Déjà l’un des artistes français les plus vendus dans le monde, Vincent Faudemer, 36 ans, est en passe de conquérir le métavers grâce à ses ventes de NFTs calibrées pour enrichir sa communauté de fans. On signe où ?
Le « petit prince de l’art contemporain » (dixit les journalistes du Forbes US), a réussi son audacieux pari : transformer son œuvre en Non Fongible Tokens qui, depuis un an, s’arrachent à prix d’or (le 15 août 2021 : sold out en 40 secondes pour le lancement de la collection Babolex Adventure sur la blockchain Solana ). Sa sculpture la plus emblématique ? Son « Babolex », ces Babars rutilants, le plus souvent affublés de différents apparats du luxe. Les œuvres de ce trentenaire, originaire de Normandie (il y a fait mille métiers, y compris vendeur de matelas), sont devenues l’acquisition arty de prédilection de toute une frange de la jet-set internationale. Ses pièces enfantines décorent les salons de Kourtney Kardashian, Snoop Dogg ou Liam Payne…
Devenu un incontournable des collections privées au sein de villas, appartements et palais (Paris, Genève, Miami, Los Angeles, jusqu’au Moyen-Orient..), l’artiste est le premier dans son domaine à s’être attaqué aux cryptomonnaies et aux NFTs. Cette armée de statues de bronze recouvertes de nitrate d’argent, qui se distillent par centaines aux quatre coins du monde – et affichées sur les écrans géants de Times Square tout décembre dernier –, n’était qu’un avant goût. Vincent Faudemer travaille et lance toujours de nouveaux projets : des cartes NFT à collectionner et à échanger, organisation d’évènements exclusifs à sa communauté, ceux ayant collectionné ses cartes Babolex, ses NFTs ou ses œuvres, des showcases et fêtes exclus, la création d’un livre magique… Sans oublier sa collab’ avec Snoop…
Pionnier du Web3 achetait déjà du Bitcoin en 2012. Cela n’étonnera personne qu’il figure parmi les premiers à passer son œuvre à la grille NFT Une révolution. Car, en liant NFT et œuvre d’art, une rétribution directe est octroyée, non seulement aux créateurs, mais aussi à la communauté… « Depuis le début de l’année, j’aurai redistribué 1,5 millions d’euros sous forme de cadeaux, des bonus non-négligeables pour ceux qui me soutiennent ». Pour lui, il s’agit de placer « la communauté au centre du processus et créer du lien entre eux ». Alors que cet artiste à part œuvre à la création de sa propre cryptomonnaie, nous l’avons sondé pour essayer de comprendre : jusqu’où ira-t-il ?
L’idée de créer des Babars recouvert de nitrate d’argent … Comment ça t’est venu ?
Je suis un grand enfant. Depuis toujours. Je voulais créer une œuvre qui puisse raviver des souvenirs chez chacun. Générer un sentiment rassurant chez les gens. Il y a sans doute une dimension psychologique dans ce projet… la volonté de trouver une valeur refuge. Ce qui m’amuse également, c’est la notion de satire de notre société à travers l’art, et plus particulièrement à travers Babolex. Par exemple, les tableaux des « 7 Merveilles Antiques », renvoient à l’époque des conquistadors et du pillage des cultures au temps des croisades.
Qu’est ce que tu veux dire par « satire de la société » ?
Je reformule… Satire de la société de consommation. Ce qui a fait la force de Babolex à son lancement il y a trois, quatre ans, c’est l’astuce fiscale mise en place pour certains acquéreurs. L’idée, c’était de prendre un objet de luxe. Cela pouvait être une montre de grande marque, un sac de créateur ou autre, et de venir le superposer sur l’un des Babolex. Le tout ne faisant qu’un, l’ensemble entrait dans le domaine artistique avec de nombreux avantages pour les propriétaires de Babolex.
« LES DÉRÈGLEMENTS, LES PROBLÈMES VONT ACCÉLÉRER L’USAGE DE LA CRYPTOMONNAIE. »
Ton histoire est assez singulière… Le premier Babolex n’était pas encore créé qu’il était déjà vendu. Tu peux nous expliquer ?
Je venais de me lancer dans ce projet, j’avais fait un peu de teasing et là, le manager des Kardashian m’appelle et me dit « on vous prend le premier ». Une fois la première commande honorée, j’ai essayé de sortir des sentiers battus. Le monde traditionnel de l’art reste assez sclérosé avec une forme d’élitisme et d’entre-soi. Mais aujourd’hui, avec un téléphone et les bonnes rencontres, on peut faire des miracles. En trois ans, j’ai été exposé dans plus d’une trentaine de galeries de renom et j’ai des collectionneurs dans le monde entier. L’une de mes plus grandes fierté, c’est d’avoir été exposé au Plaza Athénée. Je serai également vendu aux enchères avant l’été… c’est juste incroyable.
Pour revenir à l’actu chaude, tu viens de conclure une collaboration avec Snoop Dogg. Comment on se retrouve à faire une collab’ NFT avec Snoop ?
Un matin, tôt, je vais sur Discord. Il y avait énormément de monde connecté, et là un des membres me dit : « T’avais pas dit que tu ferais une collab avec un artiste américain ? ». Je réponds : « Si, Snoop Dogg ». Et je vais me recoucher. Mais j’avais oublié que j’ai une communauté. Ils sont allés titiller Snoop, et ils étaient tellement nombreux qu’ils sont arrivés en Top Tweets à la fin de la journée.
Le camp Snoop Dogg a réagi ?
C’est allé très vite. Son fils, Cordell Broadus, m’appelle quelques heures après pour savoir de quoi il retourne. Il pensait qu’on avait fait cela en catimini sans rien demander à personne (rires), alors qu’à ce moment-là, on en était juste au stade du fantasme. Et puis le manager de Snoop m’appelle et me dit : « Snoop a absolument envie de faire quelque chose avec toi ». Je suis sous le choc, mais je lui explique le concept : une sculpture Babolex avec un code couleur Or/Violet et une tête amovible qui dévoile le visage de Snoop. Il était emballé. Quelques jours après, tout était lancé !
Ça aide d’avoir le nom de Snoop pour rendre une collection hyper bankable ?
Ça aide plutôt d’avoir le nom Faudemer (rires) … forcément ça crée une hype. Mais ce que les gens sous-estiment, c’est la force des communautés et la puissance des featuring. Celui-là, personne, moi y compris, ne l’avait vu venir. À l’arrivée, on met les œuvres en vente : nous avons été quasiment sold-out en quelques minutes. L’autre force de cette collaboration, c’est d’avoir couplé cette collection NFT avec des statuettes physiques pour tous les détenteurs. En plus de cela, j’ai créé trois BaboSnoop géants… à taille humaine si vous préférez. J’ai été pris d’assaut par des conciergeries de luxe et des milliardaires qui voulaient absolument l’acquérir… C’est un peu compliqué de faire un choix et de savoir à qui le vendre face à tant de demandes, mais c’est plutôt un bon problème.
Tu as annoncé vouloir organiser un concert de Snoop Dogg. C’est toujours d’actualité ?
Oui, j’aimerais le faire en France. L’idée de départ, c’était de vendre des tickets à 1000 dollars et d’inclure la sculpture, et pour certains l’entrée au concert. Comme je sais que les Américains bougent beaucoup sur la côte d’Azur cet été, on est en train de voir si c’est possible de le faire chez nous.
Tu es l’un des premiers artistes à mélanger NFT et pièce d’art physique. Quel est ton raisonnement quand tu bosses comme ça ?
Le NFT est par définition non fongible. Là, on fait tout l’inverse, ça plaît, ça intrigue. J’ai été contacté pour travailler sur des dessins animés, par des fonds d’investissement… Je me demande à chaque fois ce que je peux faire pour ramener plus de monde. Si je peux faire de mon nom une marque qui va aider les autres, je me dis que ce serait un accomplissement. Des dizaines de milliers de personnes sont devenues indépendantes financièrement grâce à cette mouvance de jeux Play to earn, de NFTs, de cryptomonnaies, de Web3, de métavers… C’est en œuvrant à cela que je prends le plus de plaisir.
Tu as d’autres collab’ en ligne de mire après Snoop ? On suppose que ça t’a ouvert des portes ?
Oui et non. Avec mes équipes on discute avec plusieurs grands noms aux US. Mais je souhaite donner une dimension humanitaire plus conséquente et plus engagée à la prochaine collab’. Notamment en Afrique. Je ne vous donnerai pas de noms, mais rien qu’avec ces indices, je ne donne même pas dix minutes à ma communauté pour trouver l’identité de la prochaine collab’ (rires).
L’humanitaire te tient vraiment à cœur ?
C’est comme si vous me demandiez si j’étais contre la guerre. Ça n’a pas de sens. Bien sûr qu’aider les autres c’est important. Encore plus quand on jouit d’une certaine notoriété qui permet de débloquer les choses. Mais ça ne veut pas dire que je suis en mesure de sauver le monde entier. Je fais les choses à ma mesure. Je vais le dire avec beaucoup de naïveté, mais même un sourire, c’est déjà une victoire en soi. Il y quelques mois, avec Soso Maness et des membres de 13 organisés, nous avons organisé une opération « 1000 repas gratuits » à Fontvert, une cité de Marseille. Burgers, cadeaux et concerts toute la journée pour les enfants et leur famille. C’était incroyable et ça m’a donné envie d’en faire plus.
Tu penses que le NFT peut vraiment s’accorder avec cet aspect social ?
Tout à fait. Là on le voit bien avec la perte du Swift (réseaux permettant d’initier des paiements internationaux, ndlr) en Russie. Plus il va y avoir de dérèglements, de problèmes, et plus ça va accélérer l’usage de la cryptomonnaie. Le fait que ça soit sans frontières joue également un rôle prépondérant. Demain, avec un avatar non genré et de bonnes compétences, les utilisateurs pourront faire des miracles.
« SI J’ÉTAIS TAQUIN, JE POURRAIS DIRE QUE POKÉMON GO, GTA ET LES SIMS SONT DES MÉTAVERS…»
Comment envisages-tu les prochaines collections NFT et le métavers, dans les mois ou les années à venir ?
Je n’imagine pas, j’y suis déjà (clin d’œil)… Blague à part, je pense qu’il va y avoir une sélection naturelle dans les prochaines collections de NFTs. Les personnes qui créent des collections à la va-vite en espérant trop, c’est terminé ! Les gens veulent de l’utilité, un univers et de la fonctionnalité. C’est paradoxal, parce qu’on parle de Non-Fongibles-Token mais, ce qui a fait le succès de mes collections, c’est justement le côté « palpable » couplé à un NFT. Pour le métavers, j’ai envie de dire LES métavers. On a déjà Sandbox et Decentraland. Meta va arriver dans les prochains mois… Si j’étais taquin, je pourrais dire que Pokémon Go, GTA et les SIMS sont des métavers…
Tu es en train de me dire que le métavers n’a rien de nouveau ?
Ce que je dis, c’est qu’on peut donner le sens que l’on veut aux mots. Le métavers reste une notion subjective et encore difficilement accessible à tous. Des métavers, il y en aura une multitude, de toutes sortes, avec des usages et des fonctionnalités différentes. Depuis le début de notre conversation, j’insiste sur la notion de « communauté ». Le métavers doit être un lieu de réunion pour les gens aux quatre coins du monde. Voire même un lieu de networking. Prenons le problème différemment. Qu’est-ce qui fait le succès des grandes collections comme « Bored Ape Yacht Club », AlienX ou Babolex Adventure ?
Je ne sais pas, je dirais la hype du moment, l’engouement, l’entrain, la comm’…
La notion de communauté. Se dire que l’on appartient à un club et que, dans ce club, on peut côtoyer Snoop Dogg, Eminem, Justin Bieber et d’autres. C’est ça la force de nos projets. Mais évidemment, ça ne suffit pas. Il y a un fil rouge infini à tirer. Moi par exemple, tous mes projets sont liés. Que ce soit le Babolex physique, les jeux de cartes, les tableaux, les NFTs, les maisons virtuelles et les projets à venir, tout a un lien. Voyez cela comme Exodia Le Maudit dans Yu-Gi-Oh!. Une fois les cinq bonnes cartes, il est possible d’invoquer une divinité surpuissante. Eh bien, c’est pareil avec l’univers Babolex. Ceux qui ont suivi et pris part à l’intégralité des projets que nous avons lancés depuis trois ans seront gagnants à l’arrivée. Vive l’art augmenté !
En ce moment, tu bosses sur un « livre magique ». De quoi s’agit-il ?
C’est un vrai ouvrage, avec une vraie couverture. Je travaille sur ce projet avec la galerie ArtTime, galerie internationale qui me représente exclusivement au Moyen-Orient et en Afrique. Ils m’exposent actuellement à Dubai, et nous travaillons ensemble sur une exposition et sur un projet humanitaire en Côte d’Ivoire..(à suivre). Dans le Magical Book, les images vont avoir des mires – des petits triangles sur les angles – et vont permettre de l’interaction en réalité virtuelle. En fait, les gens vont avoir chez eux le livre et je leur dirai : attention le 2 février à 2 h 22 du matin, ouvrez la page 22, et avec leur téléphone mis sur l’image de la page, peut-être que la 22e personne verra apparaître un NFT en cadeau, ou autre chose… les possibilités sont infinies.
Le livre servira de base pour offrir des tokens, des NFTs, des cartes… C’est ça ?
Oui, mais il y aura aussi des animations, que je vais envoyer, comme une petite machine à sous qui sortira du téléphone, une petite animation 3D, aléatoirement ça dira peut-être « vous avez gagné »… Nous travaillons encore dessus avec les équipes, mais nous espérons pouvoir mettre à disposition près de 400 000 euros de cadeaux.
Toutes sortes de cadeaux ?
Tout ! Des sculptures Babolex, des NFTs. Par exemple, il y a une collaboration avec Alexandre Lacarré (boss du groupe de CBD suisse Phytocann, ndlr) qui permettra de d’offrir du CBD, directement livré à domicile. Encore une fois, on essaye de mettre un lien entre le physique et le virtuel. Ce sont des choses qui coûtent de l’argent, mais je pense que l’art a beaucoup évolué. Avant, il fallait être représenté par un grand galeriste. Aujourd’hui, il suffit d’avoir un téléphone ! La première étape du projet est prévue pour le 15 avril. D’autres activations suivront avec en point de mire l’organisation d’un grand événement pour nos communautés.
Tu penses que c’est la clé de ton succès ?
Je ne sais pas, c’est à la communauté qu’il faut poser la question. Si je devais livrer une analyse empreinte de pragmatisme, je dirais que le fait d’être un artiste sur le marché réel avec des œuvres palpables a eu un impact sur mes collections NFT. J’ai une cote sur le marché de l’art. Je suis exposé dans des capitales mondiales. J’essaye d’être à l’avant garde sur les sujets sociaux et sociétaux. Crypto, métavers et NFT font partie des questions à enjeux de notre temps. Tout cela suscite un engouement et rassure les communautés. Je dois faire preuve du plus grand sérieux et d’une exigence à toute épreuve sur chacune de mes collections pour « générer du sens ». L’art doit faire passer un message et être vecteur d’espoir pour ceux qui le contemplent…
Tes prochaines créations ressembleront à quoi ?
Je souhaite conserver l’effet de surprise, mais nous resterons assurément dans l’univers de l’enfance, de l’insouciance, avec des personnages forts, aussi bien intellectuellement que culturellement… Une partie de mes revenus, 75 % exactement, va servir à développer l’humanitaire, les tokens, la cryptomonnaie, pour servir les gens dans le monde entier. Je pense sincèrement que telle doit être l’utilité du Web3 : reconsidérer l’individu et le placer au centre de notre réflexion. Innover au service du plus grand nombre.
Entretien Julio Rémila
Photos Jeremy Zaessinger