NIKOLA LANGE : « M’INSPIRER DES GENS QUE J’AIME ! »

Nikola Lange

Ancien élève de l’ESRA (l’École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle), Nikola Lange a coché toutes les cases du réal’ made in 2000’s : faire du montage pour YouTube et vendre ses séries pour des plateformes de streaming. La suite ?

Tu as commencé ta carrière de réalisateur à l’ESRA, en co-réalisant un court métrage par an. Est-ce qu’à la manière de Spielberg, dès l’enfance, tu prenais la caméra pour tout filmer ?
Nikola Lange : J’ai un parcours chaotique : prépa HEC, DEUG d’économie, batteur de rock progressif… La réalisation a commencé avec des films de skate, à monter sur le premier iMac à posséder iMovie, sans final cut. En revanche, à l’ESRA, je me suis retrouvé avec beaucoup de personnes venant de BTS audiovisuels. De mon côté, je n’avais aucun bagage technique, mais j’avais des capacités à analyser les formes filmiques, et un sens critique. J’ai fini par me lancer dans des autoproductions avec peu de moyens. Le matériel s’est démocratisé, j’ai emprunté des 5d (appareil photos, ndlr) à Joachim, le directeur de l’ESRA. Puis j’ai fait ma première série, Derby Girl, pour France TV. La première fois que je suis arrivé, que j’ai vu mon nom un peu partout, les cinq gros camions : j’étais décontenancé. J’avais l’habitude de cadrer avec des potes… Mais je n’ai jamais déjoué de méthode de travail. Je continue de faire comme si j’avais 5d, sauf que j’ai la dernière Alexa 35 ! 

Le gap entre ton passage à l’école et tes propres productions ?
À l’ESRA, je me posais beaucoup de questions. Alors j’ai fini par me détacher de mes créations. C’est une erreur de s’auto-définir par ce que tu créés. Dès qu’on rentre dans des métiers pareils, on s’auto-juge à l’aune de ça… Du moment que j’ai compris que je ne me définissais pas à partir de ce que je faisais, je me suis libéré. Ce qu’il faut, avant tout, c’est aimer raconter des histoires et travailler en équipe. 

Tu as fait pas mal de montage pour Golden Moustache et les séries que tu as réalisées (Derby Girl, Killer Coaster) sont comiques. Depuis quand es-tu attiré par ce registre ?
Je me souviens de ma première grosse interview, c’était pour Variety. Le journaliste me demande quel est mon style. J’en avais aucune idée. Alors je lui ai répondu que j’essayais de faire comme les réalisateurs que j’aimais et que tout ce qui était foiré définissait mon style.  

Qui sont les gens que vous aimez ?
J’ai grandi avec le cinéma hollywoodien des 80’s et 90’s. Mes premiers amours sont Spielberg, Joe Dante, Richard Donner, etc. Mais j’ai aussi grandi avec des films plus « chelous » comme Evil Dead de Sam Raimi ou Braindead de Peter Jackson. Je les ai vus à l’âge de dix ans, c’était gore et drôle à la fois. J’ai une influence anglo-saxonne, dans le mélange des genres et dans l’esthétique avec une lumière très travaillée.

Pourquoi avoir choisi les plateformes de streaming, YouTube, etc. comme canaux de diffusion ?
Je me sens libre avec le format série et les plateformes. J’ai été marqué, plus jeune, par Lost, The Wire, Battlestar Galactica… Des personnages et des intrigues plus vastes qu’en long métrage. Aujourd’hui, les séries n’ont plus rien à envier au monde du cinéma. Que ce soit esthétiquement ou dans la distribution.

Une série ou un film à nous conseiller ?
Le Cercle des Neiges, sur Netflix, une maestria de réalisation ! Et je viens de voir Triangle Of Sadness, énorme claque !

Quels sont tes futurs projets ? 
Je travaille sur deux thrillers, deux adaptations, et une création originale de série fantastique. Je m’éloigne donc de la comédie, même si ça va finir par me rattraper. Je travaille avec la même productrice Barbara Maubert depuis sept ans, fondatrice du label Vacarme, une filiale de Kabo, dirigée par Alain Kappauf (Kaamelott, Caméra Café…).

Entretien Alexis Lacourte


Joachim Azoulay 

À la tête de l’ESRA, Joachim Azoulay nous présente son école, et, avec fierté, la réussite de son ancien élève, Nikola Lange. Rencontre.

L’ESRA en une phrase ?
Joachim Azoulay : Depuis sa création en 1972 : être au plus proche des pratiques des professionnels.

La clé de la réussite ?
Le point commun de tous les métiers de l’audiovisuel, c’est qu’il faut être capable de travailler en équipe ! C’est en gagnant la confiance de vos collaborateurs que les opportunités vont apparaître. Le volume de production en France augmente constamment, avec l’arrivée des plateformes : il y a donc de la place pour tous types de contenus. Il faut oser surprendre, et ne pas tenter de se conformer aux attentes du public. Mais surtout être persévérant.

Votre regard sur le parcours de Nikola Lange ?
Il montre à quel point chacun doit créer son univers de prédilection et faire évoluer son expertise après ses études. Nikola s’est un peu écarté de la réalisation cinéma pour se concentrer sur des formats web, ce qui lui a permis de faire ses armes et de s’entourer de comédiens, techniciens et partenaires qui l’ont accompagné jusqu’à Killer Coaster. Ce projet atypique, hybride entre la comédie et le slasher, n’aurait pas forcément pu exister dans le circuit cinéma.

www.esra.edu