Le premier film de Hafsia Herzi, Tu mérites un amour, a été présenté à la Semaine de la critique de Cannes. Un vrai bijou, tourné en 15 jours pour quelques milliers d’euros. Rencontre avec la réalisatrice.
Nous avons rencontré Hafsia Herzi en fin de montage de Tu mérites un amour. Le film, qui sortira en salles début septembre, vient d’être présenté à Cannes, pour la Semaine de la critique – le festival off dédié aux révélations comme Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin et Petit Paysan d’Hubert Charuel. Un rêve éveillé pour l’actrice de 32 ans, César du meilleur espoir féminin en 2008 pour La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche.
« L’amour c’est beau et c’est dur à la fois. »
« Ce film était un challenge personnel, nous raconte-t-telle. Ça faisait un moment que j’avais envie de réaliser un film par mes propres moyens, sans demander de financement et en peu de temps. J’avais le scénario dans mes archives et j’ai décidé de le réaliser. C’est un film d’amour, l’histoire d’une fille qui essaie de se reconstruire après une rupture difficile, suite à l’infidélité de son petit-ami. Pour aller mieux et pouvoir survivre à cette déception, elle va devoir se perdre. C’est un sujet universel. À l’époque où je l’ai écrit, j’avais un peu enquêté autour de moi et ce qui m’intriguait, c’était que les gens avaient à-peu-près les mêmes réactions face à une rupture difficile : ce sentiment de se sentir inutile, vide, se dire qu’on ne va jamais s’en sortir. L’amour c’est beau et c’est dur à la fois. Y a pas de remède, le seul remède c’est nous-mêmes. C’est sans doute ce qui a plu à la sélection de la Semaine de la Critique. Dans leur retour, ils m’ont dit que chacun s’était senti concerné, hommes et femmes confondus. C’est vrai que l’amour c’est de la pudeur, parfois on a honte de ses sentiments, on ne se sent pas bien et, ce désarroi-là, on n’ose pas en parler. C’est tabou parce que ça fait mal. Il y a des gens qui ne s’en remettent jamais, ça peut détruire. Je me dis que le film pourra peut-être aider certaines personnes dans cette solitude-là. »
Léontine Bob