À la tête d’Ancré, avec ses deux associés Didier Piquionne et Flora Dibotti, Hanadi Mostefa, journaliste passée par Melty et HypeBeast, imagine un magazine « ici, maintenant et pour le futur ».
En juin dernier, ton texte « Ça veut dire quoi “être belle pour une renoi” au juste ? » a fait beaucoup de bruit. Qu’est-ce qui t’a inspiré cet article ?
Hanadi Mostefa : C’est une phrase que j’ai souvent entendue. Et quand tu entends quelque chose qui te dérange dans la rue, c’est justement ça ton sujet. Je pense que parler de tous ces sujets sous-représentés, c’est forcément s’adresser à – et inclure – les gens de la communauté en question dans le dialogue. C’est la raison d’être de mon média.
Sur ton média, tu donnes autant la parole à la jeune génération qu’aux millennials et aux Gen X.
Cela sert à comprendre l’histoire des gens. Nous sommes un média dont une partie du lectorat est issue de l’immigration. Et on a tous besoin de comprendre comment le comportement de nos parents a un impact sur nos personnalités. L’ancienne génération nous permet de nous comprendre, mais aussi de mieux comprendre différents sujets de société.
Tu as créé Ancré Magazine il y a un peu plus de deux ans. Quel a été ton parcours ?
En arrivant à Paris (je suis de Laval), j’ai fait l’Efap. Ensuite, je suis passée par Melty (robinet à clics assez désolant, ndlr), puis HypeBeast France en tant que rédactrice en chef. Ça m’a ouvert les portes de la high-fashion et permis d’aiguiser mon regard. Après le Covid, l’idée est venue de monter un média féminin qui me ressemble, mais qui ressemble surtout à toutes ces femmes à qui on ne parle pas de leurs cheveux, des artistes qu’elles aiment, mais surtout à celles à qui on ne parle pas de manière intelligible et intelligente.
Tu es également styliste. Quel est ton rapport au vêtement ?
Ce qui m’intéresse, c’est la réflexion autour du vêtement, son histoire et son rapport au public. Je pense aux sacs poubelle Balenciaga : on peut trouver ça stupide, mais c’est comme du Marcel Duchamp.
De quelle façon construis-tu tes sujets ?
Ma culture se construit sur la parole des gens – dans la vie, et en ligne. Je veux mettre en lumière les gens comme moi. Il y a aussi la direction artistique, où il faut travailler avec les bonnes personnes, celles qui vont enrichir ton sujet sans le diluer.
La suite ?
Continuer de se structurer et embarquer encore plus de marques avec nous pour nos éditos – parce que faire de l’influence, on en a marre ! Donc : trouver l’équilibre dans ce worldwide web pour rester pertinent et toujours répondre aux questions que nos lectrices et lecteurs se posent.
Par Anaïs Dubois
Photo Axel Van Hessche