2005 commence bien avec le retour gagnant de Wallace et Gromit sur Netflix. Pour en savoir un peu plus, Technikart a rencontré le légendaire Nick Park et son coréalisateur, Merlin Crossingham.
On n’avait pas revu Wallace et Gromit depuis… 2008. Pourquoi avoir autant tardé pour cette nouvelle aventure ?
Merlin Crossingham : Nous avons été pas mal occupés ces dernières années…
Nick Park : Le problème, c’est qu’Aardman est devenu un gros studio, mais pas assez gros pour mettre en chantier plusieurs films à la fois. Donc on a fait Shaun le mouton, puis Chicken Run, Cro Man, et il nous a fallu attendre d’avoir un trou dans notre emploi du temps et d’avoir LA bonne idée pour Wallace & Gromit. On attendait que la foudre nous frappe.
Mais seize ans d’attente !
Merlin Crossingham : Je sais (rires). On a eu cette idée du robot il y a très longtemps, mais le retour de Feathers McGraw (le méchant pingouin iconique du film de 1993, NDR), c’est beaucoup plus récent, il y a cinq ans seulement ! (rires) Eh oui, ça prend du temps un film Aardman !
Nick Park : On n’avait pas envie d’une histoire avec simplement un robot qui déraille, il nous fallait un génie du crime, quelqu’un avec un sombre dessein. Avec Feathers, c’était parfait, il a une longue histoire avec Wallace et Gromit, il était notre solution parfaite. C’est devenu alors très excitant de travailler sur ce nouveau projet. Le film s’est transformé un revenge movie, avec des clins d’œil à Cape Fear (Les Nerfs à vifs, classique du revenge movie réalisé en 1962 par Jack Lee Thompson, objet d’un remake avec Robert De Niro en 1992, NDR). C’est la première fois que nous avons poussé aussi loin les relations de Wallace et Gromit. Dans les autres films, il y a bien sûr du danger physique, mais jamais de problèmes émotionnels. Ici, Wallace pense qu’il va perdre Gromit et réciproquement.
Vous parlez de robotique dans le film. Est-ce que le film reflète votre peur de l’image de synthèse ?
Nick Park : Pas l’image de synthèse, plutôt de la technologie dans nos vies quotidiennes. Dans le film, la technologie sépare Wallace et Gromit et le problème est, qui contrôle cette technologie ? L’image de synthèse, c’est formidable, et nous en avons dans ce Wallace & Gromit. Aardman est un gros studio, avec des spécialistes des CGI. Wallace & Gromit est toujours animé à la main, image par image, mais on a eu recours aux images de synthèse pour les effets spéciaux avec l’eau, les nuages ou pour truquer des décors. Sinon, tout le reste est 100% animé à la main.
Comment vous répartissez-vous le travail ?
Merlin Crossingham : On a travaillé tous les deux sur le story-board, puis nous nous sommes répartis les séquences. Et nous travaillons ensemble sur le montage. Tous les matins, on regarde ce que l’on a fait la veille, un moment très important.
Mais ce que vous avez réalisé la veille représente combien de temps ?
Nick Park : Une à deux secondes (rires). Une très bonne semaine, c’est une minute de film pour toutes les équipes. On avait une trentaine d’animateurs et une quarantaine de décors.
Merlin Crossingham : De l’écriture au montage, nous avons travaillé un peu plus de quatre années. Le défi, c’est que le gag que l’on a imaginé, est-ce qu’il va toujours fonctionner quand la séquence sera enfin en boîte, quatre ans plus tard ? Et heureusement, c’est souvent le cas !
Nick Park : Le tournage à lui seul nous a pris quinze mois !
Que pensez-vous de l’évolution des films de Wallace & Gromit depuis trente ans.
Nick Park : Oh ! Techniquement, c’est meilleur et l’esprit est toujours là. Il y a toujours du cœur et de l’esprit d’Aardman.
Merlin Crossingham : On va un peu plus vite car nous avons abandonné nos vieilles caméras 35 mm pour des caméras digitales en 2008.
Pourquoi ce Wallace & Gromit est-il un film Netflix ?
Nick Park : Aardman est un studio indépendant et nous avons collaboré avec DreamWorks, Sony, StudioCanal et maintenant Netflix. C’était le bon moment pour bosser eux et ce sont des super partenaires. Ce sont de fans respectueux de Wallace et Gromit et ils ne voulaient rien changer à notre univers. Et ils vont distribuer notre film partout dans le monde…
Wallace & Gromit : la palme de la vengeance
Sur Netflix à partir du 3 janvier
Par Marc Godin