KHALIL GHARBIA : « FAKE IT UNTIL YOU MAKE IT ! »

KHALIL GHARBIA

À 21 ans, l’étincelant Khalil Gharbia est la révélation de Peter Von Kant , le remake fassbinderien signé Ozon. 

Dans Peter Von Kant, tu joues Amir Ben Salem, rôle pour lequel tu t’es transformé physiquement… 
Khalil Gharbia : Oui, j’ai eu un travail physique avec un coach pour construire cette enveloppe charnelle et séductrice. Résultat : je me mettais à bouger différemment. 

Comment ça ?
J’avais en tête un personnage félin qui ronronne et se laisse regarder avec une pointe de nonchalance, voire d’insolence. 

Dans ce huis clos sexy et déroutant, Ozon filme la violence du désir entre un réalisateur et sa muse. C’est quelque chose qui t’a fait peur ? 
Totalement ! Mon rapport à l’amour est assez juvénile et naïf, donc c’est un personnage qui m’aurait fait peur dans la vraie vie. Et en même temps, quand je lis un scénario et que j’ai un sentiment aussi primitif que la peur, c’est bon signe. Si mon corps réagit c’est que je dois y aller. « Fake it until you make it ! » François me disait : « Tu n’as pas peur? », et je lui disais : « Non j’y vais, je suis en confiance! ». Maintenant, je connais mieux mon rapport à l’amour, et à la manipulation, et je pense en être sorti un peu plus sain.

Dans le film, tu joues aux côtés du grand Denis Ménochet. Un conseil qu’il t’aurait donné ?
Dès les premières lectures, quand je me perdais un peu dans ma tête, il y avait des moments de « raccrochage » grâce à Denis. Il se portait presque garant de ma présence, il a été un pilier pour moi. 

Ton rapport à la mode ?
Ça a commencé avec le skate. C’est le mouvement du vêtement qui me fascinait quand j’allais à Répu’, ce truc du « sans effort », cette fluidité. La mode reste pour moi un vrai outil de compréhension de soi. 

Tes prochains rôles ?
Le film Le Paradis de Zeno Graton (qui sera en première à La Berlinale 2023). Je suis très content de passer d’un réalisateur expérimenté à ce premier film. C’était la première fois que j’ai commencé à sentir que j’avais du poids dans les décisions artistiques et dans la création du personnage. C’est d’ailleurs un rôle plus vif. J’avais besoin de sortir de ce côté manipulateur.

Ton regard sur les deux années de disette que vient de connaître le cinéma français ?
Les gens sont devenus plus frileux. En tant que comédien, je pense que ça a surtout attisé notre envie. On est plus prêt que jamais à se lancer dans le bain.

Et le cinéma du futur ? 
Un cinéma qui donne envie de vivre.

Le Paradis, de Zeno Graton, en salles prochainement

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Par Mathis Raymond
Photos : Emma Birski