MEGAN NORTHAM : « ÇA M’A PLU DE OUF »

Megan Northam

Découverte dans Salade grecque, la série de Cédric Klapisch, Megan Northam illumine de sa présence Pendant ce temps sur Terre, où elle affronte une invasion extraterrestre.

D’où vous venez ?
Megan Northam : De Nantes. Je suis née à Nantes et j’y suis restée jusqu’à mes 19 ans. Mon père est scénographe, pour le théâtre et l’opéra. Il m’a ouvert à la musique. À l’âge de six ans, j’ai commencé l’éveil musical, puis après avoir longuement hésité entre la harpe et le violoncelle, j’ai choisi le violoncelle. Mais au bout d’un moment, j’ai pété un câble et j’ai arrêté bien sûr, parce que c’est beaucoup de pression et de rigidité.

J’ai vu des choses bizarres dans votre bio, comme le lancer de marteau.
Je ne savais pas que ça allait circuler autant (elle hurle de rire). Je faisais de l’athlétisme, ça me défoulait beaucoup et j’avais trois disciplines en compétition : un lancer, un saut et une course. En catégorie benjamine, on m’a proposé de participer aux championnats de France, à 17 ou 18 ans. Mais j’avais plus envie d’aller traîner dans le parc avec mes potes que de faire des compétitions d’athlétisme…

Qu’est ce qui se passe entre le lancer de marteau et le cinéma ?
Il n’y a pas vraiment de rapport. Par contre, je pense qu’à certains moments quand je joue, je mets parfois la même énergie qu’en compétition.

Comment arrivez-vous dans le cinéma ?
Mes parents m’ont proposé plusieurs fois de faire du théâtre et j’ai toujours dit non parce que je n’en avais pas envie. J’ai une grande timidité et jouer, ce n’est pas un truc immédiat. Il faut dépasser la limite du regard de l’autre, aller au-delà. Mais j’aime bien dépasser mes limites… Après Rennes, j’ai fait une école de musique pendant un an, j’ai bossé dans des restos, des bars, des friperies… J’ai aidé des potes à faire des courts-métrages et je suis allée suivre des cours au conservatoire du 18ᵉ arrondissement. Après le confinement, j’ai joué dans un court-métrage intitulé Miss Chazelle, qui a bien marché dans les festivals.

L’idée grandissait en vous que vous pouviez peut-être faire ce métier.
C’est le désir des autres, leur approbation, qui a validé l’idée, car je n’avais pas trop confiance en moi, je ne savais pas trop quoi faire dans la vie.

Mais depuis quelques années, ça commence à fonctionner pour vous.
Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, et cette année, je perds mon intermittence…

Pourtant, on vous a vue dans la série de Cédric Klapisch.
J’ai même reçu un prix aussi et deux récompenses pour Miss Chazelle. Ces prix, c’était une façon de me dire, tu peux continuer… J’ai de très bonnes personnes autour de moi, notamment mon agent, François Tessier.

Pourquoi Jérémy Clapin qui vous a choisie pour le formidable film de science-fiction Pendant ce temps sur terre ?
Je pense que ce qu’il a vu en moi, c’est peut-être quelque chose qui ressemble à la sensibilité du personnage d’Elsa, mon côté un peu nature, direct.

Vous avez aimé le côté atypique du projet, une invasion d’aliens en province ?
Ça m’a plu de ouf. Le personnage est le plus souvent seul à l’écran et elle entend une voix dans sa tête, donc ça fait quand même beaucoup. C’était chaud à interpréter, mais j’ai adoré interpréter une femme qui ne dépend pas d’une relation amoureuse, qui n’est pas gérée par un homme.

Vous êtes féministe et engagée ?
Oui, ça me paraît normal. Même si j’étais un homme, je crois que je serais comme cela aussi.

Que pensez-vous de ce qui se passe en ce moment avec #MeToo ?
J’ai déjà eu des problèmes avec des hommes dans le cinéma, avec des comportements et des remarques sexistes, et je ne veux pas que cela se reproduise. Je ne suis pas là depuis longtemps mais je pense que la parole se libère. Par contre, ça serait bien qu’il y ait un peu plus d’écoute…

Pendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin
Sortie en salles le 3 juillet


Par Marc Godin