LÉONARD LASRY, MELODY MAKER : « HOT ET PLEIN D’ESPOIR »

Léonard Lasry

Étourdissant mélange de Delerm, Daho, Nougaro et Gainsbourg, Léonard Lasry est un mélodiste brillant. Son cinquième album solo, Le Grand danger de se plaire, démontre que la pop est aussi un art au long cours. Rencontre colorée.

Depuis 2006 et ton premier album, Des Illusions (29 music), ta musique semble s’être rajeunie. Avec ce piano-voix aux compositions gracieuses, aurais-tu débuté ta carrière musicale par la fin ?
Léonard Lasry : C’est un album de vieux, c’est ça ? (rires)

De chansons françaises hors du temps ?
C’est ce que j’aime, oui ! Il aurait pu être de l’époque des premiers Gainsbourg, ou en plein eighties. Je n’ai jamais fait d’album avec un son vraiment marqué et associé à une période en particulier.

En 2012, sortait L’Exception (29 music), ton premier album avec la chanteuse Élisa Point. En quoi a-t-il été un tournant pour toi ?
Après mes deux premiers albums (il sort entre temps Nos jours légers, mélangeant à ses compositions épurées, des sonorités rock, funk et disco), je tournais un peu en rond. Je lui ai proposé de reprendre mes morceaux préférés de sa vaste discographie. Élisa m’a éduqué au détail des mots, à la précision des intonations. Elle m’a également fait prendre conscience de n’avoir pas besoin de courir après le succès populaire.

Une de tes autres rencontres précieuses fut Maripol, styliste culte qui a notamment découvert Madonna, et avec qui tu as écrit des morceaux pour Valentino et Dior. Comment l’as-tu rencontrée ?
J’ai découvert ses poèmes après un vernissage Marc Jacobs pour son livre de polaroïds érotiques (Maripola X, Le Livre Art Publishing, ndlr). Ses poèmes, sa franchise, et son côté culte m’ont inspiré. Je lui ai composé deux morceaux. Dans la foulée, on a enregistré, et pressé en format CD, Love Each Other, qu’elle a amené à New-York. C’était un EP vintage. Son phrasé se situe entre Amanda Lear, Grace Jones et Marianne Faithfull.

Par l’intermédiaire de son amie Maria Grazia Chuiri, tu commences à travailler pour Valentino.
On a fait un single et un petit film, oui. Ensuite, elle est partie travailler pour Dior, et elle a continué de nous demander des morceaux. Jusqu’au défilé de 2021, où elle a demandé à Giorgio Moroder de remixer notre chanson « Let’s Disco », pour le grand retour des show post-Covid. C’était incroyable de voir cette chanson imaginée dans mon salon se retrouver dans les machines de Moroder, en version de dix minutes.

Depuis 2006, en parallèle de ta musique, tu as développé avec ton frère la marque de lunettes Thierry Lasry, portées par Madonna, Lady Gaga, Kate Moss… Un rêve ?
J’ai toujours été passionné de mode. J’avais envie de faire une marque de bijoux que je dessinais. Mon frère a commencé à faire des lunettes. Il m’a proposé qu’on fasse cela ensemble. J’ai foncé.

Avant de concevoir ton dernier album, tu as composé celui de Charlotte Rampling (De l’amour mais quelle drôle d’idée, 29 music) et de Marie France (La Nuit qui vient sera belle, 29 music). Le premier, en quelques mots ?
Il est totalement ce que je suis. Comme tous mes autres projets, c’est un journal intime, mais il a un son plus pop que les précédents.

Et celui avec Marie France ?
J’ai adoré faire cet album disco ludique et festif sur lequel on a aussi convié Alain Chamfort pour un duo (« L’amour est innocent »). Il a été aussi  l’occasion de travailler avec Pierre & Gilles sur son visuel, juste quelques mois avant le mien.

Sur ton dernier album, Le Grand danger de se plaire, tu as transformé Fanny Ardant, en feat sur le morceau « Un autre jour dans la nuit », en Sade made in France. Comment ?
Je ne l’ai pas transformée ! Il y a un tel velouté dans sa voix et une telle aisance vocale, qu’elle est naturellement sensuelle. C’est un morceau hot, poétique et plein d’espoir, assez sexy donc…

Ton prochain concert ?
À la Nouvelle Ève, le 26 mars !

Le Grand danger de se plaire, 29 music.

 

Entretien Alexis Lacourte