MATHIAS LEGOÛT HAMMOND, ACTEUR MORDANT : « FAIRE DES CHOSES QUI ONT DU SENS »

Mathias Legoût Hammond

Dans En attendant la nuit, son premier film, Mathias Legoût Hammond, 23 ans, incarne un ado différent qui a besoin de sang humain pour survivre. Notre prochain Robert Pattinson ?

D’où venez-vous ?
Mathias Legoût Hammond : Je suis né à Paris, j’ai grandi à Fontainebleau et j’habite maintenant entre Fontainebleau et Paris.

Que faisaient vos parents ?
Mon père travaille pour une entreprise de comptabilité et d’audit, ma mère est formatrice d’anglais. Ils sont pas du tout dans le business du cinéma. Et j’ai trois frères.

Enfant, vous étiez intéressé par le ciné ?
Moi, je voulais soit faire du skate à un niveau professionnel, car j’étais vraiment obsédé par ça, soit m’orienter vers le journalisme. J’ai découvert le skate à 14 ans, je séchais les cours pour en faire, j’ai beaucoup pratiqué jusqu’à 20 ans. On m’a confisqué mon board à l’aéroport quand je suis allé à Barcelone. Et je n’en ai pas racheté, comme si – symboliquement – ça sonnait un peu la fin.

Vous avez eu le bac ?
Économique et social, sans mention. Puis, je suis allé à Paris, dans une fac de théâtre. J’avais découvert le ciné en première-terminale, avec Martin Scorsese, Dustin Hoffman, Mads Mikkelsen, Meryl Streep, pas mal d’acteurs des années 70… Dans cette fac, je pensais que j’allais jouer, mais en fait, il n’y avait que des cours de dramaturgie… J’y suis resté deux mois…

Comment ça a commencé ?
J’ai dégotté un agent, j’ai couru les castings et ça s’est soldé à chaque fois par des échecs. J’ai fait ça pendant un an et j’ai dû pratiquer des tas de petits boulots : la plonge, je bossais parfois à Fontainebleau avec des chevaux…

Et pour En attendant la nuit ?
J’ai passé le casting juste avant le Covid. Puis, il y a eu deux ans d’attente, à cause du financement, jusqu’au tournage. Pendant tout ce temps, je ne savais pas si le film allait se monter, donc j’ai trouvé un autre taf, conseiller en stratégie d’études.

Mais avant ce premier rôle, aviez-vous déjà pris de cours d’art dramatique ?
Non, non, non. J’ai beaucoup regardé des entretiens d’acteurs qui disaient que jouer, c’était un rapport au monde, vivre des choses… J’ai voulu tester cette façon de faire.

Pourtant, vous avez le rôle principal du vampire ténébreux, et le film repose entièrement sur vous.
Ouais. Je me souviens qu’une semaine avant le tournage, j’ai failli ne pas y aller. Je me disais, putain, je vais envoyer un message à Céline (Rouzet, la réalisatrice dont c’est le premier film, NDR) en lui disant, je ne peux pas, je suis désolé et tout. Cela faisait deux ans que je m’étais préparé, j’avais dressé le portrait psychologique du personnage… Et puis l’histoire me touchait tellement et je savais que je pouvais le faire. Je comprenais l’histoire très intimement. Mais c’est différent de répéter tout seul dans sa chambre et de le faire ensuite devant 40 personnes. Et puis, il y a la caméra ! Mais bon, les autres acteurs, Elodie, Céleste, Jean-Charles…, tout le monde a été hyper sympa avec moi, bienveillant. J’ai également découvert l’ambiance de plateau…

Combien de temps avez-vous tourné ?
On a eu cinq semaines de tournage, à Besançon. Ça a été le plus bel été de ma vie ! J’ai pris ça très au sérieux, je voulais pas me louper et faire quelque chose de bien. J’étais quand même impressionné, intimidé.

Et avec votre réalisatrice ?
Je crois qu’elle avait confiance en ce que je voyais et ce que je proposais. Souvent, je proposais une première interprétation, et on partait de là. Elle avait toujours le mot juste, c’est une vraie championne. J’ai vraiment adoré, j’avais l’impression d’être au sein de quelque chose qui m’intéressait comme jamais. Tout avait du sens.

Le film avait été sélectionné à Venise ?
J’étais hyper stressé, je n’arrivais plus à dormir avant, je n’arrivais plus à manger correctement à cause de la tension. C’était la première fois que j’allais dans cette ville, et je découvre cette salle de 1 300 personnes. Je crois que j’ai plus ou moins pleuré toutes les 30 minutes de la projection, parce que ça me touchait, comme le scénario que j’avais lu deux ans plus tôt. Avant de monter sur scène, j’étais en sanglots. Sur scène, c’était le bonheur complet, et puis j’ai donné mes premières interviews.

Le film sort le 05 juin.
J’ai hâte. Ça va faire deux ans qu’on l’a tourné…. C’est dingue !

Vous avez des propositions pour la suite ?
Je passe quelques essais, mais pas beaucoup. Jusqu’au mois de mai, je vais faire une mission humanitaire pour Médecins Sans Frontières et parcourir plusieurs régions de France en essayant de recruter des donateurs et pour parler de Médecins Sans Frontières avec des jeunes.

Vous avez envie de continuer dans le cinéma ?
J’ai envie de faire des bonnes choses surtout, qui ont du sens. Comme mon voyage en Inde. Je suis parti un mois solo en Inde l’année dernière. Ça m’a vraiment bouleversé. Je suis resté plus ou moins dans le nord de l’Inde, et j’ai fini juste à côté du Tibet, à Dharamsala, la ville d’accueil du Dalaï-Lama. C’était magique !

En attendant la nuit de Céline Rouzet
Sortie en salles le 05 juin


Par Marc Godin