Juré(e)s chéri(e)s du seul prix littéraire approuvé par Technikart (Le Flore, of course), voici un* des neufs romans que nous vous soumettons pour l’édition 2020. On fête ça en novembre ?
*Les autres romans sont à retrouver dans notre dernier numéro #241
Après la musique, aux côtés d’Orelsan puis en solo, après le cinéma dans des films d’Olivier Marchal ou d’Andréa Bescond, Gringe enfile la casquette de romancier et s’apprête à secouer la rentrée littéraire avec un récit touchant à l’écriture nerveuse. Fin 2018, alors qu’il vient de conclure une tournée couronnée de succès avec son premier album, Enfant Lune. Gringe est contacté par Harper Collins. La maison lui demande s’il n’aurait pas envie d’écrire un livre. Le rappeur voit dans cette proposition une opportunité de parler de quelque chose qu’il a peu évoqué jusque- là, la schizophrénie de son frère.
Son livre est à l’image de son rap : poétique et incisif. Avec des fragments très courts, mélange d’entretiens avec son frère, de souvenirs de famille et de pures inventions, avec une écriture au cordeau et de nombreuses pirouettes stylistiques, Gringe construit un impressionnant labyrinthe littéraire : « La voix de mon frère entend des voix, il y a ma voix qui parle à la première personne et il y a ma voix qui parle à la place de mon frère pour retranscrire ses pensées. Quelle meilleure manière pour parler de la schizophrénie que de mélanger les voix et de s’amuser à perdre le lecteur ».
Résultat ? Le rappeur se livre à cœur ouvert dans un texte poignant. À la fois récit émue de son enfance, roman d’une relation fraternelle et texte percutant sur la schizophrénie, Ensemble on aboie en silence s’annonce comme une des belles surprises de l’année.
Bientôt une suite ? « L’écriture va tellement bien avec mon côté hirsute, solitaire. Je suis de plus en plus misanthrope et aigri. On m’offre une occasion de me terrer chez moi, de me buter au café et de fumer clope sur clope tout en menant un projet d’écriture qui me donne du plaisir. Pourquoi, je refuserais ? »
« Ce livre, on l’a d’abord fait pour nous. Écrire ensemble nous a rapproché. Mais une fois lâché dans la nature, j’espère vraiment qu’il contribuera à libérer la parole sur la schizophrénie ».
Ensemble on aboie en silence, 176 pages, 16,50 € (Harper Collins)
Par Léonard Desbrières