Musicien polymorphe, Léonard Lasry est sur tous les fronts (réédition de son album Au hasard cet espoir et sortie des albums de Sylvie Vartan et Amina). Rencontre avec un amoureux des femmes.
Il paraît qu’après une précédente interview au magazine, dans laquelle tu faisais part de ton envie de travailler avec Ophélie Winter, elle t’a contacté. Est-ce qu’on peut s’attendre à un projet avec elle ?
Léonard Lasry : Je pense qu’elle a des fans qui lui ont envoyé mon interview. On a échangé un petit peu, elle était hyper cool mais très prise par l’écriture de son livre donc on n’a jamais travaillé ensemble. Mais j’ai lu son bouquin ! (Rires)
Tu es revenu à la chanson avec la sortie au printemps dernier de ton album Au hasard cet espoir. Tu en avais marre d’écouter chanter les autres ?
Je ne crois pas que je sois fait que pour être derrière et composer pour les autres, même si c’est une composante importante pour moi ! J’avais reçu un bon accueil avec mon album précédent, sorti en 2017. Ça m’a encouragé à produire la suite. Développer mon propre univers et faire travailler d’autres artistes me paraît être un bon équilibre.
Cet album, c’est un peu un journal intime ?
Plutôt une sorte de carnet de sentiments. Ce sont 18 morceaux pour 18 états d’âme. C’est un album ouvert sur l’existence et un optimisme qui me ressemble. Je suis plutôt du genre à être optimiste.
Ça se voit !
Eh oui, je porte beaucoup de couleurs ! Je ne porte jamais de noir. Je suis assez joyeux.
Ton album est sorti en avril dernier. Le Covid a-t-il influencé son écriture ?
Non, car la plupart des chansons ont été écrites avant la pandémie. Pendant le confinement, j’ai fait une expérience et composé en temps réel un mini album pour les fans que j’ai fait livrer moi-même par la Poste avec ma dérogation. Je l’ai retiré des plateformes. C’était vraiment une création de l’instant. Je n’ai gardé que deux chansons composées pendant le Covid, « Ce qu’il fallait dire » et « Via Condotti », mon duo avec Charlotte Rampling.
Quelles ont été tes sources d’inspiration pour cet album ?
Une grosse partie de l’album a été composée en Italie et s’inspire de chansons de variété italienne des années 1970. Pour le titre avec Charlotte Rampling par exemple, j’avais envie d’une pop mélancolique un peu cinéma. C’est une chanson où les deux personnages ne sont pas ensemble, un peu comme deux âmes qui dialoguent. Si ça se trouve, on est tous les deux morts ou moi je suis mort dans la chanson et elle est vivante et me parle à distance. On ne sait pas…
Pourquoi Charlotte Rampling ?
C’est une de mes actrices préférées. Pour dire la vérité, pour un prochain projet avec peut-être des actrices, j’avais fait une petite liste de gens qui m’inspirent et, dans mon top 4, il y avait Charlotte. Elle a donc été approchée pour ce projet. Lorsque j’ai su que l’idée lui plaisait, je lui ai proposé la chanson « Via Condotti ». J’entendais sa voix quand je l’ai composée. Quand elle l’a entendue, elle a dit « C’est pour moi ! ». Ça fait très drôle de voir Charlotte Rampling débarquer chez soi avec une pochette plastique pour y ranger les paroles. On a enregistré juste après. J’en suis très fier et très ému.
« EH OUI, JE PORTE BEAUCOUP DE COULEURS ! JE NE PORTE JAMAIS DE NOIR. JE SUIS ASSEZ JOYEUX. »
Dans le titre « Vagabonde éternelle », tu rends hommage à Coco Chanel. Un personnage plutôt controversé.
C’est un portrait de femme. La chanson souligne sa complexité, certes, mais dit surtout qu’au-delà de tout ça, « Respect ! », pour elle, pour sa détermination. C’est une guerrière des temps modernes. Mon duo avec Claude Montana s’inscrit dans cette même lignée. Lui aussi est un guerrier des temps modernes.
Tu as un truc avec les icônes ?
Oui j’ai un problème je pense (rires). Je ne le fais pas exprès, j’aime aussi les jeunes artistes ! La plupart du temps je ne fais rien pour que ces gens viennent à moi mais la vie les met sur ma route. Comme je les ai adorés, j’ai forcément envie de faire quelque chose avec eux.
Le point commun entre les femmes que tu fais chanter, que ce soit Amina, Sylvie Vartan ou Charlotte Rampling, c’est que tu les fais parler presque plus que chanter. On peut dire que c’est la signature Lasry ?
Je crois que oui, même si je ne l’ai pas inventée ; Gainsbourg l’a fait bien avant moi. Je le fais surtout parce que certaines voix s’y prêtent.
Des chansons qui deviennent presque érotiques…
Je me suis concentré sur la sensualité de ces femmes. Charlotte Rampling est tellement sensuelle, Sylvie Vartan également. Elles sont séductrices parfois malgré elles. Lorsque Sylvie Vartan entre dans une pièce, il se passe tout de suite quelque chose. C’est vrai que ça ressort assez peu dans ce qu’on lui fait chanter et moi j’ai aimé l’envoyer dans ce registre-là.
Une sensualité que l’on retrouve dans le dernier album que tu as composé pour Amina.
J’ai voulu explorer la sensualité à l’orientale. La chanson « Tu joues si bien » d’Amina, est un peu mon interprétation du tube de la chanteuse algérienne Warda. Il y a une dramaturgie dans les musiques orientales, quelque chose de très cinématographique.
Y a-t-il quelque chose de plus à composer pour des femmes que pour des hommes ?
J’aime la sensualité, l’élégance et c’est un peu moins visible chez les hommes. C’est peut-être pour ça que j’ai davantage écrit pour des femmes. Mais pourquoi pas composer pour des hommes… L’acteur Darren Criss aime bien mes chansons et voudrait qu’on produise un truc ensemble. Peut-être une reprise d’une de mes chansons.
Tu visualises beaucoup tes chansons et tu adores les actrices. Tu ne t’es jamais dit « un jour je ferai un film » ?
Si, peut-être. Ça m’attire. J’ai d’ailleurs réalisé quelques clips pour des artistes, mais je ne m’inventerais pas réalisateur, je n’ai pas la technique.
Et être acteur ?
Ça me dirait pas mal, mais je n’ose pas encore. Ça a failli se faire une fois. Elisa Point, avec qui j’écris, a réalisé un court-métrage au moment du Covid et voulait que je joue dedans, mais ça ne s’est pas fait. Je n’assume pas trop d’en avoir envie. Peut-être chanter dans un film pour commencer. En tout cas, je ne suis pas fermé à l’idée !
Merci pour le regard de Sylvie Vartan, le 1er octobre
La Lumière de mes choix d’Amina, le 22 octobre
EP le 8 novembre et réédition de l’album Au hasard cet espoir (sorti en avril dernier) le 19 novembre
Par Margot Ruyter
Photo Wahib Chehata