Cet article est à l’intention de nos amis de la catégorie HNWI. Les autres, vous pouvez tourner la page. Sans rancune ?
Légende photo : HEP, TAXI !_ C’est marre. Vous avez trop souvent subi les tacos de mauvais poil et les bouchons sur le périph’. 2025 sera l’année de la Silicon Valley way of life. Un coup de fil à Hidalgo et à vous le Ubercopter Gallieni-Roissy ! (Attention néanmoins à l’heure de pointe aérienne)
Vous n’avez plus le droit à l’erreur, vous le savez. Ces derniers mois, vous êtes rentré tard tous les soirs, avez oublié le septième anniversaire de mariage et repoussé onze fois le dîner avec vos beaux-parents. Nicole va sérieusement se barrer.
En jouant des coudes, vous avez déniché une table chez TJ, à 20 h 00 pétantes. Le chef de salle l’a bien précisé : « Pas une minute de retard ». Vous avez fait le calcul, entre Palo Alto et Mountain View, dix minutes d’air-taxi suffisent. Depuis que Blade, la startup new-yorkaise de Rob, s’est développée dans la Silicon Valley, votre quotidien a radicalement changé. Adieu les bouchons terrestres entourés de la masse. Dans un hélico privé, vous êtes enfin à votre place.
PLEURER DANS UN BLADE
Habilement, vous avez souscrit à l’Airport Pass (pour la modique somme de 695$/an) vous offrant de jolies remises sur vos vols et des hélicos dispos 24h/7j pour vos beaux yeux. En prime, Rob vous a envoyé le tote bag de l’entreprise sur lequel est inscrit : « Plutôt pleurer dans un Blade que dans un Jitney ». La plaisanterie vous échappe, vous n’avez jamais mis les fesses dans un bus de banlieue.
Enjoué et satisfait de vous-même, vous sifflotez en signant quelques documents, pensant déjà aux pétoncles d’Hokkaido que vous allez vous enfiler. Votre téléphone vibre, l’hélico vous attend. Vous rangez à la va-vite les dernières paperasses et prenez l’ascenseur en direction du toit.
Après quinze bonnes minutes de vol, vous décrochez le nez de vos mails et remarquez que l’engin fait du surplace : « C’est quoi ce bordel, je devrais déjà être arrivé… ».
Loin d’être le seul entrepreneur à se croire plus malin que les autres en optant pour la voie aérienne, vous constatez – non sans ironie – l’embouteillage d’hélicos devant vos yeux. Les minutes s’écoulent tandis que votre téléphone affiche sans cesse le numéro de votre femme. Vous êtes cuit. Adieu pétoncles d’Hokkaido. Adieu fortune et adieu gosses. La prochaine fois, marchez.
Par Suzanne Derquine