Fini les rencontres classiques où chacun découvre les fantasmes de l’autre une fois dans la chambre. En couple ou célibataire, la new-gen affiche ses préférences sexuelles ! Fétichisme des pieds, bondage et domination… de nouveaux désirs que Technikart a explorés pour vous.
Au détour d’une conversation avec une copine, m’étonnant des pratiques sexuelles de mon nouveau plan Tinder aficionado de l’étranglement, cette dernière m’a révélé apprécier cette pratique. « Moi, j’adore ! Plus je vieillis, plus je me rends compte que je suis hyper attirée par le BDSM, tout ce qui est un peu violent au lit. En bref, je suis désolée mais j’adore cette violence suggérée. » Une réaction qui me rappelle une récente conversation avec une autre amie. « Si on n’a pas tous les deux des bleus après une soirée ensemble, c’est qu’on s’est fait chier », avait-elle confié en riant. Une tendance à la violence dans le sexe (toujours avec consentement, rappelons-le) qui séduit de plus en plus les jeunes générations.
Un phénomène que la chroniqueuse sexo et créatrice de la plateforme My Sweet Fantasy, Flore Cherry, estime « générationel ». « La génération Y est constituée à 50 % d’enfants de parents divorcés qui remettent en question le modèle unique de sexualité de leurs parents », rappelle-t-elle. Une génération dont le couple s’organise davantage autour d’une passion sexuelle fédératrice. « On assiste à une explosion des recherches de partenaires par fantasmes. C’est un phénomène emprunté au milieu gay où il est courant d’afficher sa taille de bite sur les applis de rencontres », explique-t-elle. Ainsi ne soyez pas surpris de voir apparaître les termes « gang-bang », « voyeurisme » ou « fétichisme » dans une bio Tinder. Cette pratique, typiquement masculine, est plutôt pérenne dans le temps, indique Flore Cherry. « Le fantasme masculin est assez figé, bloqué dans quelque chose qui prend probablement racine dès l’enfance. Le fantasme féminin hétérosexuel suit davantage des tendances. Parmi elles : les relations lesbiennes, la soumission ou la pénétration anale de son partenaire. » Une temporalité confirmée par la dernière étude de l’Ifop sur la sexualité des Français. « La bifle et l’éjac faciale sont en perte de vitesse alors que la pénétration anale de son mec est un phénomène nouveau », décrypte la sexologue. Le fantasme féminin serait même en passe de devenir moins tabou que le fantasme masculin. La raison ? « La libéralisation de la parole sur ces sujets plus intimes ces dernières années. »
DÉSIRS FÉTICHISTES
Le fantasme, simple désir érotique ? C’est bien plus que cela. « Le fantasme structure », assure Flore Cherry. « Avec la promotion du bonheur individuel, il y a une obligation de parler de sexe et de trouver des arrangements. Le fantasme pratiqué dans un couple est négocié en amont. Finalement il est sécurisant pour un couple ». Paradoxalement, le fantasme limite la sexualité en l’inscrivant dans un cadre aux limites bien définies. Un cadre rigoureux que l’on retrouve aussi chez les travailleurs du sexe dont les activités virtuelles ont explosé depuis le premier confinement. « Le métier de travailleur virtuel du sexe prend de plus en plus sa place à travers des plateformes comme OnlyFans. » Une très bonne chose pour Flore Cherry, puisque que « ces nouvelles plateformes questionnent les traditionnels Pornhub et compagnie, régulièrement pointés du doigts pour avoir laissé passer de la pédopornographie ou du revenge porn. » Une nouvelle réalité du porno qui rassure aussi le consommateur.
Curieuse d’en savoir un peu plus, je donne rendez-vous à ma copine fan de BDSM au Sweet Paradise*, le « bar à fantasmes » de Flore Cherry. À la fois bar, salle de spectacles et petits boudoirs privés, ce lieu hybride dédié au plaisir propose des spectacles érotiques aux palettes variées. « Certains spectacles sont très poétiques, d’autres drôles. » La cible du club ? Des couples et célibataires de la génération Y, avec une légère majorité d’hommes venus explorer leurs désirs fétichistes, « des pieds, du cuir et porte-jarretelles », détaille sa propriétaire. « Si des clients souhaitent réaliser un fantasme particulier, ils peuvent faire appel à une des Sweeties (les performeuses du club, ndlr) et l’assouvir. » Si mon amie et moi nous en tenons au bar, de nombreux clients défilent en direction des boudoirs privés. Preuve que le fantasme a encore de beaux jours devant lui…
Sweet Paradise, 12 rue Marie Stuart, 75002 Paris
Par Margot Ruyter
Photo Alexandre Lasnier