« La musique est le langage universel de l’humanité », disait le poète américain Henry Wadsworth Longfellow. Sun Ra d’aller plus loin – « Music is air, a universal existence common to all the living ». Sur les rives du Nil, les joueurs de Kora le savent mieux que personne, le son cristallin et cryptique de l’instrument doit se propager dans l’âme humaine pour la purifier et la vivifier à la manière du fleuve irriguant les papyrus et les plantations alentour. Les chercheurs en neurosciences de Cambridge et de Bar Ilan ont démontré, en 2022, dans Journal of Personality and Social Psychology la correspondance entre notre personnalité, nos genres musicaux et nos titres favoris. Alors que disent de nous nos playlistes ?
« Dis-moi ce que tu écoutes et je te dirai qui tu es », peut-on lire ci et là, en titre d’articles à la recherche d’une réponse pour percer le mystère. Qu’on se fixe un premier date sur une application de rencontre comme Meetic, qu’on prenne la musique pour un incontournable de la séduction (on commence par s’échanger des morceaux, et puis on voit si le feeling passe), ou pour un désinhibiteur de premier rendez-vous (le beat slow rapproche autant que l’énergie furieuse de la techno) ; qu’ils détestent-adorent le tube fétiche de l’autre et le chantent contraint d’amour sous la douche, ou qu’ils partagent exactement la même playlist, ce qu’il y a de certain, c’est que les couples que nous avons rencontrés ont tous un point commun : la bande son de leur première rencontre est gravée dans leur mémoire. SZA, Aya Nakamura, Jenifer… Pourquoi sommes-nous résolument plus gaga en musique ?
Selon Florence Escaravage, notre experte love du mois, « comme peuvent l’être les bougies ou les massages, la musique crée un climat de désinhibition, neutre, non clivant, qui parle à notre cœur, et non à notre raison. Or, pour tomber amoureux, le plus important, c’est d’arrêter de raisonner ! » Ce « bastion neutre » de la vie, serait-il la clé d’entrée pour débuter une conversation, proposer un premier date, se draguer doucereusement ? Le lourd climat ambiant, semble, en tout cas, d’après Florence Escaravage, renforcer l’importance et la puissance de la musique dans nos vies et nos rencontres amoureuses. What Color Is Love, se demandait Terry Callier en 1973. Du rose, du bleu… Beaucoup de lâcher prise. Tout comme une danse, finalement. Résultat ? En musique, « we will be free » !
Par Alexis Lacourte