11:55, dimanche. Comme il fait plutôt frisquet depuis le début du mois, je prends un moment sur notre dernier jour de bouclage pour aller chercher un nouveau manteau. Et comme les 99 % de Français qui n’ont pas envie de mettre une brique dans un Moncler, je décide de lâcher cent balles pour une doudoune Uniqlo. Pas de queue devant l’enseigne, je repère un modèle qui fera l’affaire, hop, direction les caisses. En faisant la queue, j’inspecte la chose, à commencer par l’étiquette intérieure pour vérifier la taille. Stupéfaction. J’y vois marqués les trois mots les plus redoutés du bobo français : « Made in China »…
En début d’année, je m’étais pourtant promis de faire gaffe. De consommer un max de « Fabriqué en France » (ou, à la rigueur, « en Europe »). Faudra-t-il donc reposer l’objet incriminé et déguerpir ? Vérifier sur mon Nokia (ils en sont où, d’ailleurs, les Finlandais, avec les mines de coltan ?) si les Japonais d’Uniqlo font travailler les Ouïghours de Chine pour que le journaliste parisien puisse se lover dans un soyeux mélange de polyester et de plumes ? « Vous payez comment, Monsieur ? » Allez, ce sera pour la prochaine fois.
Plutôt que de vous faire l’affront de sortir de nouvelles résolutions (qui seront zappées aussitôt), je me contenterai de lister ici quelques vagues espoirs :
- Que le mag’ que vous tenez entre les mains (ou caressez sur un écran) continue d’ouvrir ses pages à celles et ceux capables de proposer une pensée plus nuancée et complexe que celle du hashtag.
- Que nous pourrons fêter, ensemble, les 30 ans de Technikart (eh oui…) un soir de septembre 2021.
- Que nous produirons le magazine, encore et toujours, en se posant la question : qu’en aurait pensé Olivier ? (Tout en espérant, de temps à autre, qu’une de nos couillonnades t’amuse.)
- Qu’on arrive, au moins une fois, à boucler un numéro sans nuit blanche.
Et que je trouve la bonne appli pour vérifier où sont fabriqués, et dans quelles conditions, tous les objets de la vie courante. (Faudrait surtout qu’elle prenne un minimum de gigaoctets sur mon téléphone.)
Bonne lecture, on se retrouve en 2021,
Laurence Rémila
Rédacteur en chef