Créer du sens en choisissant une banque écolo : tel est le pari d’helios, co-fondée en 2020 par Maeva Courtois. En donnant à ses clients le contrôle sur l’usage de leur argent, cette fintech entend « dépolluer la banque » et financer des projets durables. Interview very green.
Avec helios, vous défendez l’idée de créer du sens en choisissant sa banque, notamment en investissant dans l’écologie. Quels sont les enjeux d’une banque aujourd’hui ?
Maeva Courtois : Il y en a plusieurs, mais pour moi, l’enjeu principal est de redonner à la banque son rôle sociétal. Une banque n’est pas qu’une structure commerciale : elle doit financer l’avenir en soutenant les innovations, en accompagnant les entreprises dans leur transition et en répondant aux attentes des citoyens. Chez helios, nous voulons contribuer à un monde décarboné en orientant les financements vers des projets durables et porteurs de sens.
Que veut dire « dépolluer la banque » pour helios ?
C’est revoir entièrement la façon dont l’argent des clients est utilisé. Quand vous déposez de l’épargne, elle finance souvent des projets liés aux énergies fossiles ou à des industries nocives. Chez helios, nous excluons ces secteurs et investissons uniquement dans des projets à impact positif, comme la transition énergétique ou l’agriculture durable. C’est ainsi que nous transformons l’épargne en levier pour un avenir plus responsable.
Vous voulez financer la transition écologique. Comment choisissez-vous les projets dans lesquels vous investissez ?
Nous suivons une démarche stricte. D’abord, une liste d’exclusion élimine les secteurs nocifs comme les énergies fossiles, les pesticides chimiques ou l’élevage intensif. Ensuite, nous ciblons des projets qui participent activement à la transition écologique : mobilité bas carbone, reforestation, agriculture durable. Chaque investissement est évalué pour son impact environnemental et social afin de s’assurer qu’il contribue à limiter le réchauffement global.
Vous avez récemment levé 2,5 millions d’euros via une campagne participative. Pourquoi ce choix d’ouvrir le capital aux clients, et quel rôle joueront-ils dans la gouvernance ?
C’était essentiel pour nous d’impliquer nos clients dans l’aventure helios. En leur ouvrant une part de l’actionnariat, nous leur donnons l’opportunité de devenir de véritables acteurs du projet. Cela renforce leur engagement et crée une communauté alignée autour de valeurs communes. Ces clients-actionnaires deviennent des ambassadeurs du modèle, tout en participant activement à la gouvernance et à la vision de l’entreprise.
Vous permettez aux clients de suivre en toute transparence où va leur argent. Avez-vous constaté un changement dans leurs habitudes bancaires grâce à cela ?
Oui, complètement. Cette transparence suscite beaucoup de réflexion. Nos clients se demandent désormais : mon argent soutient-il des projets alignés avec mes valeurs ? Cela les pousse à reprendre le contrôle de leur épargne et à se tourner vers des solutions plus responsables. Nous avons constaté un réel engouement pour cette approche, qui éduque autant qu’elle transforme.
helios a été auditée comme le compte le plus vert de France. Que représente cette reconnaissance pour vous et votre équipe ?
C’est une immense fierté, mais aussi une validation de nos choix. Cela montre qu’exclure les secteurs polluants et financer des projets à impact positif est une démarche à la fois réaliste et efficace. C’est également une source de motivation pour notre équipe, qui travaille chaque jour à démontrer qu’un autre modèle bancaire est possible.
Vous avez quitté un poste en finance traditionnelle pour lancer helios. Quel a été le déclic ?
J’ai eu une sorte d’électrochoc en lisant les rapports du GIEC. En parallèle, je voyais dans mon travail à quel point la finance continue de soutenir massivement les énergies fossiles, malgré l’urgence climatique. J’ai alors décidé de mettre mes compétences au service d’un projet qui aurait un réel impact positif. C’est ainsi qu’helios est né.
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent entreprendre dans des domaines comme la finance ou la technologie ?
Croyez en vous et osez. Il est crucial que nous, les femmes, occupions davantage d’espace dans ces secteurs. C’est en étant visibles et en prouvant notre valeur que nous pouvons inspirer d’autres à suivre. La diversité est essentielle pour repenser les modèles traditionnels et construire un avenir plus inclusif.
La suite ?
Nous avons de grandes ambitions. D’ici 2026, nous souhaitons ouvrir un nouveau marché européen. En parallèle, nous travaillons sur le lancement de nouveaux produits d’investissement, comme un plan épargne-retraite. Notre priorité reste de mobiliser les citoyens pour financer des solutions concrètes et durables.
Par Lina Bacchieri
Photo Axel Vanhessche