Dans le très bon Un parfait inconnu, Timothée Chalamet campe un Bob Dylan plus vrai que nature. Et en plus, il chante…
Après Londres et avant Rome, Timothée Chalamet fait un stop à Paris de moins de 24 heures. À 29 ans, il arbore sa petite fashion moustache (qui a valu la vanne de la présentatrice Nikki Glaser aux Golden Globes), assure comme un pro la promo du très réussi Un parfait inconnu, dans lequel il campe un Bob Dylan stupéfiant et affirme une nouvelle fois qu’il est un des talents les plus ébouriffants venus d’Hollywood. Inspiré du bouquin Dylan électrique d’Elijah Wald (2015, Éditions Rivages rouge), le film de James Mangold se déroule aux débuts des années 60 quand Dylan arrive à New York de son Minnesota natal, raconte son irrésistible ascension de chanteur folk, jusqu’au festival de Newport, le 25 juillet 1965, où, armé de sa Fender Stratocaster, il fait péter les décibels devant un public largement hostile (« Judas ! » hurle un spectateur fan de folk, tandis que Dylan répond « I don’t believe you. »). Un rôle en or pour Chalamet qui bosse la guitare et l’harmonica depuis… 2018. « C’est le film pour lequel je me suis le plus donné et qui m’a apporté le plus apporté. Il y a un milliard de raisons qui m’ont attiré vers ce projet. En 2018, j‘ai commencé à regarder des vidéos sur YouTube, ses interviews souvent étranges et fascinantes. J’adorais sa musique et j’ai découvert ce qu’il a représenté dans les années 60, dans le monde entier. Je suis fier de tous mes films, mais celui-ci m’a vraiment impacté personnellement. D’ailleurs, c’est une fierté pour toute l’équipe. On avait une bonne histoire, et avec tous les acteurs, on s’y est mis à fond. J’ai laissé tomber mon iPhone et toutes distractions pour me plonger dans les années 60. Tout le monde voulait défendre son personnage : Edward Norton qui joue Pete Seeger – il était persuadé que nous tournions pas un film sur Dylan mais sur son personnage – Monica Barbaro qui incarne Joan Baez… Avant de commencer, j’avais peur que l’on tourne un gros biopic hollywoodien, comme on en a déjà vu. Mais Bob Dylan méritait ce respect, cette distribution, James Mangold et des acteurs qui se donnent à 150%. »
La grosse surprise du film, l’élément le plus troublant, touchant, c’est que Chalamet chante lui-même les chansons de Dylan. Un pari risqué mais remporté haut la main. « Je voulais chanter moi-même mais la production n’était pas vraiment d’accord car c’est beaucoup de boulot. Et effectivement, ça nous a pris un an et demi. J’ai eu beaucoup plus de libertés à avec les chansons folk, seul, à la guitare, qu’avec les morceaux rock, électriques, avec le groupe. De plus, les chansons comme Like a Rolling Stone ou Subterranean Homesick Blues ou sont tellement connues, inscrites dans l’imaginaire du public et des fans de Dylan, que tu te sens vite limité, piégé. Bosser sur ce film m’a ouvert l’esprit. J’écoutais beaucoup de hip hop auparavant, mais Un parfait inconnu m’a fait découvrir d’autres choses, comme la musique des années 60, mais également les films de La Nouvelle vague, qui datent de la même époque, avec le même esprit de contestation. »
À ce jour, Timothée Chalamet n’a toujours pas rencontré son idole, et il ne sait même pas s’il a vu le film. « Dylan est quelqu’un de mystérieux et à 83 ans, je ne suis pas sûr qu’il ait envie de rencontrer de nouveaux amis. Mais bon, j’aimerais toujours bien faire sa connaissance… »
Un parfait inconnu de James Mangold
Sortie en salles le 29 janvier
Par Marc Godin