation des poppers contenant du pentyle ou butyle. En 2011, la législation se durcie et étend l’interdiction aux nitritres de propyle ou d’amyle. Les acteurs du marché pâtiront de ces interdictions arbitraires, se trouvant dans l’impossibilité d’instaurer un marché sur le long terme.
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« Ce nouveau point de vente est pertinent » assure Rémi Calon, président du Syndicat national des établissements gays. « Il rassemble les objets de désir, de décontraction, et le produit est forcément délivré à des majeurs. Le choix du bureau de tabac est dans la même optique. Un buraliste est tout à fait en droit de demander une carte d’identité en cas de doute. La vente d’un produit qui n’est pas sans risque s’accompagne de précautions. Et on a besoin du poppers, il génère du chiffre, la marge est intéressante : c’est un produit qui à lui seul compense des baisses et manques de consommations. » Grâce au lobbying de son syndicat, le Conseil d’Etat a rétabli la légalisation et commercialisation de tous les nitrites. Un grand merci à ces sages et… sniff sniff.
Pierre Gautrand