MARIE COLOMB : « L’EXPOSITION DE L’INTIMITÉ »

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La comédienne incarne la première superstar de télé-réalité, Loana, la jeune blonde platine ayant marqué toute une génération. Interview sans drama.

Juin 2001. La chaîne M6 accueille en direct la première télé-réalité française, « Loft Story », inspirée de l’émission hollandaise « Big Brother ». Douze candidats sont filmés 24h/24h, disponible en direct sur la chaîne TPS, tandis qu’un best-of est diffusé chaque soir devant des millions de téléspectateurs. Ils sont les sujets d’un bouleversement non seulement télévisuel, mais médiatique en France : ils deviennent des stars, les produits autant de débats que d’un renouveau du marketing. La série Culte retrace, de l’intérieur de la production de cette télé-réalité, le côté pionnier du Loft. Mais ce qui transparaît, c’est surtout un art du casting et de la création, en direct, d’un scénario du buzz. Les quatre acteurs principaux sont aussi fascinants que les candidats de l’époque, parce qu’ils arrivent à brouiller les pistes entre fiction et réalité dans une série aussi captivante que les premières heures du Loft. Rencontre sans filtre.

Dans Culte, tu joues le rôle central de Loana, star de la série. Comment as-tu réussi à concilier les informations et confidences de Loana pour en inspirer ton personnage ?
Marie Colomb : Pour mon rôle j’avais déjà énormément de matière. Je n’ai pas rencontré Loana, mais elle avait participé à l’écriture avec les auteurs de la série. Je n’ai eu qu’à étudier sa personnalité et tenter de la reproduire au mieux.

Quel était ton espace d’interprétation ?
J’ai beaucoup travaillé le personnage de Loana en amont. Mon but était de mêler sa personnalité à la mienne et cela a été possible grâce aux deux auteurs Matthieu Rumani et Nicolas Slomka, qui ont travaillé avec Loana, notamment à partir de son livre (Elle m’appelait Miette, 2001), pour écrire le scénario. Notre but commun a été de présenter Loana le plus justement possible et sous toutes ses facettes.

Tu as pu lire le livre de Loana et regarder « Loft Story » en amont. Qu’en as-tu retenu ?
La manière dont on regardait les femmes à cette époque et comment on les traitait. On avait d’elles une image très étriquée.

Le Loft était-il le précurseur des réseaux sociaux ?
Totalement, c’est le début de l’exposition de l’intimité. Et au même moment, Internet a fait son arrivée dans la société, ce qui a changé beaucoup de choses.

As-tu des souvenirs de l’époque où « Loft Story » est sorti ?
J’avais six ans… Mais une copine m’a récemment rappelé qu’on s’amusait à jouer au Loft, petites, dans la cour de récré en primaire. Et je jouais déjà Loana !

Loana est la figure la plus importante du Loft. Est-ce le personnage le plus brisé que tu aies eu à jouer ?
C’est l’un des personnages les plus brisés, c’est vrai, mais aussi le plus intelligent et complexe.

Que retrouves-tu de toi dans le personnage ?
Pour commencer, on a en commun d’être des femmes. En essayant de créer des ponts entre elle et moi, j’ai trouvé autant de similitudes que de grands écarts. Avoir accès à autant d’images, d’archives et de récits du parcours de Loana m’a beaucoup aidé dans le jeu. J’avais à cœur d’être juste vis-à-vis de son vécu.

Loana avait 23, 24 ans au moment du tournage. Pourrais-tu t’imaginer faire ce qu’elle a fait ?
À cette époque, j’étais trop jeune pour candidater. Mais au-delà de ça, j’ai horreur de l’enfermement, je n’aurais pas pu participer… L’idée de rester une journée entière chez moi sans sortir me terrifie !

Trois images des années 2000 qui t’ont marquée ?
Ce sont des images de mon enfance. Le CD ou le DVD. À l’époque c’était fou. La deuxième, c’était le portable à clapet et la troisième, c’était Loana qui arrive en voiture sur les Champs-Élysées.

Loana, c’est le style iconique des années 2000 ?
Complètement. Le pantalon taille basse, les jeans déchirés ou délavés. C’est la référence, et c’est un style qui revient.

La suite ?
Je vais tourner dans la série Alpha de Franck Bret pour France 2. Et continuer à être bien entourée !

Culte, sur Prime Video le 18 octobre


Par Alexis Lacourte, Léa Guillonnet et Laurence Rémila
Photo : Jeanne Pieprzownik