Depuis quatre ans, la Fistinière, charmante maison d’hôte berrichonne spécialisée dans le fist-fucking, ne désemplit pas. Interview coup de poing de son boss François Mallet à l’occasion de la publication de son autobiographie.
Avec la médiatisation croissante de votre établissement, on doit souvent vous montrer du doigt. C’est pour cela que vous avez écrit ce livre ?
Je voulais surtout répondre à la question: comment peut-on avoir cette idée d’ouvrir une maison pour de tels «dépravés On n’ouvre pas une maison comme la Fistinière du jour au lendemain…
Vous avez mis le doigt sur une pratique jusqu’alors réservée à un milieu d’initiés. C’est toujours le cas ?
Les gens viennent de partout et prennent du plaisir dans toutes les langues. Ce quelque chose d’un peu inconnu a enfin trouvé un temple, dans des conditions optimales de plaisir et de sécurité. C’est une première au monde. Et vous savez, énormément d’hétéros viennent chez nous !
Euh… Vous venez de publier l’histoire de la Fistinière. On peut dire que vous n’y allez pas de main morte !
J’ai voulu ne rien cacher. Même si je ne parle pas de fist-fucking dans le livre… Je suis épanoui dans ma sexualité et j’ai voulu parler de ma vie et de mes rencontres. Seuls les couples très épanouis peuvent arriver à cette sexualité. On peut avoir des pratiques dites différentes et être des humains parfaitement normaux et sains.
C’est ce que vous souhaitez démontrer depuis l’ouverture de ce lieu unique en 2007. Grâce à lui vous êtes entré dans les annales, non ?
On voulait s’offrir, et offrir aux pratiquants du fist un lieu complètement ouvert et de grande liberté. C’est notre combat !
Et pour pratiquer le fist-fucking, il faut être sacrément manuel ?
Quand j’ai rencontré Juan Carlos, mon mari, la pratique m’était inconnue. Je me disais « Olalala, qu’est-ce que c’est que ce truc ?! » Surréaliste ! Je pensais que je ne pourrai jamais le faire. Et le hasard ou ma bonne étoile a fait que Juan Carlos m’a initié. Il m’a mis en confiance et m’a donné envie. C’était par amour : la plus belle manière de découvrir le fist-fucking.
Croyez-vous à l’intervention d’une main divine dans votre vie ?
J’ai toujours eu la sensation d’avoir quelque chose qui me protégeait et m’aidait à accomplir ce que j’avais envie d’accomplir. Même dans mes moments noirs, je me suis bougé le cul pour que ça ne dure pas (rires).
Vous semblez avoir mis un point d’honneur à créer quelque chose de réellement convivial, presque familial ?
Dans l’imaginaire ça fait un peu fantasmer. On me demande souvent : « Quand les mecs arrivent, ils vous sautent dessus ?! » Mais non, nous ne sommes pas des bêtes. La Fistinière est une maison d’hôte assez française ! Les gens viennent passer un séjour, on partage une table, on rigole et on se rencontre. Après il y a plus, parfois… plus si affinités. Beaucoup plus.
Qu’est-ce qu’il se passe dans votre chapelle fistine ?
Rien n’est obligatoire. Un doigt, une main ou une batte de baseball. C’est quelque chose d’extrêmement sensuel, avec beaucoup de complicité, de douceur et d’écoute. C’est le plus intime des rapports humains, puisqu’on caresse l’intérieur de la personne. Il n’y a pas plus intime !
Pour les nouveaux initiés, les accompagnez- vous main dans la main ?
On est toujours bienveillant. On leur explique le b.a.-ba, avoir des rapports humains et sexuels respectueux et safe. On est là pour les accompagner s’ils ont besoin de conseils, s’ils sont timides ou qu’ils ont envie mais n’osent pas. Notre rôle, c’est de créer une bonne ambiance pour faciliter les rencontres.
La population de la France rurale vous a-t- elle soutenu d’une main de fer ?
Lors de l’installation, cela m’inquiétait. La population rurale est souvent réfractaire à ce genre de choses. On a eu parfois quelques grimaces de gens un peu interloqués, mais on a joué franc jeu. Nous avons réussi à nous faire respecter et aimer des gens qu’on côtoie, nos fournisseurs, nos artisans ou le maire d’Assigny. On voudrait qu’on soit terrifiants, mais on se rend compte qu’on est juste des gens sympas.
Où en est la Fistinière aujourd’hui ?
Vous êtes-vous sortis les mains du cambouis ? Nous ne sommes pas millionnaires, mais on gagne notre vie correctement. On a obtenu ce que l’on souhaitait : notre maison d’hôte. Même si ça prend tout notre temps et que l’on est un peu coincé aujourd’hui avec notre Fistinière…
Et demain, est-ce que vous pensez à passer la main ?
La main, on la passe très souvent ! C’est évident qu’on ne tiendra pas la Fistinière jusqu’à 75 ans. Un jour, on aura envie de partir à la retraite. À ce moment là, on cherchera un repreneur pour poursuivre sur la lancée !
ENTRETIEN PIERRE ARDILLY
La Fistinière : Sous ma bonne étoile (éditions GRRR…ART, 213 pages, 17€)
Technikart #196