À 37 ans, Guillaume Laidet est un pro de l’horlogerie. Cet entrepreneur des montres nous fait découvrir la marque suisse Nivada Grenchen, à laquelle il a redonné vie. Interview chronographe.
Aujourd’hui, ce n’est pas forcément évident de vendre des montres à une génération qui lit l’heure sur smartphone. Comment les convaincre d’en porter ?
Guillaume Laidet : C’est l’un des seuls bijoux pour les hommes. Un bel objet mécanique qui vit au poignet.
Vous avez récupéré la licence Nivada Grenchen. D’où vous vient cette passion pour l’horlogerie ?
Jeune, je piquais souvent la montre de mon père, une vieille Omega manuelle de l’époque. Ça m’a donné le goût des vieilles montres. Puis ça a été mon premier boulot en sortant d’École de commerce où j’ai commencé à bosser pour Zenith en Suisse. J’avais le goût, et la carrière qui a suivi.
Quels sont les enjeux pour l’horlogerie en 2022-2023 ?
Convaincre les jeunes comme vous dont je fais de moins en moins partie, qu’ils n’aient pas qu’une apple ou qu’une smart watch. Une montre mécanique, c’est un bijou.
Quelle est l’histoire de Nivada Grenchen ?
C’est une marque qui existe depuis 1928, tombée dans l’oubli avec l’avènement du quartz japonais dans les années 1970, mais toujours portée par certains collectionneurs, notamment le modèle emblématique qui est la Chronomaster, qui existe toujours. Il y a toujours une envie de la part du consommateur, c’est ce qui m’a donné l’idée de la faire renaître de ses cendres.
Quelle est sa particularité ?
C’était l’Apple watch de l’époque, avec neufs fonctions, une montre à la lunette tournante. La première de ce format à rassembler toutes ces fonctions.
Quelles sont les valeurs de la marque Nivada ?
Respecter l’histoire : on garde les modèles et les dimensions de l’époque. Made in Suisse, avec un prix accessible. On essaye de vendre beaucoup online ce qui nous permet d’avoir des marges plus confortables, d’avoir des prix contenus et compétitifs.
Quel est votre type de clientèle ?
Il y a deux catégories. Une de collectionneurs, qui aiment l’horlogerie, qui trouvent le produit sympa et de bonne qualité. Et les jeunes qui veulent une belle première montre Suisse. C’est l’entrée de gamme du luxe.
Quels sont vos projets pour Nivada ?
On a une collaboration avec Romaric André de Seconde/Seconde, un designer qui nous fait des aiguille un peu folle. On avait déjà travaillé avec lui sur la Depthmaster. Aujourd’hui on lance la Super Antarctic Keep Frozen. Le second projet, c’est une expansion dans des magasins. Après avoir relancé Nivada, j’ai aussi eu la chance de relancer Vulcain, chez qui j’interviens comme consultant. On a déjà fait un demi-million de préventes en direct sur Internet avec la Cricket, une montre également emblématique. C’était la montre des présidents des États-Unis, avec la fonction réveil. Un super beau projet qui me tient à cœur et qui va être long à développer.
Quelle est la différence entre le luxe de l’horlogerie et le luxe de la mode ?
Le luxe de l’horlogerie, si vous entretenez vos montres, vous pouvez vous les passer de génération en génération, contrairement à des chaussures ou des manteaux, qui vont s’abîmer en les portant.
Quelle a été votre première montre ?
Comme tout le monde, ça devait être une Flik Flak de Swatch ou une Festina… Que j’ai retrouvée d’ailleurs en faisant mes cartons pour un déménagement.
Les tendances pour l’horlogerie en 2023 ?
Pas mal de néo-vintage, une tendance depuis quelques temps. On observe aussi un gros trend sur les smartwatch, les montres santé.
Quelle personnalité porte particulièrement bien la montre ?
Euh… On voit partout George Clooney. Mais sinon, Steve McQueen avec ses Daytona Rolex demeure emblématique, c’était un vrai connaisseur. La classe incarnée.
www.nivadagrenchenofficial.com
Par Laurence Rémila