SAINT-JEAN-DE-LUZ 2024 : DIASTÈME OU LE CINÉMA EN CHANTANT

joli joli

Pour son nouveau film, Joli joli, Diastème fait chanter Clara Luciani et une pléiade d’acteurs géniaux sur des mélodies d’Alex Beaupain. Une comédie qui rend heureux, douce comme un baiser sous la neige.

Diastème qui réalise une comédie musicale, une opérette, c’est pour le moins étonnant, non ?
Diastème : Je pense qu’il était temps de sortir l’opérette du gouffre dans lequel elle se trouvait (rires).

Comment vous est venu cette drôle d’idée ?
Christophe Honoré est mon meilleur ami, et ce depuis 27 ans. Très vite, il m’a présenté Alex Beaupain, un petit jeune qui essayait de faire des chansons. On a fait un peu de musique ensemble, j’ai mis en scène un de ses spectacles… Comme on se marre beaucoup ensemble, car c’est un des hommes les plus drôles que je connaisse, on a décidé il y a une dizaine d’années de bosser sur une opérette qui allait s’intituler Joli joli, va savoir pourquoi j’ai choisi ce titre… Il y a des règles très strictes avec l’opérette : c’est un spectacle d’époque, en quatre actes, avec un coup de théâtre à la fin de chaque acte, une histoire d’amour contrariée et un happy end. Quelque chose d’hyper classique, donc. J’ai trouvé la trame et on a bossé à l’ancienne avec Alex, qui composait les chansons. Au bout de trois mois et demi, on se retrouve avec un livret.

Donc à l’origine, votre projet n’est pas destiné au cinéma ?
C‘était vraiment un spectacle pour les planches et nous avons fait une maquette. Quand on a démarché notre opérette, on s’est pris des refus embarrassés, un grand directeur de théâtre était OK pour la monter mais sans moi ! Je suis donc parti tourner Un Français et c’est resté dans un tiroir pendant très longtemps. Un jour, je reçois le message d’un gros producteur qui me dit qu’il est intéressé et qui le propose au théâtre du Châtelet. Le spectacle est enfin sur des rails, avec plein de musiciens, mais quand le directeur du Châtelet démissionne, tout tombe à l’eau ! J’ai donc décidé de monter Joli joli au cinéma et le producteur m’a dit oui tout de suite.

Pourtant, encore une fois, ça semble éloigné de votre univers.
Ma vie est grand malentendu (rires). À la base, je suis un comique. Quand Alain Kruger m’engage pour le magazine 7 à Paris, c’est parce que ce que j’écris est drôle. Si je suis devenu une petite vedette pour les jeunes filles, c’est parce que je les faisais rire dans 20 ans. Au théâtre, j’ai monté plusieurs comédies. Jeune, j’aimais autant Woody Allen qu’Ingmar Bergman. Et puis, je ne veux pas que mes films se ressemblent, je veux être libre. Et je suis arrivé à un endroit de ma vie où j’ai envie d’amour, de bonheur, de faire croire à des choses que l’on sait fausses. Si je restais dans ma problématique du combat contre l’extrême droite, comme avec Un Français, je deviendrais fou.

Dans le contexte actuel, avec la montée de l’extrême-droite, un film bulle de champagne comme Joli joli est aussi un geste politique.
Oui, je le pense. Lors de la première hier à Saint-Jean-de-Luz, il y avait des spectateurs qui semblaient outrés quand deux hommes s’embrassent. Évidemment ! Et je montre aussi comment on traitait les femmes en 1977. J’aime bien que cela se passe en 77, pour le côté époque de l’opérette. C’est un année super : il y a encore des hippies, puis les punks et le disco qui débarque. Musicalement, c’est génial. Et comme le film évoque aussi le cinéma, on voit les affiches de Annie Hall, Providence ou L’homme qui aimait les femmes, tous sortis à l’époque. 

Votre casting est hallucinant.
Les acteurs ont dit oui aussitôt. Je connais Vincent (Dedienne) depuis longtemps. Je ne connaissais pas Grégoire Ludig mais je l’admire tellement, c’est un génie. Thomas VDB, c’est un copain, j’ai déjà écrit pour lui. José Garcia, je n’envisageais que lui, un mec qui peut faire rire et faire peur. Ça a été une telle joie qu’il accepte ! Et William (Lebghil) est éblouissant.

Et Clara Luciani qui débute au cinéma ?
Alex avait bossé avec elle. On a su qu’elle avait pris un agent et qu’elle voulait faire du cinéma. Ma seule interrogation, c’était sur son jeu de comédienne. On s’est donc mis à la table, on a travaillé et bien sûr, c’était elle ! Elle a une cinégénie folle.

Est-ce que le film pourrait devenir maintenant un spectacle sur les planches ?
On commence à nous faire des propositions. Mais je sais que sur scène, je ne pourrais pas réunir le casting du film. On va probablement s’y atteler d’ici deux ans…

Joli joli de Diastème
sortie en salles le 25 décembre


Par Marc Godin