PHILIPPE GUEDJ : « SUPERMAN, UN HOMME QUI NOUS POUSSE À AIDER AUTRUI, À FAIRE LE BIEN »

superman technikart Philippe Guedj

Le très beau doc Christopher Reeve : le Superman éternel décrypte la fusion d’un acteur et d’un mythe de la BD, puis la transformation du comédien en super-héros du quotidien, avec une ITV inédite de Reeve et des intervenants XXL. Rencontre avec l’un de ses réalisateurs, Philippe Guedj.

Vous avez réalisé un documentaire intitulé Marvel Renaissance, puis ce nouveau consacré à Superman. Cet amour des comics, ça remonte à l’enfance ?
Philippe Guedj : À cinq ans, je tombe sur mon premier Strange (magazine français culte, publiant des BD Marvel, de 1978 à 1998, NDR), le numéro 84 avec une couverture signée Jean Frisano du Captain Marvel. J’ai découvert Spider-Man, le style de l’écriture de Stan Lee et ça été fusionnel, un choc irrémédiable. À 7 ans, autre choc avec Superman, le film de Richard Donner, en janvier 1979. J’ai alors sept ans. 

Superman est crée en 1933 par un ado juif de 19 ans, Jerry Siegel, qui souffre de l’antisémitisme et qui imagine un homme d’acier, invincible, susceptible de le protéger des humiliations quotidiennes. Qu’est-ce que Superman représente en 2024 ? 
Superman a presque un siècle. Derrière sa superficialité de façade, il y a un mythe d’une incroyable richesse. Dans leur personnage, Siegel et Shuster ont mis ce rêve de pouvoir voler, leur besoin d’un protecteur issu de la figure du Golem. Ils ont imaginé un héros mythologique dans une période où le nazisme gangrenait l’Allemagne. Pour moi, Superman est un homme qui nous pousse à aider autrui, à faire le bien, à aider son prochain.

C’est très religieux. 
Siegel et Shuster étaient deux jeunes juifs pratiquants, ils connaissaient l’ancien testament et étaient sensibles aux valeurs du Talmud.

Quelle est la genèse de votre doc ? 
À l’origine, il y a une interview de Christopher Reeve, l’incarnation de Superman, que je réalise à l’occasion du festival Jules Verne, chez lui, à Bedford, dans l’état de New York, huit mois avant sa mort. Une interview qui m’a marqué à jamais. Cette interview d’une heure est inédite, seules quelques minutes avaient été projetées au Grand Rex, lors du festival Jules Verne. En 2020, à l’approche de l’anniversaire de la mort de Reeve, je me suis dit que c’était dommage de laisser cette archive prendre la poussière, surtout vu le contraste entre l’état physique de l’acteur, cloué sur son fauteuil roulant, et la force dont il fait preuve. En 2022, TCM Cinéma a décidé nous suivre dans l’aventure. 

Qui sont les intervenants du doc ? 
Nous avons Mark Millar, scénariste d’une des meilleures BD de Superman, Red Son ; Mark Waid, un scénariste de comics, auteur de l’immense Kingdom come. Il est éblouissant. Nous avons eu des responsables de DC Comics des années 70-80, Jenette Kahn et Paul Levitz, Ilya Salkind, producteur des trois premiers Superman, ou encore le metteur en scène James Ivory qui a fait tourner deux fois Christopher Reeve.

La voix-off du doc, c’est Pierre Arditi, qui a doublé Christopher Reeve. 
C’est un souvenir d’enfance car il doublé Reeve dans les trois premiers Superman, mais aussi pour Piège mortel et Quelque part dans le temps. Il a tout de suite dit oui pour être le narrateur de notre doc.

La mise en scène du doc est très élégante, avec même quelques trucages du plus bel effet. 
Avec mon coréalisateur Philippe Roure, nous voulions faire un clin d’œil à la photo de Geoffrey Unsworth, chef op’ du premier Superman, avec une image cinéma, ouatée et luminescente. Et nous avons essayé de filmer New York comme une Metropolis moderne et élégante, en tournant lors des « magic hours », donc très tôt le matin ou lors du coucher de soleil. 

 

Christopher Reeve : le Superman Éternel de Philippe Guedj et Philippe Roure

Sur TCM Cinéma, à partir du vendredi 25 octobre à 20h50, et disponible ensuite à la demande pendant le mois suivant, alors que les quatre films Superman seront aussi diffusés tout au long du mois d’octobre. 


Par Marc Godin