Nous étions là, à quelques semaines de la Saint Valentin, à étudier les options. Offrir cette fragrance – aux notes de criste marine et affichant un prix proche de celui d’un Paris-New York – à l’être aimé ? Non – pas pour la troisième année de suite. Ou ce Hyaluron Pen disponible sur Alibaba contre une soixante d’euros (il permet de se faire ses propres « injections lèvres » à la maison) ? Pour le romantisme, on repassera. Et quid d’une carte cadeau « Baby Botox Classique » ? Comment dire…
C’est à ce moment précis qu’un membre de la rédaction (qui ne sera pas nommé ici) évoquait pour la première fois le joujou, de la taille d’un gros lipstick, qui se trouve en couve (le Satisfyer Pro 2 Kiss, discret sex-toy qui nous vient du nord-est de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie). S’ensuit une liste de ses bienfaits (« les ondes de pression par position de la membrane ; les 30 programmes, du frisson doux à l’extase ; ses onze centimètres, qui me permettent de le ranger dans mon Chiqito Jacquemus ») et plusieurs mots désormais proscrits par la Charte 2025 de Technikart (« game-changer », « banger », etc.)
Devant mon air méfiant (je m’étais déjà fait avoir par son éloge des sauces Hot Ones chez McDo et son prosélytisme pro-NFT), il adapte son discours. Nous voilà lancés sur le rôle du sextoy dans les combats d’émancipation, de ces « vibrateurs » utilisés par les médecins du XIXe siècle pour « traiter l’hystérie » à la révolution des années 1970, quand les militantes féministes encourageaient leur usage pour l’auto-exploration et l’autonomie sexuelle des femmes… Et aujourd’hui, alors que le « bien-être sexuel » est l’un des grands sujets du moment ? « Le statut des sextoys s’aligne avec celui de la santé mentale, rassure la sexologue la plus pop de Paris Manon Lugas dans notre vibrant dossier du mois. Maintenant, on parle plus simplement de se faire du bien, d’abord seul, puis à deux. » Moralité ? Le sextoy est devenu un allié » pour tant de « couples hétéros à la ramasse… »
Je vous laisse : j’ai un cadeau à aller chercher (et la pochette Jacquemus qui va avec).
Bonne lecture (et bonne révolution, surtout),
On se retrouve dans un mois,
Laurence Rémila
Rédacteur en chef