Le meilleur du cinéma de 2017, à (re)voir sans modération

#Selector Top 10 Cinéma 2017 👉

1/ La La Land, de Damien Chazelle
Il aura finalement survécu à tout. À l’industrie qui ne voulait pas en entendre parler, à la hype cyclonique, à l’inévitable retour de bâton, aux injonctions marketing qui ordonnaient de se mettre à genoux, à la bande-son au rayon fruits et légumes et même à un braquage fomenté par Bonnie & Clyde – qui lui ont lé fil’Oscar avant de lui retirer des mains. Preuve que ce film-là était paré de la cuirasse des grands classiques US, celle qui permet de résister à tout et principalement au temps qui passe, mais qu’il possède aussi cette petite dimension mystique qu’on pourrait appeler un destin. Maintenant qu’il est accompli, La La Land peut trôner tranquillement à la place qui lui revient de droit : tout là-haut, sur le sommet des collines d’Hollywood.

2/ Faute d’Amour, Andrey Zviaguintsev
La haine suinte des murs, le divorce est acté, le gamin préfère s’en aller. Une crise conjugale abordée comme un périple mythologique en plein cœur des ténèbres. Quelqu’un pour rallumer la lumière ?

3/ Quelques Minutes Après Minuit, J.A Bayona
Encore un gamin, encore les ténèbres, mais au bout de l’épopée cette fois un beau monstre en mo-cap qui aime raconter des fables et impose celle-là comme le chaînon manquant entre Spielberg et Miller.

4/ Brawl In Cell Block 99, S. Craig Zahler
Commence comme un drame introspectif qui s’accroche aux tourments d’un colosse redneck. Vrille d’un coup en odyssée carcérale furibarde. Génial dans un cas comme dans l’autre.

5/ Un Jour dans la Vie de Billy Lynn, Ang Lee
Même privé ici de ses 60 FPS et de sa 3D, il ne pouvait se vivre autrement que comme un incroyable prototype situé quelque part entre Rambo et Abattoir 5. Du jamais-vu, littéralement.

6/ 12 jours, Raymond Depardon
Après San Clemente et Urgences, Depardon retourne à l’HP pour en ramener son film-somme ainsi qu’une dizaine de portraits doux-dingues d’une beauté à s’en faire péter le caisson.

7/ A Ghost Story, David Lowery
Déguisé en Casper, Casey Affleck observe d’abord sa Rooney Mara endeuillée puis se paume dans les couloirs du temps avant de succomber à une mélancolie éternelle. Infime et immense.

8/ Jessie, Mike Flanagan
Aura élaboré la meilleure hypothèse possible pour un film Netflix : échelle réduite, rythmique calibrée pour un vendredi soir et transgressions impensables pour les salles obscures.

9/ Le Redoutable, Michel Hazanavicius
Le génie-pastiche d’Hazana transcendé par la verve tordante de Godard, la love-story foutue d’avance, la tristesse quadra, la fresque 68-arde et l’autoportrait en artiste lessivé. Son sommet.

https://youtu.be/faClzawNynI

10/ Braguino, Clément Cogitore
Entre le docu, l’essai poético-pastoral et l’installation arty, ce film hors-format, hors-circuit, hors-tout, est aussi l’un des plus impressionnants réservoirs d’images indélébiles aperçus en 2017.

Paru dans Technikart #218, décembre 2017 / janvier 2018