Sami Outalbali, alias Karim dans la série Culte, incarne un jeune employé de la prod’ sous cacheton, plongé dans les coulisses du tournage. Interview backstage.
Tu incarnes Karim dans la série Culte, un des personnages qui se situe aux premières loges. Que connaissais-tu de « Loft Story » avant de tourner ?
Sami Outalbali : J’avais deux ans quand c’est sorti, donc je ne connaissais que ce que mes parents et grands-parents en racontaient. C’était assez flou, je n’avais pas beaucoup d’images en tête, mais plutôt des anecdotes sur les participants. C’est plus tard que j’en ai appris davantage sur les coulisses, et sur l’ampleur que le Loft avait pris au sein de la société française.
Comment t’es-tu documenté et préparé pour ce rôle ?
Comme mon personnage dans la série est fictif, et qu’il a un regard extérieur sur le Loft, j’ai essayé de regarder le moins de choses possibles en amont pour avoir la surprise sur le tournage. J’assistais aussi aux rushs de nos « lofters » à nous, tout en essayant de garder une certaine distance.
Ado, tu regardais ce genre d’émissions ?
Franchement, j’ai regardé très peu de télé réalité. J’ai dû découvrir « Les Chtis » et « Les Marseillais » au collège et très vite j’ai trouvé que c’était complètement dénaturé. La télé-réalité aujourd’hui n’a plus rien avoir avec celle qu’on montrait dans le Loft.
Le Loft est-il le précurseur des réseaux ?
Un peu, oui. C’est la première fois qu’on pouvait voir la vie des gens. C’est ce qu’on retrouve maintenant avec les lives, les stories, ou tout ce qu’on partage sur Instagram, TikTok, etc. Les réseaux sociaux sont plus intrusifs, mais la mise en scène de la télé-réalité, par contre, peut être parfois plus malsaine. Les concepts sont fous, mais ils répondent à des demandes, donc ça marche.
Ton personnage est fictif, mais en quoi est-il proche de la réalité ?
Il représente des gens qui ont réellement existé, qui ont été happés et bouffés par le phénomène qu’était « Loft Story » et la télé-réalité de manière générale. C’est assez représentatif. Certains se sont complètement déconnectés de la réalité et ont vraiment perdu leur vie en se plongeant là-dedans.
Ton personnage est décrit comme : « moralisateur, à la dérive ».
Moralisateur, je ne sais pas. À mon avis, il essaye de rester une bouée stable dans un milieu en plein chamboulement, jusqu’à ce qu’il se fasse emporter par le mouvement et qu’il parte trop loin. Malgré tout, je le trouve touchant, fragile et assez sensé. J’ai l’impression qu’il fait office de garde-fou.
Karim tombe quand même dans les vices du direct. Plus la série avance, plus il est épuisé, rincé. Les scènes ont-elles été jouées de façon chronologique ?
Pas du tout. On a découpé les scènes avec le réal pour que je sache quand je devais jouer un moment de fatigue et à quel niveau. C’était intéressant de jouer une scène où le matin mon perso va bien et après, une scène dans les derniers épisodes où il est complètement détruit aux médocs.
Plonger dans le Loft t’a fait réfléchir à la gestion de ton image publique ?
Oui, mais c’est très différent de ce qu’on a à gérer nous en tant qu’acteurs. Dans le Loft les gens ne sont pas maîtres de leur image. Aujourd’hui, la nôtre nous appartient et on peut la gérer. On est plus entourés aussi, on a une industrie qui nous aide à tout contrôler.
Après le tournage, ta vision de la télé-réalité est-elle différente ?
Maintenant, je comprends d’où ça vient et je vois les dangers que ça représente. Ça m’a juste conforté dans l’idée de ne pas en regarder du tout.
La suite ?
Je viens de finir un film, une comédie d’auteur réalisée par Antony Cordier avec Laurent Lafitte et Élodie Boucher notamment. À suivre !
Par Alexis Lacourte, Léa Guillonnet et Laurence Rémila
Photo : Jeanne Pieprzownik